diff --git "a/large_agri_dataset.txt" "b/large_agri_dataset.txt" new file mode 100644--- /dev/null +++ "b/large_agri_dataset.txt" @@ -0,0 +1,3161 @@ +Définitions : + +Agriculture durable ? + +L'agriculture durable (également appelée agriculture soutenable) est l'application à l'agriculture des principes du développement durable. Il s'agit donc d'assurer la production de nourriture, de bois et de fibres en respectant les limites écologiques, économiques et sociales qui assurent la durabilité dans le temps de cette production. Elle ne porte pas atteinte à l'intégrité des personnes et des êtres vivants. L'agriculture durable limite l'usage de pesticides qui peuvent nuire à la santé des agriculteurs et des consommateurs, elle vise à protéger la biodiversité. +L’agriculture durable invite à promouvoir et à pratiquer une agriculture économiquement viable et pérenne, saine pour l’environnement et socialement équitable. Les objectifs de l'agriculture durable doivent répondre aux besoins d’aujourd’hui sans remettre en cause les ressources naturelles pour les générations futures. +Nous en avons sélectionné cinq (5) principes de développement durable, qui répondent directement aux enjeux de durabilité, de pollution de l’air et du sol : +- Réduire la part d’engrais azotés minéraux et stopper l'épandage des pesticides +- Adopter une meilleure gestion des ressources en eau en réutilisant l’eau de pluie et en évitant de pomper dans les nappes phréatiques +- Conserver des ressources génétiques (semences) +- Préserver la biodiversité en aménageant des pâturages naturels +- Lutter contre la désertification +Agriculture biologique ? +Mode d'agriculture qui se caractérise principalement par son refus d'utiliser des produits « chimiques » et qui cherche à renouer avec des pratiques traditionnelles (exemple : jachère). +Le terme est apparu vers 1950, par opposition au système de production agricole qui s'est mis en place à partir du XIXe siècle, qualifié de chimique en raison de son usage de produits de synthèse. +Agriculture intensive ? +L'agriculture intensive est un système de production agricole caractérisé par l'usage important d'intrants, et cherchant à maximiser la production par rapport aux facteurs de production, qu'il s'agisse de la main d'œuvre, du sol ou des autres moyens de production (matériel, intrants divers). +Elle est parfois également appelée agriculture productiviste. Elle repose sur l'usage optimum d'engrais chimiques, de traitements herbicides, de fongicides, d'insecticides, de régulateurs de croissance, de pesticides +Un engrais ? +Un engrais est une matière dont la principale fonction est de fournir des éléments nutritifs aux plantes. Un engrais est surtout composé d'azote N, de phosphore P et de potassium K (NPK). +Rôle des composants de l’engrais +- Azote (N) : Stimule la croissance des feuilles et favorise la verdure. Il est crucial pour la photosynthèse et le développement des tiges et des feuilles. Un manque d'azote entraîne un jaunissement des feuilles. +- Phosphore (P) : Favorise le développement des racines, la floraison et la fructification. Il aide également à renforcer la plante contre les maladies et joue un rôle important dans le transfert d'énergie. +- Potassium (K) : Améliore la résistance de la plante aux maladies, régule l'absorption de l'eau et renforce les tiges. Il contribue également à la formation des fruits et au transport des nutriments dans la plante. +L'équilibre entre ces trois nutriments dépend du type de plante et du stade de croissance. +Les types d’engrais +Il existe trois types d’engrais différents : les engrais organiques naturels, les engrais organo-minéraux et les engrais minéraux chimiques. +Engrais organique / Qu’est-ce qu’un engrais organique ? +Les engrais organiques (naturels) sont d’origine animale ou végétale, et parfois les deux. Les déchets organiques d’origine animale proviennent souvent de déchets industriels. Il s’agit par exemple de corne broyée, riche en azote (N). De guano (déjections d'oiseaux), riche en azote (N), en phosphore (P), en potassium (k) et en oligo-éléments. De sang desséché, très riche en azote (N). Ou encore de plumes, d’urée, de poudres d’os ou de poissons. + +Les déchets organiques d’origine végétale sont des déchets compostés de plantes, d’algues ou des préparations telles que des purins et autres décoctions. + +Les engrais organiques ne sont pas immédiatement disponibles pour la plante, ils doivent être transformés par les micro-organismes du sol. Ces engrais s’utilisent plutôt en début de saison pour enrichir le sol et favoriser le bon développement des végétaux. +Les engrais organiques ne sont pas immédiatement disponibles pour la plante, ils doivent être transformés par les micro-organismes du sol. Ces engrais s’utilisent plutôt en début de saison pour enrichir le sol et favoriser le bon développement des végétaux. +Qu’est-ce qu’un engrais organo-minéral ? +Un engrais organo-minéral est composé de matières minérales ainsi que d’un minimum de 25% de substances organiques d’origine animale ou végétale. C’est donc un mélange d’engrais minéraux et d’engrais organiques, tout en complémentarité. Les éléments minéraux vont apporter aux plantes des nutriments rapidement disponibles, et les éléments organiques vont enrichir les sols pour restituer les nutriments en seconde phase. +Les engrais minéraux +Les engrais minéraux sont formés de substances d’origine minérale, donc produits par l’exploitation de gisements naturels de différentes roches. Cela dit, la plupart des engrais minéraux sont fabriqués chimiquement. Ces engrais chimiques contiennent des éléments nutritifs primaires, les NPK, que sont l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). +En fonction de leur dosage, les engrais peuvent être plus ou moins azotés, phosphatés ou potassiques et répondent donc aux différents besoins nutritifs des plantes qui n’ont évidemment pas tous les mêmes besoins nutritionnels. Par exemple, la formule NPK 17-5-5 de l’engrais pour gazon adapté au printemps indique qu’il contient 17% d’azote (N), 5% de phosphore (P) et 5% de potassium (K). +Quel type d’engrais choisir selon les besoins des plantes ? + Les plantes dont les besoins en azote (N) sont les plus importants sont les plantes qui développent essentiellement des feuilles comme, par exemple, les légumes feuilles (épinard, salades, oseille…), le gazon, les graminées, les plantes vertes d’intérieur, les bambous et autres arbustes à feuillage décoratif. Celles qui demandent plus de phosphore (P) sont principalement des végétaux à fleurs, et donc à fruits mais aussi les légumes graines comme les pois ou les lentilles... Enfin, les végétaux demandant de la potasse (K) sont les arbustes à fleurs, les arbres fruitiers, les bulbes, les légumes racines et les rosiers. +Sous forme liquide, en poudre, en granulés, en bâtonnets ou en billes… Il existe toutes formes d’engrais et de fertilisants, mais le but est toujours le même : nourrir vos végétaux… Ce besoin vital pour les plantes ! +Vous ne savez pas quel type d’engrais choisir ? AGRIBOX vous aide à trouver le bon engrais pour votre gazon, vos plantes vertes, votre potager, vos arbres et vos fleurs. +Les 4 besoins des plantes +Pour se développer, les plantes ont besoins de 4 éléments vitaux : la lumière, l’eau, un substrat pour développer les racines et la nourriture. Quand cette dernière est présente dans le substrat, tout va bien, mais quand les nutriments sont épuisés et viennent à manquer, il faut alors les remplacer. +Les cas les plus fréquents de l’épuisement des nutriments se remarquent dans la culture en pot et en hydroponie, quand le végétal est cultivé en circuit fermé. +Mais il arrive aussi que la terre du jardin s’épuise, surtout dans le cas de monoculture où les plantes puisent toujours les mêmes oligoéléments du sol. Du coup, il devient nécessaire d’apporter des compléments d’éléments nutritifs, nommés « engrais » ou fertilisants. Les engrais sont titrés (N-P-K) selon les besoins spécifiques de la plante. Et quoi de plus normal, car un agrume n’a pas les mêmes besoins qu’un rosier, ou qu’une orchidée. +Conseils pour une bonne pulvérisation +Pour assurer une bonne protection de vos cultures, voici quelques étapes simples à suivre lors de la pulvérisation : +1️- Préparez la solution : Mélangez votre produit (engrais foliaire ou biopesticide) dans le pulvérisateur selon les doses recommandées. +2️ - Pulvérisez à un bon moment : +Le matin tôt (entre 6h et 9h) est le moment idéal pour éviter les rayons directs du soleil qui peuvent dessécher le produit rapidement. +En fin de journée (entre 16h et 18h) est aussi un bon moment, lorsque le soleil est moins intense et la chaleur a diminué. +3️ - Assurez une bonne couverture : Pulvérisez uniformément sur toute la plante, y compris le dessous des feuilles, où se cachent souvent les insectes. +4️ - Évitez le vent et la pluie : Un jour sans vent permet une meilleure application. De plus, évitez de pulvériser s'il va pleuvoir, cela pourrait laver le produit. +Conseil : N'oubliez pas de porter des gants et des vêtements de protection lors de la pulvérisation. Votre sécurité est aussi importante ! +Besoin de conseils ou de produits ? Contactez AGROBOX +Culture du céleri / Comment cultiver le céleri +Où semer ? +Le céleri apprécie une terre riche, fraîche mais drainée. Privilégiez une exposition ensoleillée au sein d’une terre déjà réchauffée. Si votre terre est pauvre, vous pouvez l’enrichir en y ajoutant du compost bien mûr avant la plantation. +Quand et comment semer ? +Semez sous abri en février mars pour récolter en août-septembre, ou en pleine terre d’avril à juin, pour des récoltes en octobre-novembre. +Remplissez des godets d’un mélange de terre et de sable. +Mettez la graine dans le godet et recouvrez à peine avec un peu de substrat. Vous pouvez aussi semer en terrine et repiquer une première fois au stade 1-3 feuilles, en godet ou sous châssis. +Arrosez en pluie fine et maintenez humide jusqu’à la levée. +Deux mois plus tard, lorsque la plantule a 3-4 feuilles, repiquez en pleine terre. Il faut impérativement que les gelées soient passées. Pour les régions les plus fraîches, on mise sur fin mai, début juin minimum. +Respectez un espacement de 35 cm entre les céleris-branches et 50 cm entre les céleris-raves. +Entretien et soins +Pensez bien à enrichir votre terre avant la culture du céleri. Vous pouvez procédez à l’automne précédant la plantation. À ce titre, faites un apport généreux en compost. Une fois le céleri en terre, une fois par mois, faites un apport de purin d’ortie dilué à 10 %, lors de l’arrosage. Le céleri est également exigeant en ce qui concerne les apports d’eau. En effet, il est important que le sol reste frais ! Pour cela, arrosez régulièrement et étalez un paillage. 15 jours avant la récolte du céleri-branche, il est temps de penser au blanchiment, qui donnera une saveur plus douce aux côtes. Réunissez les feuilles entre elles sans les abîmer en laissant un peu d’espace (elles ne doivent pas être compressées), à l’aide d’un lien en raphia. Puis, ramenez la terre au niveau du pied pour couvrir le bas des branches et former une butte, ou entourez le pied d’un carton. +Thème 1 : C'est quoi une société coopérative / entreprise ? +Depuis les temps immémoriaux, les hommes ont toujours senti le besoin de se mettre ensemble pour mener une activité économique. En ce qui concerne les zones rurales du Mali, on peut distinguer : les organisations paysannes, les tons villageois et les coopératives. +En particulier, on peut mettre l’accent sur l’organisation paysanne parce que c’est le mode d’organisation le plus utilisé par les paysans pour se mettre ensemble en vue d’atteindre un objectif bien déterminé. +Alors, pour avoir un crédit d’intrants, pour avoir un crédit d’équipement ou pour avoir un autre type de crédit, vous conviendrez qu’il est plus facile de se mettre ensemble, de mettre les besoins ensemble et d’aller vers la banque pour demander ce financement plutôt que d’aller individuellement. +C’est à ce niveau que les organisations paysannes ont fait leurs preuves. +Car, si le Mali a atteint le record de production de coton, c’est surtout grâce aux organisations paysannes. Aussi, si le Mali a atteint beaucoup de résultats dans le monde rural, c'est encore grâce aux organisations paysannes. +Cependant, il est arrivé un moment où les organisations paysannes ont montré leur limite parce que leur bon fonctionnement nécessite une bonne cohésion sociale. En effet, si un membre ne respecte pas ses engagements (c'est à dire ne paye pas ses crédits), alors il reviendra aux autres membres de le faire. Ainsi, les mauvais payeurs se sont trouvés favorisés dans ces organisations. Et ce type de fonctionnement ne pouvait pas continuer. +Partant de ce constat, du type d’organisation paysanne, les paysans se sont redirigés vers les coopératives. Le fonctionnement d’une coopérative est beaucoup plus basé sur le volontariat et les textes juridiques. +Les coopératives sont régies aujourd’hui par les textes de l’OHADA (qui est l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires). Elles ont une personnalité juridique, leurs membres se mettent ensemble de façon volontaire et leur gestion est beaucoup plus saine. +Donc, on peut dire qu’une coopérative, c’est un groupement de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs besoins économiques dans le but de mener une activité économique bien déterminée afin d’atteindre des résultats communs. +La différence avec l’organisation paysanne, c’est que dans l’organisation paysanne, le critère d'adhésion est l’appartenance au même village ou le fait d’avoir d’autres types de liaisons. + +En revanche, la coopérative c’est vraiment le volontariat et les relations entre membres sont régies par des textes. Avec l’OHADA, les coopératives ont évolué vers les sociétés coopératives régies par les textes de l’OHADA. + +Dès que vous devenez membre d’une coopérative, vous en devenez sociétaire, et par conséquent copropriétaire. + +Une entreprise, c’est une unité économique juridiquement autonome dont la fonction principale est de produire des biens ou des services pour le marché. Pour former une entreprise, une ou plusieurs personnes peuvent se mettre ensemble en vue de mener une activité et atteindre des objectifs. +Les propriétaires de l’entreprise sont appelés actionnaires. Le poids de chaque actionnaire est déterminé par le nombre d’actions qu’il possède, c'est-à-dire son apport. Et cet apport peut être en nature ou en numéraire. +Les textes de l’OHADA définissent un nombre limité de types d’entreprises que sont : la société non collective, la société à responsabilité limitée et la société anonyme. + +Une seule personne peut créer une entreprise (société unipersonnelle à responsabilité limitée). Par contre, pour créer une coopérative, il faut au moins deux personnes. + +Thème 2 : Quelles sont les sources de revenu de la coopérative ou de l’entreprise ? + +Les revenus d’une coopérative ou d’une entreprise proviennent essentiellement de trois sources : + +La 1ère source est interne et provient des fonds apportés par les sociétaires ou les actionnaires. Dans une coopérative, les parts sont achetées par les membres ou les sociétaires, tandis que dans une entreprise, ce sont des actionnaires qui achètent des actions. Dans tous les cas, ce sont des fonds qui proviennent des créateurs, c'est-à-dire des membres propriétaires de la structure. + +La 2ème source est aussi interne mais elle provient des ressources générées par l’entité elle-même (coopérative ou entreprise). Par exemple, lorsque l’entité mène une activité rentable et réalise un bénéfice de 5 millions, une partie de ce bénéfice viendra augmenter les ressources de l’entité et l’autre permettra de rémunérer les sociétaires ou les actionnaires qui ont apporté leurs ressources. + +La 3ème source provient des ressources externes. Elles peuvent être des subventions ou des dons en provenance de l’Etat, des ONG, des projets, etc., ou également des financements bancaires. + +Quelles recommandations pour une meilleure gestion des revenus ? + +Pour une meilleure gestion des revenus, il faut utiliser judicieusement les fonds qui sont mis à la disposition de la coopérative ou de l’entreprise. Cette utilisation passe par un bon fonctionnement des structures dirigeantes et donc par une bonne gouvernance. + +Lorsqu’une entité reçoit de l’argent pour acheter des intrants, elle ne doit pas l’utiliser pour acheter des moutons ! + +Lorsqu’une entité reçoit de l’argent pour faire un aménagement, elle ne doit pas l’utiliser pour faire une opération d'embauche ! + +C’est le détournement d’objet de prêt qui fait que souvent, les coopératives ou les entreprises enregistrent des dysfonctionnements importants sur le plan financier. Et ainsi ne parviennent même pas à rembourser des prêts déjà contractés. + + +Thème 3 : Quels sont les types de financement que la BNDA accorde au monde rural ? + +A travers son partenariat financier avec plus de 6.000 organisations paysannes et d’une vingtaine de systèmes financiers décentralisés, la BNDA est le principal partenaire financier du monde de l'Agriculture au Mali. Son réseau d’agence est présent dans toutes les zones du pays, ce qui lui permet de couvrir l’ensemble des zones rurales du Mali. Elle intervient aussi auprès des entreprises partenaires en amont et en aval du secteur agricole (agro-industrie, fournisseurs d’intrants,). + +Son objectif est d’offrir aux différents acteurs du monde rural une solution financière globale à un coût abordable, couvrant l’ensemble de leurs besoins de financement à court, moyen et long termes. + +Ainsi, la BNDA accompagne les acteurs du monde rural, de la production à la commercialisation des produits agricoles. + +Sa gamme de produits et services diversifiés couvre les besoins de financement de l’ensemble des acteurs du monde rural (paysans, éleveurs, pêcheurs, transformateurs de produits agricoles, industriels, etc.). + +Son intervention auprès des organisations paysannes et des Petites et Moyennes entreprises Agricoles (PMA) porte essentiellement sur les points suivants : + +Prêt court terme pour les ruraux : prêt d’une durée comprise entre 0 et 24 mois à un taux d’intérêt de 10%. + +Il concerne : + +Le financement des intrants agricoles pour la culture du coton, du riz, des céréales sèches, des cultures commerciales (anacarde, sésame, agrumes), etc. ; + +Le financement de la commercialisation et du stockage de céréales ; + +Le financement de l’élevage (embouche, commercialisation du bétail, aviculture, pisciculture…). +Prêt à Moyen terme pour les ruraux : prêt d’une durée supérieure à 2 ans et allant jusqu’à 5 ans à un taux d’intérêt de 9%. + +Il concerne : + +Le financement des équipements et infrastructures agricoles : bœufs de labour, tracteurs, charrues, herses, motopompes, magasins de stockage, aménagements agricoles, petits barrages… + + +Thème 4 : Pourquoi avons-nous besoin d'un financement externe BNDA ? + +C’est quoi un financement externe ? + +En dehors des fonds apportés par les actionnaires ou sociétaires des entreprises et coopératives qu’on appelle Ressources internes, ces structures peuvent disposer également de ressources externes. + +Les ressources externes ou financement externe regroupent les moyens financiers que l'entreprise ou la coopérative recherche à l'extérieur, soit en empruntant, soit en augmentant son capital: +Ça peut être des dons qui proviennent de l’Etat, des ONG ou des entreprises ; +Ça peut également être des prêts accordés par une banque, un système financier décentralisé ou une autre structure. + +Ce financement externe, quelle que soit sa forme, sert à accompagner, renforcer ou à développer une activité pour laquelle l’on n’a pas soi-même le financement en interne. + +Pourquoi recourir au financement externe ? + +On fait recours au financement externe lorsque les ressources de l’entreprise sont insuffisantes pour pouvoir faire face au besoin de financement de l’entreprise. Si les besoins de financement sont supérieurs aux ressources internes, en ce moment, l’entité économique (soit la coopérative ou l’entreprise) est obligée de se tourner vers des investisseurs extérieurs pour augmenter les ressources. + +À qui s'adresser pour le financement externe ? + +Pour leur besoin de financement externe, les Paysans, entrepreneurs individuels et coopératives peuvent recourir au financement par : +Crédits bancaires auprès d’une banque ; +Une institution de micro finance ou un service financier décentralisé. + +Les organisations paysannes ne doivent en aucun cas se retourner vers des individus pour leurs besoins de financement car, pour la plupart, ces individus sont des usuriers. + +Si les ruraux, à travers les organisations paysannes et les coopératives remboursent correctement les prêts bancaires comme cela se doit, ils n’ont aucune raison d’aller vers des usuriers. + +Quoi faire avec le financement obtenu ? +Lorsqu’un individu, l’entreprise ou une coopérative contracte un crédit auprès d’une Banque ou une institution financière décentralisée, il est fortement conseillé d’utiliser le montant accordé pour réaliser l’objet du prêt. +Tout détournement de l’objet peut entraîner des difficultés de remboursement du prêt. + +Exemple : Si vous avez pris de l’argent pour faire un aménagement, il ne faut pas l’utiliser pour d’autres activités que celui indiqué. + +Mais si vous utilisez les fonds pour d’autres opérations, on appelle cela détournement d’objet de prêt. + +Cette pratique peut entraîner des difficultés de remboursement du prêt chez l'emprunteur et lorsque la banque se rend compte que vous avez pris de l’argent pour financer une autre opération, ce n’est pas bon pour votre image. + +Précautions en cas de financement + +Pour un individu, une entreprise ou une coopérative il est important de : +Bien analyser le besoin de financement avant de prendre le prêt ; +De faire un bon dossier de demande prêt ; +De respecter les recommandations de votre conseiller bancaire ; +De Respecter le Tableau de remboursement du prêt; +De bien choisir les bénéficiaires finaux en termes de confiance et de crédibilité. + + +Thème 5 : Pourquoi avoir un compte bancaire ? + +Un compte bancaire est un instrument tenu par la banque pour son client, dans le but d’effectuer des opérations de retrait, de dépôt, d’obtenir un prêt, et d’effectuer des transferts. + +Cet instrument enregistre les opérations courantes du client et retrace de façon très claire l’ensemble des opérations que le client a eu à faire avec la banque. Il matérialise également la relation entre la banque et le client. + +Importance d’un compte bancaire + +Il y a plusieurs raisons qui doivent pousser un individu ou une organisation à ouvrir un compte. Parmi ces raisons, nous pouvons citer ici : +Le fait de sécuriser ses revenus en mettant l’argent sur un compte ; +Pouvoir collecter ses recettes auprès de ses partenaires (client, fournisseur, etc.) grâce aux dépôts et virements possibles partout ; +Pouvoir bénéficier de l’accompagnement de la banque en termes de conseil et de crédit ; +Pouvoir bénéficier de solution de paiement et de transfert d’argent à distance sur téléphone ou par carte électronique ; +Pouvoir bénéficier d’une épargne rémunérée périodiquement par la banque. + +Les différents types de compte + +Les principaux types de compte sont : le compte ordinaire, le compte d’épargne sur livret et le compte bloqué. + +Le compte ordinaire : c’est un compte qui enregistre les opérations courantes du client au niveau de la banque, c’est à dire les opérations de dépôt et de retrait d’argent, les opérations de virement, les opérations de règlement de factures. + +C’est un compte à travers lequel la banque accorde du crédit à ses clients. Il est ouvert aux personnes physiques majeures (âgées de 18 ans au minimum) et aux personnes morales (entreprise, société coopérative, association, ONG, etc.). + +Le compte d’épargne : comme son nom l’indique, c’est un compte ouvert pour épargner de l’argent. Si vous déposez régulièrement de l’argent sur ce compte, au bout d’une certaine période (généralement en fin d’année), votre épargne est rémunérée suivant un taux d'intérêt défini à l’avance. + +Il est ouvert aux personnes physiques quel que soit leur âge. + +Le dépôt à terme (DAT) ou compte bloqué : est un compte sur lequel un client décide de déposer de l’argent pour une durée et un taux d’intérêt négocié à l’avance avec la Banque. Ce compte est ouvert au client qui dispose d’une somme importante d’argent et qui souhaite faire de l'épargne à un taux plus avantageux. +Le montant minimum varie selon la banque. +NB : Pour ouvrir un compte DAT à la BNDA il faut au préalable avoir un compte ordinaire. + +Exemple: si vous avez de l’argent et que vous n’avez pas besoin de cet argent tout de suite, vous le déposez dans un compte pour une période bien déterminée. Par exemple, vous déposez 5 millions pour une durée de 6 mois ou 2 ans. Vous vous mettez d’accord avec la banque que vous n’allez pas toucher à cet argent avant la durée indiquée à un taux négocié avec la banque. +Mais en cas de problème (besoin urgent d’argent), vous pouvez venir voir votre banquier, pour mettre fin au contrat de DAT. +De façon contractuelle, le taux va être réduit. On recalcule l’intérêt à un taux réduit et on met l’argent à votre disposition plus les intérêts. + + +Thème 6 ET 7 : Les conditions d’ouverture d'un compte bancaire + +Pour ouvrir un compte bancaire, une personne doit remplir les conditions d’éligibilité : être majeur ( âgé de 18 ans ou plus) et jouir de toutes ses facultés mentale et juridique. + +Toute personne physique remplissant ces conditions peut ouvrir un compte bancaire à la BNDA, car la bancarisation des populations et surtout celle du monde rural d’une façon générale, est l’un des objectifs que la banque s’est fixée. + +Ainsi, pour chaque catégorie de client, il existe des types de comptes qui sont adaptés à ses besoins. + + Catégorie Personne physique (Individu / Particulier) + +Condition d’ouverture d'un compte ordinaire +Pour ouvrir un compte ordinaire, il faut atteindre l’âge de la majorité, c’est-à-dire 18 ans. +Les pièces à fournir sont : +La carte d’identité ou le passeport ou la carte NINA ; +Un certificat de résidence ou tout autre justificatif de résidence. +2 photos d’identité ; +Paiement des frais de carte client : 5 850f cfa TTC +Enfin, le compte ordinaire est soumis au paiement de frais de tenue de compte payés mensuellement ou trimestriellement. + +Condition d’ouverture d'un compte d’épargne : +Le compte d'épargne, il est ouvert uniquement aux personnes physiques quel que soit l’âge mais pour les enfants mineurs il est ouvert par le tuteur légal (le père ou la mère). +Pour l’ouvrir, il faut les mêmes pièces : +La carte d’identité ou le passeport ou la carte NINA ; +Un certificat de résidence ou tout autre justificatif de résidence. +2 photos d’identité ; +Plus un versement initial de : 40 000f CFA + les frais de carte client : 5 850f cfa TTC + +Enfin, Il faut ajouter aussi que ce compte est rémunéré à un taux d’intérêt de 3,5% l’an. + +NB: +Pour une personne physique à chaque ouverture de compte, la BNDA vous offre une carte magnétique gratuitement. +En plus, la BNDA dispose d’une plateforme de banque en ligne qui permet d’effectuer les opérations à distance et accessible sur téléphone portable et ordinaire. + +Catégorie PERSONNE MORALE : +Le type de compte que la BNDA propose aux personnes morales (entreprise, société, école, groupement et société coopérative) est le compte ordinaire. +Ici nous prendrons l’exemple de la Société coopérative, car elle est la forme d’organisation la plus présente en milieu rural. +Dans le cas d’une Société Coopératives les pièces à fournir pour l’ouverture de compte sont : +- Une Demande d’ouverture de compte adressée à la Banque ; +- Une copie du Statut et règlement intérieur légalisés ; +- Procès-verbal d’Assemblée Générale constitutive légalisé ; +- Procès-verbal de l’Assemblée pour ouverture de compte en précisant les noms des + Mandataires légalisés ; +- Une Copie du Récépissé légalisé ; +- La liste des membres de la coopérative et la liste des membres du bureau ; +- Carte d’identité plus certificat de résidence des mandataires ; +- Frais de carte client 11 700 f cfa TTC ; +Zéro frais d'entretien; +Zéro frais de clôture; +Thème 8 : C'est quoi un Crédit, un Intérêt, un Principal, une Échéance ? +Le crédit peut être défini comme la mise à disposition d’une somme d’argent par un créancier (prêteur) à un débiteur (emprunteur). Ainsi dans le cas d’une banque, le crédit est l’octroi d’un prêt (crédit bancaire) à un client à la demande de celui-ci pour la réalisation d’une activité bien déterminée. +Ce prêt est à rembourser au bout d’une période bien déterminée assortie d’une augmentation qu’on appelle intérêt. +Le crédit est remboursé en fonction d’un planning qui ressort dans un tableau d’amortissement établi en accord avec l’emprunteur en fonction de la rentabilité de son activité. +Il fait ressortir : +Le montant à rembourser en capital, c'est-à-dire le montant prêté qui doit être remboursé, augmenté des intérêts et des frais accessoires ; +L’échéance mensuel du prêt, c’est-à-dire le montant que l’emprunteur doit rembourser chaque mois ; +La date de début et la date de fin du remboursement des sommes dues. +L’intérêt : c’est la rémunération du capital, il permet de calculer la somme due à l'organisme qui a consenti le prêt, et donne le coût réel du crédit. Il se calcule à travers un taux qui est défini en avance et appliqué sur le montant du prêt suivant une durée. +Le Principal (capital) : c’est le montant que la banque met à la disposition d’un client sous forme de prêt pour réaliser son projet. +C’est sur ce montant que la banque calcule l’intérêt suivant un taux et une durée conventionnelle. +L’échéance : +L’échéance indique la date à laquelle le prêt ou une partie du prêt doit être remboursé. Cette date d'échéance correspond généralement avec la rentrée des recettes. +Le mode de remboursement varie en fonction de la périodicité et de l’objet du financement. Il peut être mensuel, trimestriel, semestriel, annuel, unique ou in-fine. +La banque peut accorder des différés de remboursement dans le cadre du financement des PMEA si nécessaire. Ainsi il est très important de bien définir la date d’échéance des prêts sinon elle peut être la cause d’impayés. +Thème 9 : A quoi sert un crédit ? +Les individus ou les entreprises ont souvent besoin de crédits pour financer leurs activités. En effet, il existe en permanence un décalage entre les rentrées et les sorties d’argent. Ce décalage doit être comblé par des crédits. +Ainsi, le crédit est un moteur de développement pour l’économie nationale, car c’est le principal moyen par lequel les institutions financières injectent de l’argent dans l’économie. Sans crédit, il serait très difficile d’envisager le développement de l’économie. +Le Crédit constitue également un facteur de motivation supplémentaire pour les emprunteurs, car ils sont appelés à travailler davantage en vue du remboursement de ce prêt. Ce qui conduit à une importante augmentation du volume de production et des revenus. +L’importance d’un crédit dépend de son objet, qu’il soit un crédit d’investissement ou un crédit de fonctionnement. +1. Le crédit d’investissement : est un crédit à moyen ou long terme qui sert à financer les investissements en biens immobilisés dont la durée de vie s’étend dans le temps. Ces biens d’investissement participent beaucoup à la création de la valeur ajoutée. + Il peut éventuellement servir lorsque vous modernisez votre entreprise, à travers l’achat de nouveaux équipements. +Exemple : achat de bœuf de laboure, d’équipements post récolte (bascule, batteuse, moulin, achat de machine en production, etc.). +Généralement, ce sont des crédits assortis d’une contribution financière de l’emprunteur appelé Apport personnel. Cet apport personnel permet de matérialiser la participation du client dans la réalisation du projet. Le crédit d’investissement peut aller jusqu’à une durée max de 5 ans. +2. Le crédit de fonctionnement : est un prêt destiné à financer les besoins de trésorerie de l’entreprise ou de la coopérative à travers le règlement des frais ntrant dans le fonctionnement même de votre activité. +Exemple : Si vous avez un tracteur, forcément vous aurez besoin de carburant pour faire fonctionner le tracteur, vous aurez besoin de pièces de rechange, vous aurez besoin d’intrants agricoles, des frais de repiquage et autres. +Le crédit est important et utile !!! +Mais si un crédit est octroyé et qu’il n’est pas remboursé, il devient dangereux pour (la banque et le client emprunteur) mais aussi pour l’économie de façon générale. +Donc, le crédit est utile si et seulement si la somme totale empruntée a été utilisée à bon échéant et remboursé dans les délais définis entre les deux parties (la banque et le client). +CONCEPT DU REMBOURSEMENT D’UN PRÊT (THÈME 10,11,12) +Thème 10 : comment rembourser un prêt ? +Un crédit est remboursé selon les conditions définies dans une convention de prêt signée par les deux parties (la banque et le client). Cette convention de prêt indique : le montant total accordé, la durée du prêt, le taux d’intérêt du prêt, le montant des échéances du prêt ainsi que les conditions particulières. +La convention est suivie par un tableau d’amortissement sur lequel figure un planning détaillé de remboursement. A chaque prêt, correspond un tableau d’amortissement qui est suivi non seulement par la banque, et par le client pour éviter tout retard de paiement des échéances. +Il est important que le client respecte les conditions indiquées dans cette convention de prêt pour éviter tout risque d’impayé. +Il n’est pas évident que dans certains cas le client reste collé au suivi de ce remboursement. C’est pourquoi la banque a mis en place un mécanisme de suivi de remboursement des prêts qui consiste à informer le client sur l’état de remboursement de son crédit à chaque étape. +Le crédit peut être remboursé avant échéance, on appelle cela le remboursement par anticipation il permet de réduire le coût du crédit. +Exemple : Si vous devez rembourser 1 000 000 f sur 8 mois, et que vous les remboursez en 7 mois, en ce moment, on recalcule l’échéance correspondant sur la durée effective du remboursement. +° SI vous remboursez à bonne date, c’est une très bonne chose ! Car un prêt totalement remboursé dans les délais permet au client d’avoir une bonne réputation (une bonne image) auprès de la banque. Ce qui permet d’obtenir plus facilement un autre financement. +° Et si vous ne remboursez pas à la date indiquée et que vous accusez des retards de paiement, vous tombez en impayé. En ce moment, la banque calcule des pénalités sur votre impayé. Le taux des pénalités est très généralement le taux maximum de crédit bancaire. Sur chaque retard, on calcule des intérêts qui viendront en augmentation du montant à rembourser. +A chaque fois qu’un client tombe en impayé, la banque le relance en lui notifiant le montant dû, car la banque privilégie le remboursement des prêts à l’amiable. À défaut, la banque pourra engager un recouvrement par voie d’huissier. +Donc, il est conseillé de prendre les dispositions idoines pour pouvoir rembourser correctement son crédit à temps. +Thème 11 : Avantages du remboursement correct d’un prêt BNDA +Le remboursement correct d’un prêt bancaire permet de maintenir une relation de confiance entre la banque et son client et favorise l’obtention d’un autre prêt. +En effet lorsque vous remboursez correctement un 1er prêt, le 2ème est facilement obtenu car les banques de façon générale ont une politique d'intervention progressive. Les banques accompagnent les clients dans la durée de façon progressive en termes de montant de prêt accordé. +Si les opérations antérieures ne se sont pas bien dénouées, cela peut jouer sur le processus de financement progressif. +Au fil des années ce processus de financement progressif a permis à beaucoup de clients (petits producteurs ou commerçants) de développer leurs activités et sont devenus de grands producteurs et opérateurs économiques. +Le prêt constitue un facteur de motivation supplémentaire pour les bénéficiaires du prêt, il pousse à travailler davantage en vue du remboursement. Ce qui conduit à une importante augmentation du volume de production et des revenus. +Il permet à un individu ou une entreprise de gagner la confiance des partenaires (projet, ONG, état, etc.) car ceux-ci passent généralement par les banques pour atteindre les acteurs du monde rural (paysan, éleveur, pêcheur, vendeur de produits agricoles, etc.). +Alors, le remboursement correct des crédits est une très bonne chose pour le client à travers le développement de ses activités. +Thème 12 : Les conséquences du non-remboursement correct d’un prêt BNDA. +Le non-remboursement correct d’un prêt peut entraîner un certain nombre de conséquences : +Les difficultés d’obtenir un nouveau financement pour l’emprunteur dans la banque concernée par cet impayé ; +Les difficultés d’accès au financement dans d’autres établissements de crédit. +Si vous avez des difficultés de remboursement à la BNDA et que vous voulez aller dans une autre structure, il y a des mécanismes mis en place qui permettent à la structure concernée de savoir que vous venez d’une autre banque et que vous êtes en impayé. En ce moment, vous allez perdre les avantages au niveau de la BNDA mais vous ne pourrez pas avoir d’autres avantages au niveau d’autres établissements de crédit ; +Si la situation d’impayé perdure et qu’il y a une mauvaise foi manifeste, ça peut amener la banque à saisir les biens que vous avez donnés en garantie. Cela n’est pas souhaitable. +Ensuite, vous allez avoir votre nom sur une liste noire, une liste de clients indélicats qui va faire que vous allez perdre toute votre notoriété sur la place ; +Le non-remboursement d’un prêt met en danger la continuité de vos activités avec la banque. +Module 13 : L’utilité d'une relation durable avec la BNDA +De par son rôle de financement de l’activité économique, la Banque est le premier partenaire financier des populations. Que vous soyez Agriculteur, Salarié, Société coopérative ou une Entreprise, il est conseillé d’avoir un compte bancaire et d’entretenir une relation d’affaire avec sa banque car l’accompagnement de votre banque est nécessaire au développement de votre activité économique. +Souvent le processus d’obtention d’un premier prêt prend un peu de temps, cela s’explique par le fait qu’au début de la relation la banque n’a pas suffisamment d’antécédent sur le client en termes de comportement de crédit. +Si toutefois vous remboursez correctement ce premier crédit cela vous permettra d’avoir plus facilement un autre prêt. +Le non-remboursement des prêts par le client peut occasionner non seulement une rupture de relation avec sa banque mais aussi ternir son image auprès des autres banques de la place. +Un client entretient une relation durable avec sa banque lorsque: +Ce client (personne physique, coopérative ou entreprise) gère bien ses revenus (recettes, salaire, autres rentrées d’argent) en les déposant dans son compte bancaire de manière régulière. +Ce client (personne physique, coopérative ou entreprise) se comporte très bien en termes de remboursement de crédit, à travers le remboursement à bonne date des échéances de prêt. +Il faut donc retenir que pour développer son activité il est nécessaire de maintenir de bonnes relations avec l’ensemble des partenaires : banque, fournisseur, client, et autres. +La production halieutique au Mali s'établit à environ 100 000 tonnes par an, plaçant le pays parmi les principaux producteurs de poissons d'eau douce en Afrique. La pisciculture émerge ainsi en tant que secteur d'activité stratégique, avec un potentiel considérable pour la sécurité alimentaire et le développement économique. Elle offre la possibilité de produire 50 à 400 kg sur un périmètre de seulement un mètre carré. +Bien que la pisciculture au Mali soit en phase de développement, le pays a réalisé des progrès significatifs, atteignant un taux de production de poisson estimé à 7 670 kg en 2020. Ce secteur, dynamisé par le privé, compte environ 2 100 pisciculteurs, parmi lesquels Issa Bagayoko, promoteur de l'entreprise Bagayoko-Aquamode. Passionné de poissons depuis son jeune âge, Bagayoko pratique la pisciculture depuis quelques années. Dans sa ferme, il produit des alevins de poissons-chats (Clarias Gariepinus). Selon lui, la pisciculture est cruciale face aux défis environnementaux. « Avec la surexploitation des ressources en eau, la pisciculture est la meilleure alternative pour combler le déficit », explique-t-il. +Impact économique et social +La pisciculture ne se limite pas à la production alimentaire, mais constitue également une source de revenus significative. Plus de 300 000 personnes tirent leur subsistance de cette activité, englobant divers acteurs tels que des producteurs d'alevins, des distributeurs d'aliments pour poissons, des transformatrices et des entreprises. +Les poissons favorables à la pisciculture +La pisciculture malienne exploite diverses espèces, principalement les clarias et les tilapias. Les premiers sont de la famille Clariidae et les seconds de celle des cichlidés. « Déjà, au bout de quatre à cinq mois, les clarias peuvent atteindre 500 à 600 g et sont aptes à être commercialisés », informe Idrissa Diakité, technicien en pisciculture. Quant à l’eau dans laquelle vivent les alevins, il est conseillé de la renouveler au moins une fois tous les cinq jours pour les tilapias et deux à trois fois par mois pour les clarias, ajoute le technicien. Il indique que le renouvellement fréquent de l'eau, la gestion des densités dans les bacs et un nourrissage équilibré sont essentiels pour assurer le succès de l'élevage. +Le nourrissage, une étape importante +Les alevins sont achetés tout petits et sont ensuite nourris par les promoteurs de sites piscicoles. Ceux de l'entrepreneur Issa Bagayoko proviennent selon lui du Nigeria. Pendant six mois, les espèces sont nourries trois fois par jour. « Nous leur donnons de la nourriture en fonction des périodes d’élevage avec des aliments industriels adaptés et équilibrés », explique le pisciculteur. L'aliment de base de ces poissons élevés est composé de 65 % de farine de riz, 18 % de tourteau d’arachide, 12 % de remoulage de blé, 4 % de farine de poissons et 1 % de coquillages. +Limiter le nombre d’alevins dans le bac pour obtenir un bon résultat +La densité varie en fonction du type de bac utilisé. Un bac en plastique de 1 m cube d'eau de 600 litres peut contenir 100 poissons. Pour permettre la croissance des alevins, dans un bac hors sol de deux mètres sur quatre (huit mètres cubes), il est conseillé, selon le technicien Idrissa, de se limiter à 400 poissons. +Bienfaits nutritionnels et enjeux environnementaux +Le poisson, aliment de base au Mali, est une source riche en acides gras oméga-3 et en nutriments essentiels. Cependant, l'essor de la pisciculture soulève des préoccupations environnementales en raison des effluents produits. Bien que cette pratique contribue à la préservation de l'écosystème aquatique, des efforts sont nécessaires pour atténuer les impacts environnementaux. +Innovations technologiques +Une initiative innovatrice dans la pisciculture malienne est l’introduction de l’aquaponie, une méthode durable intégrée de production alimentaire. Cette approche combine l’élevage de poissons avec la culture de plantes aquatiques, créant un écosystème symbolique. Les déchets des poissons fournissent des nutriments aux plantes, tandis que les plantes filtrent et purifient l’eau pour les poissons. Cette pratique maximise l’efficacité des ressources tout en minimisant les déchets, offrant ainsi une solution écologique et économique pour la pisciculture au Mali. +2. LA FILIERE PECHE ET PISCICULTURE. 2.1 La p�che. 2.1.1 Ressources halieutiques et potentiel de d�veloppement. Le climat du Mali est de type soudano-sah�lien, caract�ris� notamment par une forte irr�gularit� des pr�cipitations, qui se constate � toutes les �chelles de temps (annuelle, d�cennale, centennale et mill�naire). Depuis le d�but des ann�es 70, l'histoire climatique de cette zone se caract�rise par de nombreuses p�riodes de s�cheresse. Au cours de l'ann�e hydrologique 1994-95, des conditions hydro-climatiques tr�s favorables ont cependant pu �tre observ�es, ce qui a eu une incidence directe et imm�diate sur la p�che. La p�che s'exerce sur pratiquement toutes les collections d'eau du territoire national. On distingue cependant trois principales zones de production, que sont le Delta Central du Niger, le lac de S�lingu� et le lac de Manantali. Le Delta Central du Niger est une vaste plaine alluviale s'�tendant entre Markala et Tombouctou. Les crues du Niger et du Bani l'inondent dans des proportions variables selon les conditions hydro-climatiques. A Mopti, lieu de confluence du Niger et du Bani, le maximum de la crue annuelle se situe en octobre, alors que le plus fort de l'�tiage a lieu en mai. En ann�e de crue forte ou moyenne, comme cela a �t� le cas en 1994-95, les plaines d'inondation peuvent couvrir une superficie exc�dant 20000km�. La zone delta�que comprend six grands types de milieu aquatique: les lits des fleuves Niger et Bani, qui subissent des variations importantes de hauteur d'eau mais qui restent en principe toujours en eau; les plaines inond�es, qui sont inond�es lors des crues mais peuvent s'ass�cher compl�tement en p�riode d'�tiage; les mares (p�rennes ou temporaires) constitu�es par les fortes d�pressions des plaines qui sont en communication avec le fleuve uniquement pendant la crue; une vingtaine de lacs qui ne sont aliment�s par le Niger que lors des fortes crues et quelques pseudo-lacs (D�bo, Walado, Korientz�) qui ne constituent que de vastes extensions du lit mineur du fleuve; les marigots qui sont des biefs reliant le lit mineur aux zones inond�es, qui se fragmentent et peuvent �ventuellement s'ass�cher compl�tement pendant l'�tiage; et les r�seaux d'irrigation, qui sont des milieux artificiels. Les diff�rents biotopes, imbriqu�s entre eux, subissent, � l'exception des r�seaux d'irrigation, de fortes variations, d'une part, saisonni�res li�es � l'alternance des crues et des �tiages, et, d'autre part, inter-annuelles en fonction de l'importance des crues fluviales. Cette irr�gularit�, ainsi que la vari�t� de biotopes, conf�rent � la zone delta�que une forte diversit� de conditions environnementales, particuli�rement propices au d�veloppement de la vie aquatique. Les m�canismes productifs de ces biotopes sont notamment command�s par le d�veloppement d'une couverture v�g�tale pendant les pluies et l'inondation, qui est plus rapidement et plus compl�tement recycl�e qu'elle ne le serait en milieu aquatique permanent. Plus de 130 esp�ces de poisson ont �t� recens�es dans les eaux de la partie moyenne du Niger, que l'on peut sch�matiquement scinder en deux groupes �cologiques selon le type de strat�gie adopt� pour survivre aux conditions particuli�res des biotopes delta�ques: le groupe des migrateurs et le groupe des opportunistes. Les migrateurs (Brycinus, Alestes, Schilbe, Hydrocynus...) font notamment correspondre leurs p�riodes de reproduction avec l'inondation. Les alevins et les juv�niles peuvent ainsi b�n�ficier de conditions favorables d'abri et de nourriture qu'offrent en abondance les zones inond�es, avant de regagner les milieux permanents � la faveur des eaux de d�crue. Les esp�ces migratrices abondent lorsque les crues sont fortes. Les opportunistes (ex. Protopterus, tilapias), peu mobiles, se caract�risent notamment par leur aptitude � supporter des conditions de milieu difficiles. Leur f�condit� est g�n�ralement plus faible que celle des migrateurs, tandis que la p�riodicit� des pontes n'est plus d�termin�e par une saison hydrologique mais par l'�tablissement de conditions de milieu plus favorables, m�me temporairement. La dynamique naturelle des populations de poisson de la zone delta�que pr�sente une forte saisonnalit�, qui se traduit par des fluctuations importantes d'abondance du poisson en fonction de la p�riode de l'ann�e. A cela s'ajoute une variation inter-annuelle li�e, elle aussi, � l'hydrologie: la production de poisson est d'autant plus forte que la crue est importante dans l'espace et dans le temps. La forte liaison existant entre le recrutement (entr�e des juv�niles dans les p�cheries) et les conditions environnementales conduit � deux remarques essentielles � la gestion des p�cheries. La premi�re est qu'il n'existe pas de relation g�n�rale entre l'abondance du stock r�siduel d'�tiage et le recrutement. La deuxi�me est que la gestion des stocks de poisson ne peut �tre consid�r�e ind�pendamment de la gestion de l'ensemble de l'�cosyst�me delta�que. L'abondance relative des diff�rentes esp�ces varie quant � elle en fonction des conditions hydrologiques, de la qualit� des biotopes et de l'effort de p�che exerc� (La�, 1992). Le lac de S�lingu� est un lac de barrage construit dans la vall�e du Sankarani, � 140km � l'est de Bamako. Sa mise en eau date de 1980. Le barrage est � vocation hydro-�lectrique mais sert �galement depuis peu � l'irrigation de zones agricoles. L'exploitation du barrage �tait g�r�e jusqu'� tr�s r�cemment par l'Office pour l'exploitation des ressources hydrauliques du haut Niger (OERHN). Sa cote maximale est de 348,5 m, ce qui correspond � une surface de 409km� pour un volume de 2,2 milliards de m3 d'eau. A cette cote d'eau, le lac s'�tend sur pr�s de 80 km dans les vall�es du Sankarani et de l'Ouassoulou Bal�, la profondeur n'exc�dant pas 20 m. Lors de la mise en eau du barrage, environ 10000 ha bois�s ont �t� recouverts. La lente d�gradation de cette biomasse participe � l'approvisionnement en substances nutritives favorables au d�veloppement de la vie aquatique. Le lac a rapidement atteint un niveau d'�quilibre et de bonne sant�, ainsi que l'attestent l'absence de compos�s r�ducteurs dans les s�diments, la faible teneur en azote et phosphore dans les eaux, et du pH proche de la neutralit� constat� en 1982 (Lelek et Tobias, 1982). Le lac de Manantali est un lac de barrage international construit dans la vall�e du Bafing, consid�r� comme la branche-m�re du fleuve S�n�gal. Le barrage, dont la mise en eau a eu lieu en 1987, est un barrage hydro-�lectrique qui doit �galement servir � terme � irriguer pr�s de 367000 ha et � d�velopper l'agriculture dans la vall�e du fleuve S�n�gal. Le barrage de Manantali constitue l'un des plus grands barrages d'Afrique. Son exploitation est g�r�e par l'Organisation de mise en valeur du fleuve S�n�gal (OMVS). Sa cote normale d'exploitation est fix�e � 208 m, pour un volume de 11 milliards m3 et une superficie de pr�s de 500 km�. N�anmoins, le niveau du lac est � l'heure actuelle abaiss� � la cote 177m en raison de travaux de r�fection de la digue. Le lac s'�tend sur 80 km de long pour une largeur moyenne de 6 km. Sa profondeur moyenne est de 20,8 m, soit pr�s de quatre fois plus qu'� S�lingu�, avec des profondeurs maximales pouvant atteindre 50 m � proximit� du barrage. L'hydrologie du lac de Manantali se caract�rise notamment par un marnage important qui atteint plus de 8 m entre la saison des hautes eaux et la saison des basses eaux. Les rivages du lac sont par ailleurs fr�quemment surplomb�s de hautes falaises, ne permettant ni accostage ni appontement pour la p�che. Les caract�ristiques physico-chimiques des eaux sont similaires � celles du lac de S�lingu�, avec notamment des eaux pr�sentant une oxyg�nation satisfaisante, et enrichies en nutriments par la d�gradation progressive de pr�s de 12000 ha de for�t immerg�e. Les esp�ces de poisson pr�sentes dans les deux lacs de retenue sont globalement les m�mes que celles recens�es dans le Delta central. Dans le cas du lac de s�lingu�, cela tient au fait qu'au moment de la mise en eau du lac, ce sont les m�mes esp�ces qui ont colonis� le milieu. Dans le cas du lac de Manantali, qui appartient pourtant au bassin du fleuve S�n�gal, cela s'explique par la proximit� du peuplement piscicole entre les eaux du S�n�gal et du Niger moyen (L�v�que et al., 1992). Cependant, le remplissage des lacs a modifi� les conditions �cologiques et provoqu� des changements notables d'abondance relative en favorisant certaines esp�ces au d�triment d'autres. A S�lingu�, les principales esp�ces commerciales appartiennent � la famille des Bagridae (Chrysictis et Auchenoglanis surtout), des Cyprinodontidae (Labeo) et des Cichlidae (tilapias), avec respectivement 21%, 15% et 13,5% des d�barquements. A Manantali, la famille des Cichlidae et des Synodontidae repr�sentent en revanche pr�s des deux tiers des d�barquements avec respectivement 48% et 17% (La� et Weigel, 1995). La forte proportion de tilapia � Manantali pourrait s'expliquer par le fait que les p�cheurs concentrent actuellement leur effort sur les hauts fonds du plan d'eau. Ces r�sultats g�n�raux issus de statistiques de p�che ne doivent par ailleurs pas masquer une h�t�rog�n�it� spatiale des captures des diff�rentes esp�ces (zones bois�es, zones d�bois�es, zones de rivage...) ainsi qu'une variabilit� saisonni�re forte � mettre en relation avec, d'une part, l'alternance des p�riodes de remplissage et de vidange des lacs, et, d'autre part, avec la saisonnalit� des cycles biologiques des diff�rentes esp�ces. Les �tudes �cologiques font toutefois d�faut pour une meilleure compr�hension des m�canismes pr�sidant au renouvellement des stocks. Le potentiel halieutique malien est essentiellement concentr� dans la r�gion du Delta Central, avec pr�s de 80% du total. Dans ce bassin traditionnel de production, les estimations de capture montrent des variations annuelles importantes en fonction des conditions climatiques, qui peuvent aller du simple au triple (ex. 87000 t en 1969-70; 37000 t en 1984-85). Au cours de l'ann�e hydrologique exceptionnelle 1994/95, les captures ont �t� estim�es � 100000 t. Au cours de l'ann�e 1995/96, qui a �galement �t� une ann�e satisfaisante du point de vue hydrologique, le niveau de captures a sensiblement diminu� par rapport � l'ann�e pr�c�dente. La composition sp�cifique est demeur�e globalement inchang�e, mais la taille moyenne des prises a augment�. Dans ce contexte de forte variabilit�, et aussi compte tenu de la dynamique particuli�re des populations piscicoles, toute �valuation des potentialit�s de d�veloppement de la p�che dans la r�gion du Delta Central sur la base d'une comparaison entre les captures potentielles et les captures effectives n'a pas de grande signification. De mani�re g�n�rale, la zone delta�que peut �tre consid�r�e comme �tant pleinement exploit�e (mais non surexploit�e), quel que soit le niveau de la crue. Les p�cheurs ajustent du reste le montant de leurs investissements annuels en fonction de l'importance de la crue (Pamanta, 1996). Il existerait n�anmoins des possibilit�s de maintien, voire d'augmentation, de la production halieutique � travers une gestion plus efficace de l'�cosyst�me delta�que. La v�ritable ressource du Delta, celle qui doit �tre g�r�e et pr�serv�e, est en effet constitu�e de l'ensemble de l'hydrosyst�me delta�que. Sur les lacs de retenue, les productions potentielles sont plus stables d'une ann�e sur l'autre, m�me si des fluctuations peuvent intervenir en raison de l'hydraulicit� (apports d'eau et gestion des barrages) et de l'�volution des peuplements piscicoles. A S�lingu�, des enqu�tes de p�che et de commercialisation indiqueraient une production actuelle de pr�s de 4000t/an, soit un rendement estim� � 98 kg/ha/an. Le niveau d'exploitation des p�cheries de S�lingu� est consid�r� comme globalement �quilibr�. La production potentielle des p�cheries de Manantali est estim�e pour sa part � pr�s de 3000 t/an, sur la base d'un rendement approximatif de 65kg/ha/an, tandis que la production actuelle serait de 1300t/an au minimum (La� et Weigel, 1995). Le niveau d'exploitation � Manantali serait par cons�quent mod�r� - ainsi que le confirme la pr�sence importante de filets � grandes mailles - et des potentialit�s de d�veloppement de la p�che existeraient � la faveur d'une am�lioration de l'environnement �conomique. 2.1.2 P�che et environnement. Dans le cas des p�cheries du Delta Central, il existe une forte relation entre la productivit� du milieu et l'�tat de l'�cosyst�me, dans la mesure o� les m�canismes productifs reposent en grande partie sur la diversit� spatiale et saisonni�re de l'�cosyst�me. Les facteurs hydro-climatiques ont un r�le pr�pond�rant sur le milieu, mais �galement les facteurs humains (utilisation de l'eau ou de l'espace inondable � d'autres fins, l�chures d'eau par le barrage de Markala, pollutions urbaines ou agricoles...). S'agissant de l'impact de la p�che sur le milieu, il est g�n�ralement admis que celui-ci est minime dans le cas du Delta Central. A contrario, au plan qualitatif, le secteur participe activement � la conservation des capacit�s de production naturelle des �cosyst�mes aquatiques, pour deux raisons essentielles. La premi�re est qu'il va de l'int�r�t vital des p�cheurs de ne pas d�t�riorer l'environnement puisque le niveau de production est directement li� � la qualit� du milieu. La deuxi�me est que, en d�pit de la succession d'ann�es de s�cheresse qui auraient pu affecter th�oriquement la productivit� du milieu et inciter les p�cheurs � la "destruction" des ressources, on peut ais�ment constater que la crue exceptionnelle de 1994 a permis de r�aliser, dans les mois qui ont suivi, une campagne de p�che elle aussi exceptionnelle. Par cons�quent, la p�che n'a jusqu'� pr�sent pas port� atteinte � la capacit� productive des milieux qui est rest�e intacte. Toutefois, on sait que plac�s dans une situation d'irresponsabilit� vis-�-vis des ressources qu'ils utilisent, ou encore pouss�s par des contraintes sociales ou �conomiques fortes, les producteurs pourraient �tre amen�s � d�truire ce qu'ils avaient pr�serv� jusque l�. A l'origine de ces destructions, on retrouve souvent une intervention maladroite de l'Etat qui modifie de fa�on irr�m�diable le rapport des producteurs � leurs ressources naturelles. Sur les lacs de retenue, le facteur �cologique parait moins d�terminant en raison de la relative stabilit� des milieux. Toutefois, le maintien de l'int�grit� des �cosyst�mes doit �galement demeurer une pr�occupation dans le cadre de la gestion de p�cheries. Ainsi, en 1990, le lac de S�lingu� a subi une forte crise dystrophique probablement due � une pollution agricole massive. Cela s'est traduit par de fortes mortalit�s de poisson, et un pr�judice direct aux p�cheurs qui n'a malheureusement pas pu �tre �valu�. Depuis 1993, il semblerait n�anmoins que le lac ait retrouv� ses principales caract�ristiques ant�rieures, notamment en ce qui concerne la bonne oxyg�nation de ses eaux. 2.1.3 Organisation technique et socio-�conomique des p�cheurs. Quel que soit le type de p�cherie, l'organisation de la fili�re p�che au Mali s'inspire largement de la culture halieutique du Delta Central. De ce point de vue, les p�cheries maliennes sont homog�nes. Les p�cheurs poss�dent un degr� de technicit� et de professionnalisme �lev�s, ainsi qu'une forte tradition en mati�re de gestion responsable des p�cheries. Techniques de p�che. Les p�cheurs maliens utilisent des pirogues en planches clou�es. Celles-ci sont rarement motoris�es compte tenu des conditions de p�che particuli�res. La motorisation est essentiellement utilis�e pour le cabotage. Un m�nage de p�cheurs poss�de en moyenne une � deux pirogues. En 1991, le parc piroguier li� � la p�che dans le Delta Central a ainsi �t� estim� entre 20 000 et 25 000 embarcations (Rey et al., 1994). Au total, en prenant en compte les p�cheries des lacs de barrage et celles de cours d'eau, on peut raisonnablement estimer � 25000 le nombre total de pirogues de p�che au Mali. Compte tenu des variations saisonni�res des conditions du milieu, en particulier dans la zone delta�que, les p�cheurs utilisent une grande panoplie d'engins et de m�thodes de capture adapt�s � chaque type de situation. Dans le Delta Central, il existe en fait une relation �troite entre les biotopes exploit�s (cours d'eau, plaines inond�es, mares temporaires...), la saison hydrologique (crue, hautes eaux, d�crue, �tiage), les esp�ces vis�es et les moyens de p�che mis en oeuvre (La� et al., 1994). Au cours des vingt derni�res ann�es, les rendements de production � l'hectare ont ainsi pratiquement tripl� dans le Delta central. Sur les lacs de barrage, les engins utilis�s sont moins diversifi�s, les p�cheurs ayant progressivement adopt� ceux qui se sont r�v�l�s les plus adapt�s aux p�cheries lacustres (plus grande profondeur, pr�sence de souches immerg�es, faible courant...). De nouvelles techniques de p�che ont par ailleurs �t� d�velopp�es telles que celles du filet golfe et du filet � clochette, tandis que d'autres techniques ont �t� modifi�es (ex. nasses durankoro utilis�es comme des casiers app�t�s pour p�cher en eau profonde). Les principaux engins de p�che utilis�s dans les p�cheries maliennes peuvent �tre regroup�s en six grandes cat�gories:. - les engins par blessure (harpons...) utilis�s dans des mares en voie d'ass�chement, dans les plaines inond�es et lors des p�ches collectives ;. - les filets pouss�s (filets triangulaires utilis�s lors des p�ches de barrage ou les p�ches collectives, filets � deux mains utilis�s au cours des p�ches d'�puisement...) ou lanc�s (�perviers utilis�s lors des p�ches collectives ou sur des bras de fleuves en cours d'ass�chement) ;. - les sennes de petite taille de type xubiseu (80m x 6m) utilis�es par un ou deux p�cheurs en p�riode de basses eaux ou les sennes de grande taille de type djoba (400-1 000m x 6-10m) manipul�es par 10 � 20 p�cheurs et utilis�es dans le Delta principalement en p�riode de basses eaux et dans les lacs de barrage apr�s d�boisement de portions de rivage;. - les filets maillants dormants utilis�s aux hautes eaux dans les plaines ou dans le fleuve lorsque le courant n'est pas fort, et les filets maillants d�rivants (130-450m) au moment o� le courant est fort (crue et d�but de d�crue);. - les nasses dont les plus utilis�es sont de type durankoro, ou de type dien� de taille plus importante; et. - les palangres app�t�es ou non app�t�es. Pendant la campagne de p�che 1990-91, des estimations sur la contribution de chaque engin � la production totale dans le Delta Central ont �t� faites. Les filets maillants r�alisent plus du tiers des captures, alors que les nasses, les �perviers et les palangres assurent respectivement 15,7%, 14,9% et 10,6% des captures totales. Approvisionnement. Les nappes de filets (400 mailles x 100 yards) constituent le principal intrant de la p�che au Mali. Celles-ci sont import�es essentiellement de Cor�e, Japon et Inde. Les importateurs organisent leur approvisionnement � partir du port de Lom� (Togo). Certains d'entre eux d�tiennent des licences d'importation, ce qui leur permet de passer directement des commandes aupr�s de fabricants en Asie, sans passer par des interm�diaires � Lom�, et de b�n�ficier d'exon�rations de taxes douani�res entre le Togo et le Mali. Les importateurs doivent n�anmoins s'acquitter de droits de douane � la fronti�re malienne, quel que soit leur statut. Les circuits d'approvisionnement en mat�riel de p�che par les importateurs maliens sont performants, ainsi que l'attestent les op�rations de r�exportation d'une partie des marchandises vers les pays riverains (C�te d'Ivoire, Guin�e, Burkina Faso). Pour l'acquisition du mat�riel, les p�cheurs passent soit directement par les grossistes importateurs, soit par l'interm�diaire des commer�ants de poisson. Dans les deux cas, les achats se font partiellement � cr�dit (la part de l'autofinancement repr�sente par exemple 50% en moyenne dans la zone delta�que), sur la base d'accords informels fond�s sur de fortes relations sociales entre les diff�rents partenaires. Le cr�dit commer�ant est g�n�ralement garanti par le biais d'une caution familiale, le diatigui. Dans le Delta Central, la part du cr�dit pour les engins de p�che repr�sente en moyenne moins de la moiti� du montant des achats pour un peu plus de la moiti� des m�nages de p�cheurs, l'autofinancement repr�sentant par cons�quent environ 50% de l'investissement (Rey et al., 1994). L'importance respective des deux fili�res d'approvisionnement est mal connue, mais globalement les p�cheurs acqui�rent l'essentiel de leur �quipement aupr�s des grossistes en d�but de saison, et se procurent le reste au cas par cas aupr�s des commer�ants de poisson. Pendant les ann�es de s�cheresse o� les p�cheurs ont connu une baisse importante de leur capacit� d'endettement, la part de mat�riel acquis aupr�s des commer�ants de poisson s'est accrue en raison des plus grandes facilit�s dont ces derniers disposent pour recouvrer les cr�ances. A l'heure actuelle, une Association de commer�ants de poisson de Mopti a en projet d'approvisionner directement les p�cheurs de la zone delta�que en mat�riel de p�che, sans passer par les importateurs. Ce projet impliquerait une participation de l'Etat dans la constitution d'un fonds d'�quipement � prix subventionn�. Cat�gories de p�cheurs. On distingue g�n�ralement trois grandes cat�gories de p�cheurs au Mali, en fonction du temps consacr� aux travaux agricoles, de la panoplie de p�che (capital investi), et du mode de vie des communaut�s concern�es. Les agriculteurs-p�cheurs (rima�b�, bambara, marka, songha�) constituent la premi�re cat�gorie. Ils consacrent proportionnellement plus de temps aux travaux agricoles et investissent prioritairement dans l'agriculture, ce qui se traduit par l'utilisation d'engins en nombre limit�, de qualit� m�diocre, et essentiellement passifs pour permettre de d�gager du temps pour l'agriculture. Les captures sont de plus essentiellement destin�es � l'auto-consommation au niveau des m�nages. Les p�cheurs professionnels s�dentaires (bozo et somono), consid�rent pour leur part la p�che comme une activit� �conomique � part enti�re permettant de d�gager des revenus mon�taires. Toutefois, pour cette deuxi�me cat�gorie de p�cheurs, les liens avec la terre ne sont pas rompus ce qui permet aux m�nages concern�s de diversifier les activit�s de p�che avec l'agriculture, les rendant moins vuln�rables aux al�as hydrologiques. Les p�cheurs professionnels migrants (essentiellement bozo) constituent la troisi�me cat�gorie. La p�che constitue pour eux le seul moyen de subvenir aux besoins des m�nages, puisque n'ayant g�n�ralement pas acc�s � la terre. Les p�cheurs migrants poss�dent un degr� de technicit� particuli�rement �lev�, et minimisent les al�as de la productivit� naturelle par la diversification des techniques et des lieux de p�che fr�quent�s au cours du cycle annuel. Globalement, les p�cheurs professionnels (s�dentaires et migrants) immobilisent environ cinq fois plus de capitaux dans la p�che que les agri-p�cheurs. Ces diff�rences transparaissent notamment dans la composition moyenne des panoplies de p�che adopt�es par chacune de ces cat�gories. Les diff�rentes cat�gories de p�cheurs se distinguent �galement par le statut et le droits qu'ils poss�dent au sein des soci�t�s rurales, en particulier pour l'acc�s � l'eau et � la terre. Les p�cheurs migrants doivent notamment supporter des co�ts sociaux et �conomiques plus �lev�s. L'unit� sociale de base des p�cheurs est constitu�e par le m�nage, qui regroupe en moyenne 7 � 8 personnes dont 2 p�cheurs. Le mouvement associatif n'existe pas dans le cadre de l'organisation des activit�s �conomiques li�es � la p�che. Cependant, des formes d'entraide communautaire issues de la tradition tendent aujourd'hui � se d�velopper pour les actions � caract�re social. Dans le Delta Central, les m�nages de p�cheurs migrants repr�sentent un peu moins du quart de l'ensemble des m�nages de p�cheurs (environ 1 600 en 1994-95), tout en assurant pr�s des deux tiers des captures totales. En 1991, les prises annuelles par m�nage de p�cheurs ont �t� estim�es � 0,2 t/an pour les agri-p�cheurs, � 1,3 t/an pour les s�dentaires et � 4,8 t/an pour les migrants. Sur les lacs de barrage, les p�cheurs sont organis�s autour des m�mes types de structure caract�risant les m�nages de p�cheurs migrants du Delta Central. On observe toutefois des diff�rences notables entre la taille moyenne des m�nages dans le Delta (7-8 personnes) et la taille moyenne sur les lacs de retenue. Celle-ci est en effet de 6 personnes � Manantali contre 10 � S�lingu� (La� et Weigel, 1995). Cette diff�rence pourrait tenir � la pr�carit� de l'environnement �conomique et des conditions de vie � Manantali. De plus, sur les lacs de barrage, les p�cheurs sont essentiellement des p�cheurs professionnels migrants originaires du Delta Central, et s�dentaris�s dans des campements/villages bordant les lacs. Les prises y sont d'environ 5t/an par m�nage. Dynamique �conomique des p�cheries. Au cours des deux derni�res d�cennies, les revenus des p�cheurs ont �t� profond�ment affect�s, en raison notamment de la diminution du niveau de captures imputable � la s�cheresse. D'autres facteurs ont contribu� � diminuer les rendements �conomiques. Il s'agit de facteurs d�mographiques (augmentation de la population de p�cheurs en d�pit de migrations extra-delta�ques), technico-�conomiques (diversification accrue des engins et multiplication de l'effort de p�che), et commerciaux (diminution de la quantit� de poisson commercialisable et mauvaise valorisation des produits). L'augmentation de la pression fiscale, formelle et informelle, a �galement contribu� � grever les r�sultats �conomiques. Les p�cheurs ont d�velopp�, en parall�le, des strat�gies leur permettant de se maintenir, pour la plupart d'entre eux, dans la profession. Dans le Delta Central, les p�cheurs migrants ont diversifi� leurs engins, abandonn� les techniques collectives au profit des techniques individuelles, et augment� leur rayon de migration. Les p�cheurs s�dentaires et les agri-p�cheurs ont pour leur part privil�gi� une diversification de leurs activit�s (agriculture, commerce...), ainsi qu'un contr�le accru de l'acc�s � leurs territoires de p�che. Dans la zone delta�que, � investissement �gal, les m�nages de p�cheurs migrants d�gagent des revenus bruts environ trois fois sup�rieurs � ceux des m�nages de p�cheurs s�dentaires (630 000 FCFA contre 200 000 FCFA en 1990-91 - d'apr�s La� et Weigel, 1994). Cela s'explique par une utilisation plus intensive du mat�riel et par des d�placements plus fr�quents vers les zones de p�che favorable. Ces revenus bruts ne doivent cependant pas pr�juger du montant des revenus nets (salaires th�oriques), car � ces revenus bruts doivent �tre soustraits l'autoconsommation, les imp�ts et taxes diverses officielles et non officielles dont le montant peut �tre consid�rable, ainsi que les droits de p�che vers�s aux ma�tres des eaux (manga-ji). Avec le retour des crues, et l'augmentation significative des prises par unit� d'effort (augmentation de pr�s du triple), la situation �conomique des m�nages de p�cheurs s'est nettement am�lior�e depuis deux ans. Leurs conditions de vie demeurent cependant pr�caires des points de vue de la sant� et de l'�ducation. A titre d'exemple, de nombreux cas de chol�ra ont �t� identifi�s en 1995 sur des campements de p�cheurs dans le Delta Central. Les probl�mes sociaux affectent davantage les p�cheurs migrants compte tenu de leur d�placements p�riodiques. Jusqu'� pr�sent, les communaut�s de p�cheurs n'ont pas b�n�fici� d'attention particuli�re de la part des pouvoirs publics pour l'am�lioration de leurs conditions de vie. Sur les lacs de barrage, les conditions techniques et socio-�conomiques sont plus favorables aux p�cheurs, en particulier pendant les p�riodes de s�cheresse. En effet, les rendements de capture, et par cons�quent les surplus commercialisables y sont plus importants. Les droits de p�che sont �galement moins contraignants, malgr� l'�tablissement r�cent de droits d'usage � la suite de la mise en eau des barrages. Enfin, les circuits de commercialisation � partir des lacs de barrage sont g�n�ralement plus r�mun�rateurs en raison de la pr�dominance du commerce du frais, � mettre en parall�le avec la proximit� de march�s porteurs (Bamako surtout). Ceci est notamment le cas du barrage de S�lingu�. Sur le barrage de Manantali, les r�sultats �conomiques sont en revanche plus faibles en raison de l'isolement des zones de production et des syst�mes de taxation particuli�rement contraignants. Par ailleurs, il convient de souligner que l'�tude des revenus d'un m�nage de p�cheurs doit n�cessairement prendre en compte les revenus du m�nage autres que ceux li�s � la p�che (agriculture, commerce, artisanat, services divers...). A titre d'exemple, un m�nage de p�cheurs migrants ou exer�ant sur un lac de barrage produit entre 250 et 380 kg/an de c�r�ales, tandis qu'un m�nage de p�cheurs s�dentaires produit dans le Delta Central pr�s de 1150 kg/an. L'�quivalent mon�taire de l'ensemble des activit�s compl�mentaires � la p�che ont ainsi �t� estim�es sur Manantali et S�lingu� � respectivement 22000 et 46000FCFA (La� et Weigel, 1995). 2.1.4 Transformation et commercialisation du poisson. Au cours des quinze derni�res ann�es, la transformation et la commercialisation du poisson au Mali ont �volu� sous l'influence de deux �v�nements majeurs : la baisse du surplus commercialisable � partir du Delta Central (s�cheresse et augmentation de la consommation delta�que li�e � la croissance d�mographique), et la cr�ation de p�cheries de barrage localis�es � proximit� de centres de consommation importants (S�lingu� notamment). Cette �volution s'est traduite par des modifications dans les modes de transformation et de valorisation des produits, par une r�orientation des circuits de distribution � l'int�rieur et � l'ext�rieur du pays, ainsi que par l'apparition de nouvelles strat�gies de la part des op�rateurs �conomiques de la transformation et de la commercialisation. Transformation. En raison de la faiblesse des infrastructures de communication, environ trois quarts de la production nationale sont commercialis�s sous une forme transform�e, par fumage, br�lage (une technique proche de celle du fumage) et, dans une moindre mesure, par s�chage. Dans le Delta Central, les captures sont essentiellement transform�es par fumage (cf. figure 2). A l'inverse, le poisson commercialis� � partir des retenues, o� les conditions sont diff�rentes en termes d'organisation de la commercialisation, l'est essentiellement en frais (environ 70% du total � S�lingu� et pr�s de la moiti� � Manantali), avec utilisation de glace. En dehors de techniques marginales de transformation comme l'extraction d'huile de poisson par �bullition ou encore la friture, les principales techniques de transformation du poisson sont : le fumage (le poisson est d�pos� sur des claies dans des fours traditionnels et soumis � des fum�es produites par la combustion de bois ou de bouses de vache s�ch�es- le poisson perd 2/3 de son poids) ; le s�chage (le poisson est directement expos� au soleil apr�s g�n�ralement une rapide fermentation du produit- le poisson perd environ 3/4 de son poids); et le br�lage (le poisson est d�pos� sur un tapis d'herbes s�ches ou de paille de riz, puis soumis � l'action du feu- technique assimil�e jusqu'� pr�sent � celle du fumage). Les investissements en �quipements de transformation sont relativement peu on�reux, constituant ainsi un co�t mineur dans le compte d'exploitation d'un m�nage de p�cheur. De mani�re g�n�rale, le choix du mode de transformation rel�ve de l'esp�ce consid�r�e, mais �galement du prix de vente du poisson transform� sous une forme donn�e, des caract�ristiques physiques du poisson d�barqu� (fra�cheur et taille), et de la saison (Weigel et Stomal, 1994). A titre d'exemple, les esp�ces qui sont g�n�ralement s�ch�es sont les Hydrocynus, les Alestes, les Citharinus et les Mormyridae. Celles qui sont g�n�ralement fum�es sont les Clarias, les Bagridae, les Synodontis et les Labeo. Les tilapias et les Lates sont quant � eux s�ch�s ou fum�s en fonction des opportunit�s de vente. Dans le Delta Central, lors du stockage ou du transport, les produits transform�s sont souvent trait�s par des produits chimiques afin de ralentir les processus de d�gradation par les moisissures et les insectes ichtyophages. Les produits employ�s sont essentiellement de la K'Othrine et du Gardona, dont la distribution et la vente rel�vent exclusivement de l'Op�ration p�che Mopti (OPM) qui en a le monopole. Un commerce parall�le d'insecticides utilis�s pour le traitement du poisson, mais impropres � la consommation humaine, tend � se d�velopper depuis peu de mani�re inqui�tante, en raison de la p�nurie de produits autoris�s sur les lieux de production. Il est g�n�ralement admis que dans la zone delta�que les pertes physiques apr�s-capture sont consid�rables en raison de la pr�carit� des conditions de transformation, stockage et de manipulation des produits. Si l'on ne tient pas compte des brisures, qui ne constituent pas � proprement parler des pertes, le taux r�el de pertes apr�s captures se situe entre 5 et 10% en moyenne. Le taux de brisures des produits transform�s est estim� quant � lui � environ 10% au niveau du port de Mopti. Une partie de ces brisures est destin�e � la consommation animale, souvent par l'interm�diaire de fabriques de farine bas�es autour de Bamako. Les brisures entra�nent en moyenne une diminution de moiti� de la valeur du produit entier. Depuis une quinzaine d'ann�es, � la suite de la cr�ation de p�cheries de barrage localis�es � proximit� de centres de consommation importants (S�lingu� notamment), et de l'�volution des habitudes alimentaires, le commerce du frais conna�t un essor important. Le transport se fait principalement par camionnettes (pick-up b�ch�s) d'environ 1,5t de capacit� utile, avec utilisation de glace produite � Bamako. Le commerce du frais se d�veloppe �galement dans la zone delta�que, en particulier depuis le retour de bonnes crues. La production �tant plus abondante et r�guli�re, des circuits organis�s par des commer�ants de Bamako ont pu s'�tablir � certaines p�riodes de l'ann�e lorsque les pistes sont praticables. A l'heure actuelle, l'Association de commer�ants de Mopti �tudie la possibilit� d'acqu�rir des installations de stockage frigorifiques. Commercialisation. Les circuits de commercialisation du poisson s'articulent globalement autour de trois types de march�s: des march�s de gros qui centralisent la production (Mopti dans le Delta Central, Faraba et Carri�re � S�lingu�, et Manantali); des march�s de semi-gros situ�s dans les centres de production et de consommation, et des march�s de d�tail dans les villes et villages. Les march�s de gros peuvent n�anmoins �tre court-circuit�s � travers les ventes directes aux consommateurs locaux. Dans la zone delta�que, les produits sont �vacu�s des lieux de p�che, soit directement par des p�cheurs ou leurs repr�sentants, soit par des commer�ants "ambulants", soit par des grossistes. Les moyens de transport comprennent des pinasses de 6 � 10 t de capacit� utile (plus de 60% du transport de poisson � partir des campements), des camions et des b�ch�s. La majeure partie de la production delta�que est achemin�e � Mopti, afin d'�tre tri�e puis r�emball�e par cat�gorie en fonction de la destination. Des lots peuvent �galement �tre stock�s dans des magasins situ�s dans la zone portuaire, dans l'attente d'une commande importante. Les produits sont ensuite �vacu�s par camion vers les centres de consommation. A Mopti, l'OPM continue d'exercer une fonction dans l'organisation des march�s, � travers le contr�le de qualit� et la d�livrance de "fiches de conditionnement", qui correspondent � des autorisations de commercialisation. L'OPM assure en contre-partie, outre le suivi statistique, l'assainissement (traitement par insecticides) des infrastructures de commercialisation du poisson du port de Mopti, ainsi que le refumage des produits de mauvaise qualit�. Sur les centres de consommation importants comme Bamako, des grossistes g�rent des stocks de produits transform�s emball�s en cartons de 70-80 kg dans des magasins. Une partie de ces produits peut appartenir � des semi-grossistes qui payent une location pour le stockage. Les produits sont ensuite �coul�s au fur et � mesure sur les march�s de d�tail. Sur les lacs de retenue, les produits sont achemin�s par pirogue sur les march�s de gros. En raison de la pr�dominance de produits frais, ces march�s ne constituent que des lieux de transit des produits avant leur acheminement rapide vers les centres de consommation. Le transport des produits frais vers les centres de consommation est g�n�ralement de la responsabilit� de gros commer�ants. La vente au d�tail sur les march�s urbains est ensuite prise en charge par des femmes, qui ach�tent des lots � prix fixe aupr�s de ces commer�ants. De mani�re g�n�rale, on constate une forte relation de d�pendance sociale et �conomique entre les commer�ants et les p�cheurs. Pour financer leurs campagnes de p�che, les p�cheurs ont en effet essentiellement recours au cr�dit commer�ant. Les p�cheurs ach�tent � cr�dit tout ou partie de leur �quipement en d�but de campagne, et remboursent le commer�ant g�n�ralement en fin de campagne, en payant des int�r�ts �quivalents � 30-40% en moyenne. Dans le Delta Central, cette situation, a priori d�favorable aux producteurs, semblerait n�anmoins en voie de changer dans la mesure o� les p�cheurs vendraient de plus en plus � des commer�ants autres que les cr�anciers, grossistes de mat�riels. Il se produirait en quelque sorte un effritement du syst�me de client�lisme, avec une certaine "rupture de la trilogie: grossistes de Mopti - fournisseurs en gros d'engins de p�che ou de c�r�ales - p�cheurs" (Weigel et Stomal, 1994). Sur le plan de la valorisation des produits de la p�che, on peut souligner que le commerce du poisson frais est plus cr�ateur de richesses, aussi bien pour les producteurs que pour les divers op�rateurs �conomiques de la fili�re. A titre d'exemple, sur le march� de gros de Mopti, le prix du tilapia en �quivalent frais pendant le premier trimestre 1995 a �t� de 213FCFA/kg pour le frais et de 63 FCFA/kg pour le fum� (d'apr�s les statistiques de l'Op�ration p�che Mopti - OPM). Par ailleurs, du point de vue de la distribution, un grossiste qui achemine un produit de la p�che de S�lingu� sur le march� de semi-gros de Bamako, d�gage un revenu brut de pr�s de 200FCFA/kg pour le poisson frais et de 150FCFA/kg pour le poisson transform�. 2.1.5 Consommation et demande de poisson. La consommation apparente de poisson au Mali est estim�e � 10,5kg/an/hab, ce qui traduit une demande importante en poisson en comparaison avec la situation dans d'autres pays enclav�s de l'Afrique. Au cours des quinze derni�res ann�es, la demande a pu �tre globalement satisfaite en d�pit des s�cheresses, gr�ce � la r�orientation des flux commerciaux vers les march�s int�rieurs (� partir de Mopti, la part de poisson export� par rapport � la production totale transitant par le port est ainsi pass�e de 20-25% pendant la deuxi�me moiti� des ann�es 80 � 15-20% depuis le d�but des ann�es 90), et � la production nouvelle de poissons de lacs de retenue. Dans une moindre mesure, la demande int�rieure a �galement pu �tre couverte par des produits d'importation en provenance du S�n�gal, congel�s ou s�ch�s. Ces importations ont retrouv� aujourd'hui un niveau marginal. Depuis le retour des crues, et aussi suite � la d�valuation r�cente du FCFA, les exportations de poisson ont �t� relanc�es. Pour les ann�es 1994/95 et 1995/96, les exportations sont estim�es entre 6000 � 9000 t/an en �quivalent frais. Celles-ci sont essentiellement orient�es vers la C�te d'Ivoire, le Burkina Faso et la Guin�e. S'agissant des prix du poisson au Mali sur les march�s, on constate qu'il existe des diff�rences significatives selon le mode de pr�sentation du produit, le prix du poisson frais �tant en moyenne 40% plus �lev� que celui du poisson transform� (en �quivalent frais). Au sein des diff�rents types de produit, on distingue �galement plusieurs cat�gories en fonction de l'esp�ce. Pour le march� du poisson fum� et du poisson frais, on peut ainsi distinguer globalement quatre cat�gories, dont le prix d'une extr�me � l'autre va du simple au triple. La premi�re cat�gorie comprend les capitaines (et clarias pour le fum� uniquement), la deuxi�me les auch�noglanes, Mormyrus, Chrysichtys..., la troisi�me les tilapias, synodontes, Labeo..., et la quatri�me les Schilbe, Citharinus, Alestes.... A qualit� �gale, le poisson en provenance du Delta Central est par ailleurs vendu plus cher sur les march�s de Bamako. Le tableau 1 donne des indications sur le prix du poisson au Mali � diff�rents stades de la fili�re p�che. On peut constater les diff�rences de prix significatives qu'il existe en. Tableau 1: Prix du poisson � diff�rents stades de la fili�re p�che au Mali (FCFA/kg). (source: La� et Weigel, 1994; OPM; Breuil et Quensi�re, 1995). Prix grossistes. Prix semi-gros. Prix d�tail. Ecart prix grossiste. -semi-gros. Mopti 95. Manantali 95. Faraba 94. Bamako 94. Bamako 95. Prov. Mopti. Prov. Mant. prov. S�ling. 205. 300. 300. 550. 800. 345. 250. 250. 210. 310. 290. 530. 900. 320. 220. 240. 180. 300. 275. 500. 850. 320. 200. 225. 190. 280. 205. 430. 850. 240. 150. 225. 210. -. 265. 515. 850. 305. -. 250. 610. 580. 455. 685. 1250. 75. 105. 230. 220. 285. 276. 514. 870. 294. 200. 237. 640. 480. 620. 810. -. 170. 330. 190. 300. 505. 680. 845. -. 545. 340. 165. 225. 425. 645. 820. -. 595. 395. 175. 200. 360. 495. 670. -. 470. 310. 175. 470. -. 595. 785. -. 315. -. 190. 665. -. -. -. 950. -. -. -. 710. 560. 835. 1140. -. 430. 580. 305. 431. 450. 618. 804. -. 372. 356. 185. 144. 150. 206. 268. -. 124. 118. 62. 530. 430. 585. 765. -. 235. 335. 180. 600. -. 600. 790. -. 190. -. 190. 790. 750. 1380. 1615. -. 825. 865. 235. 576. 446. 632. 819. -. 243. 361. 188. 192. 149. 211. 273. -. 81. 90. 47. 183. -. 229. 348. -. 198. 136. 115. r�gle g�n�rale entre les produits frais et transform�s. De m�me, on peut noter que les marges. commerciales des distributeurs sont nettement plus importantes pour le poisson de la zone delta�que que pour le poisson de barrage. On peut �galement mentionner les �carts importants qu'il existe entre les prix d'achat aux p�cheurs � S�lingu� et � Manantali, ceux-ci �tant en moyenne de 30 � 40% sup�rieurs � S�lingu�. Ces �carts pourraient �tre imputables � des co�ts de commercialisation particuli�rement �lev�s � Manantali. On peut �galement souligner que l'�lasticit� du prix du poisson transform� par rapport � la production est g�n�ralement assez faible (Weigel et Stomal, 1994). A titre d'exemple, le prix du poisson fum� � Bamako n'a pratiquement pas vari� depuis deux ans, malgr� la nette diminution de quantit� mise sur les march�s entre 1995 et 1996 (diminution de la production domestique et augmentation des exportations). Cette caract�ristique du march� emp�che notamment les p�cheurs de pouvoir compenser les diminutions de capture en p�riode de faible hydraulicit�, par une augmentation du prix de vente de leurs produits. En ce qui concerne le poisson frais, son prix d'achat aux producteurs a augment� depuis 2-3 ans, � mesure que les circuits de distribution se sont �tablis et que le nombre de commer�ants a augment�, et aussi compte tenu de l'augmentation de la taille des prises. 2.2 La pisciculture. Depuis les ann�es cinquante, divers types d'exp�riences aquacoles ont �t� entrepris dans diff�rents pays de l'Afrique de l'Ouest. Au Mali, les premi�res exp�riences en la mati�re sont cependant relativement r�centes. Elles ont �t� initi�es au d�but des ann�es 80, dans un contexte particulier caract�ris� par des d�ficits de production halieutique � la suite de la persistance de la s�cheresse. Le premier plan de d�veloppement aquacole a �t� financ� par l'USAID de 1979 � 1982. Son but �tait d'initier les paysans � l'�levage du poisson. Une station d'alevinage a �t� construite � San dans les p�rim�tres irrigu�s de la Compagnie malienne des textiles (CMDT), qui devait initialement en assurer l'alimentation en eau. Dans la pratique la station ne fut r�guli�rement aliment�e que pendant trois � cinq mois par an. Pour pallier ces probl�mes, la station fut dot�e d'un syst�me autonome de pompage pour pr�lever l'eau du Bani sur pr�s de 2 km, ce qui r�sulta en une augmentation significative des co�ts de fonctionnement. Parall�lement, quelques initiatives priv�es conduisirent � l'installation d'�tangs d'aquaculture (ex. domaine de T�rya-Bougou pr�s de San). En 1986, une aide d'urgence de l'OUA tenta de promouvoir la pisciculture en �tangs aupr�s des populations rurales dans la zone de l'Office du Niger (ON). Avec un syst�me d'irrigation couvrant plus de 100000ha, cette zone est en effet particuli�rement favorable au d�veloppement aquacole. En 1987, les volontaire de l'Association Fran�aise des Volontaires du Progr�s (AFVP) initi�rent un projet de vulgarisation de la pisciculture villageoise dans la zone de Niono. Plus de 200 �tangs furent construits sur la zone. Le projet de d�veloppement aquacole le plus important est cependant celui qui, financ� par le PNUD et ex�cut� par la FAO (projet MLI/86/001), se d�roula d'octobre 1987 � d�cembre 1992, pour un montant d'environ 2,2 millions$EU. La plupart des objectif assign�s au projet (appui technique � la station de San puis de Molodo pour la formation et la vulgarisation, formation des cadres et techniciens sup�rieurs, cr�ation de stations piscicoles, production d'alevins) ont �t� atteints. Un Centre national de formation, construit � Molodo, a notamment permis de cr�er un esprit de corps important parmi les producteurs et les agents d'encadrement du projet. En outre, quelques cadres sup�rieurs ont pu �tre form�s � l'�tranger. Trois stations d'alevinage ont �galement �t� construites pour la production d'alevins (Molodo, Kourouma et S�lingu�) et mises en service en collaboration avec d'autres partenaires institutionnels: OERHN � S�lingu�; et OUA et AFVP � Kourouma. Pendant toute sa p�riode d'activit� et conform�ment � sa vocation, le projet MLI/86/001 a f�d�r� l'ensemble des activit�s de d�veloppement de la pisciculture au Mali par l'entretien d'un vaste r�seau de collaboration. N�anmoins, � la cl�ture du projet en fin d'ann�e 1992, la plupart de ses activit�s ont �t� interrompues, pour diverses raisons dont le manque de financement pour le fonctionnement des installations, le manque d'implication des r�gions dans un projet pilot� depuis le d�but par l'administration centrale, et le manque de clart� dans le mandat des agents en poste dans les stations. La plupart des projets de d�veloppement de la pisciculture au Mali ont �t� con�us pour promouvoir une activit� r�mun�ratrice, c'est-�-dire une production destin�e � la commercialisation. Le mod�le technique type �tait celui d'une pisciculture intensive ou semi-intensive en �tang (superficie des �tangs de 3 ares pour une profondeur d'environ 60cm; empoissonnement � raison de 2 poissons au m�). Diverses tentatives d'empoissonnement ont �t� r�alis�es, la plus courante consistant � associer Oreochromis niloticus � Clarias gariepinus dans une proportion moyenne de 75%/25%, pour notamment �viter le nanisme provoqu� par la prolif�ration des tilapias. Les alevins d'Oreochromis sont aujourd'hui produits en bassins par les stations d'alevinage, tandis que les Clarias sont r�colt�s dans le milieu naturel et redistribu�s ensuite. La capture se fait � l'aide de nasses app�t�es pendant la saison fra�che (novembre-f�vrier). Dans les �tangs villageois supervis�s par l'AFVP, la production moyenne pour 3 ares d'�tang est en moyenne d'environ 120 kg pour sept mois d'�levage avec un poids moyen de 250g par tilapia. Cependant, il semblerait que, dans la pratique, les paysans pisciculteurs ne suivent pas les protocoles d'�levage de mani�re rigoureuse (m�thodes d'alimentation, de compostage, de respect des densit�s, du choix des esp�ces, etc). L'utilit� de certaines pratiques pourrait en effet ne pas �tre comprise des paysans, s'agissant en particulier des densit�s effectives, des p�ches de contr�le ou de l'entretien des bassins, voire du respect d'un calendrier de mise en charge et de r�colte. Malgr� les efforts consid�rables qui ont �t� faits par les agents d'encadrement, la diffusion de l'aquaculture intensive au Mali demeure globalement un �chec. Une production aquacole commerciale n'est en effet possible que lorsque certaines conditions techniques, �conomiques et sociales sont r�unies (ex. disponibilit� de terrains, d'eau en qualit� et en quantit� convenable, de sous-produits agricoles, de mat�riels et de mat�riaux, de main-d'oeuvre locale, etc). Les p�rim�tres irrigu�s par les retenues de S�lingu� et de Manantali offrent des conditions techniques favorables � ce type de pisciculture. N�anmoins, le contexte �conomique l'est bien moins dans la mesure o� ces zones sont �galement des zones � forte activit� halieutique, o� le prix du poisson est bas. En outre, en raison de l'�loignement des march�s et du manque de cha�nes de froid, le poisson d'�levage est souvent transform�, ce qui r�sulte en une mauvaise valorisation des produits. Par cons�quent, dans le court terme, l'�mergence d'une aquaculture intensive, � vocation commerciale, ne semble pas �tre un objectif �conomiquement r�aliste. En revanche, l'�levage extensif suscite aujourd'hui un int�r�t croissant aupr�s des agriculteurs localis�s dans des r�gions pr�sentant certaines caract�ristiques: poisson de capture relativement rare et cher; existence de conditions naturelles (topographie, disponibilit� de ressources en eau...) favorables; r�gions o� les efforts de promotion et de sensibilisation de l'activit� piscicole par l'administration ont port� leurs fruits. En plus des �tangs villageois, le monde paysan s'int�resse �galement � des formes d'�levage extensif dans des �tendues plus vastes offertes par les bancotti�res (carri�res de terres argileuse utilis�es pour la construction et formant � proximit� des villages de vastes d�pressions imperm�ables), les emprunts (ballasti�res �tablies pour la construction et l'entretien de digues, de pistes et de routes), ou les mares et autres petites collections d'eau. Dans ces conditions, le choix des paysans qui consiste � modifier le mod�le de production intensif propos� pour en adopter un autre beaucoup plus �conomique en temps et en investissement, devient parfaitement coh�rent. Les pisciculteurs g�rent en quelque sorte des "viviers am�lior�s" pour leur autoconsommation, et de fa�on tout � fait marginale pour la commercialisation (AFVP 1994). L'aquaculture, en tant qu'activit� compl�mentaire apportant � moindre co�t un surplus de ressources alimentaires aux groupes familiaux ou villageois, pourrait constituer un choix pertinent de diversification dans le contexte �conomique actuel. On observe du reste un int�r�t croissant du monde paysan pour l'�levage extensif en �tang, voire dans les �tendues plus vastes offertes par les bancotti�res (carri�res de terres argileuse utilis�es pour la construction et formant � proximit� des villages de vastes d�pressions imperm�ables), les emprunts (ballasti�res �tablies pour la construction et l'entretien de digues, de pistes et de routes), ou les mares et autres petites collections d'eau. Ainsi, d'apr�s les donn�es fournies par la station de Molodo, 335 �tangs seraient actuellement en service dans la zone de l'ON, pour un taux annuel de cr�ation d'�tangs de 8% en moyenne depuis 1992. En outre, certains aquaculteurs pr�financent actuellement les intrants n�cessaires � la station d'Etat de Molodo pour la production d'alevins. L'�levage aquacole est en passe de s'int�grer de mani�re durable aux gammes de pratiques productives des soci�t�s paysannes maliennes, ce qui constitue en soi un succ�s de la politique de vulgarisation aquacole. Dans certaines r�gions, la pisciculture apporte en effet aux paysans concern�s un compl�ment de nourriture, et constitue une source de revenus non n�gligeable. Dans l'attente du passage d'une aquaculture familiale � une aquaculture d'entreprise � caract�re commercial, il conviendrait de conforter la tendance actuelle en facilitant l'extension et la p�rennisation des exp�riences aquacoles entreprises par les communaut�s familiales et villageoises. La production d'alevins constitue cependant le goulet d'�tranglement de l'expansion aquacole. +Généralités +L'intégration agriculture-aquaculture à petite échelle offre une possibilité de développement +agricole durable. L'intégration agriculture-aquaculture offre des avantages particuliers qui +vont bien au-delà du rôle qu'elle joue dans le recyclage des déchets et de son importance dans +la promotion d'une meilleure gestion de l'eau en agriculture. Les poissons peuvent convertir +efficacement en protéines de grande valeur des aliments de catégorie inférieure et des déchets. +C’est quoi l’aquaculture ? +Le terme « aquaculture » recouvre toutes les formes d’élevage d’animaux et de culture de +plantes en eau douce, saumâtre ou salée. +C’est quoi la pisciculture ? +La pisciculture est une des branches de l’aquaculture qui désigne l’élevage des poissons. Cet +élevage se pratique dans des espaces entièrement ou partiellement clos (étangs, bassins en +béton ou en plastique, nasses ou cages, etc). + +C’est quoi la pisciculture intégrée ? +Il s’agit de l’introduction de l’élevage de poissons dans un milieu à vocation agricole. Le +procédé consiste à développer les deux activités, parallèlement ou séquentiellement, en +bénéficiant des avantages de l’une pour l’autre. En général, la pisciculture intégrée est plus +préconisée dans les zones rurales, notamment au niveau des exploitations agricoles moyennes +et petites, pour son apport notable en protéines. +AVANT-PROPOS. Un des plus grands handicaps au développement de la pisciculture à Madagascar est l'absence de documents techniques de base en langues française et/ou malgache. En effet, la plupart des quelques documents techniques sur l'aquaculture disponibles en Afrique et Madagascar sont, de nos jours, en langue anglaise. C'est à cet effet que le projet PNUD/FAO-MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins” a préparé ce document et en langue française et en langue malgache, traitant de l'élevage de la carpe commune et de la rizipisciculture en tenant compte des conditions qui prévalent sur les Hautes-Terres malgaches. Ces deux chapitres sont précédés d'un chapitre traitant de quelques notions de pisciculture générale. Plus tard, en fonction de l'essort que prendra la pisciculture à Madagascar, d'autres chapitres pourraient voir le jour comme l'élevage des carpes chinoises, l'élevage de tilapia, la vulgarisation piscicole, la gestion d'une ferme piscicole, …. Ce manuel servira de document de base pour les exploitants agricoles producteurs d'alevins en milieu rural et pour les agents de vulgarisation des services étatiques et non-étatiques. Ce document pourra également servir de base pour des cours de formation, en particulier les cours dans le cadre de tout projet régional de développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). La conception de ce manuel ainsi qu'une première série de fiches est de Monsieur Jean Pierre Marquet, expert-conseil auprès du projet. Par la suite, une équipe du projet composée d'experts nationaux et internationaux a adapté mais surtout complété cette première version du consultant. La présentation de ce manuel par fiches amovibles nous permettra de modifier, corriger, adapter le contenu de chaque fiche en fonction des résultats obtenus ultérieurement en milieu rural. L'équipe de rédaction de ce manuel est composée de (par ordre alphabétique): Colman Joris, Lardinois Pascal, Rabelahatra Alexandre, Rafaliarison Jeriniaina, van den Berg Frans et nous-mêmes. Les dessins sont de Monsieur Razafindrakoto Christian. Programme des Nations Unies pour le Développement Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture Antsirabe, Juillet 1992. Les liens hypertextes vers d'autres sites de l'Internet ne signifient nullement que l'Organisation approuve officiellement les opinions, id�es, donn�es ou produits qui y sont pr�sent�s, qu'elle en assume la responsabilit� ou qu'elle garantit la validit� des informations qui s'y trouvent. Leur seul objectif est d'indiquer o� trouver un compl�ment d'informations sur des th�mes apparent�s. Cette version num�rique du document a �t� scann�ris� en utilisant des logiciels de reconnaissance optique de texte (OCR). La FAO d�cline toute responsabilit� pour les �ventuelles diff�rences pouvant appara�tre dans ce document par rapport � la version imprim�e originale. TABLE DES MATIERES. 1. PISCICULTURE GENERALE. . 1.1. Prospection. . 1.1.1. Choix du site 1.1.2. Eau 1.1.3. Sol 1.1.4. Types de vallées utilisables. 1.2. Construction des étangs. . 1.2.1. Types d'étangs 1.2.2. Barrages 1.2.3. Techniques de nivellement 1.2.4. Différentes étapes de construction 1.2.5. Aménagement du canal d'alimentation 1.2.6. Aménagement du canal de vidange 1.2.7. Piquetage de l'étang. Dimensions des digues Contour de l'étang. 1.2.8. Préparation de l'assise des digues 1.2.9. Dispositifs de vidange 1.2.10. Construction des digues 1.2.11. Aménagement du fond d'un étang 1.2.12. Aménagement final d'un étang. 1.3. Gestion d'eau. . 1.3.1. Besoin en eau d'un étang piscicole. . Volume Infiltrations Evaporation Exemple. 1.3.2. Délai de remplissage 1.3.3. Alimentation en eau d'un étang piscicole. Source d'eau Mise sous eau Entretien. 1.4. Caractéristiques d'un étang piscicole. . 1.4.1. Généralités 1.4.2. Facteurs physico-chimiques. L'oxygène Température Le pH Turbidité. 1.4.3. La matière minérale/organique 1.4.4. Organismes vivants dans l'étang. Les végétaux Le zooplancton Les insectes Le benthos Les vertébrés Les bactéries. 1.4.5. Le cycle biologique 1.4.6. Le poisson. Généralités Le régime alimentaire La reproduction. 1.5. Système de production. . 1.5.1. Composantes d'un système de production 1.5.2. Caractéristiques de l'élevage de poissons 1.5.3. Importation. Alimentation naturelle simple Alimentation naturelle plus fertilisation Contrôle de la fertilisation Alimentation de complément Alimentation artificielle complète. 1.5.4. Transformation. . Généralités Monoculture Polyculture Autre. 1.5.5. Exportation. . 1.6. Matériel piscicole. . 1.6.1. Prospection. . Généralités Niveau à eau. 1.6.2. Construction des étangs. . Piquetage Digues. 1.6.3. Gestion d'eau 1.6.4. Elevage de poissons. Généralités Lutte contre les prédateurs Suivi de l'élevage Récolte Vidange Conditionnement. 2. ELEVAGE DE LA CARPE COMMUNE. . 2.1. Introduction. . 2.1.1. Les étapes de la production. . 2.2. La carpe commune en milieu naturel. . 2.2.1. Généralités 2.2.2. Alimentation 2.2.3. Reproduction. 2.3. Biologie de la reproduction. . 2.3.1. Age de la maturité sexuelle 2.3.2. Développement des produits sexuels. 2.4. Reproduction semi-artificielle. . 2.4.1. Nécessité du recours à la reproduction semi-artificielle 2.4.2. Les étapes de la reproduction semi-artificielle 2.4.3. Gestion de géniteurs. Construction d'un étang de géniteurs Préparation d'un étang de géniteurs Sélection de futurs géniteurs Marquage de reproducteurs Mise en charge Alimentation Pêche de géniteurs Choix de géniteurs Vidange d'un étang de géniteurs. 2.4.4. Reproduction induite. . Construction d'un étang de ponte Préparation d'un étang de ponte Mise en pose Récolte de géniteurs. 2.4.5. Rendement de la reproduction semi-artificielle. . 2.5. Alevinage en étang. . 2.5.1. Généralités 2.5.2. Constuction d'un étang d'alevinage 2.5.3. Préparation d'un étang d'alevinage 2.5.4. Incubation des œufs 2.5.5. L'élevage larvaire 2.5.6. L'élevage des post-larves et alevins. Généralités Fertilisation Aliment de complément Contrôle des prédateurs Récapitulatif. 2.5.7. Vidange d'un étang d'alevinage 2.5.8. Rendement d'un étang d'alevinage. 2.6. Grossissement en étang. . 2.6.1. Construction et préparation d'un étang de grossissement 2.6.2. Mise en charge 2.6.3. Fertilisation 2.6.4. Alimentation supplémentaire 2.6.5. Vidange d'un étang de grossissement 2.6.6. Rendement d'un étang de grossissement 2.6.7. Bilan financier d'un étang de grossissement. 2.7. Station type d'un producteur privé d'alevins. . 2.7.1. Dimensionnement d'une station type 2.7.2. Bilan financier d'une station type. 3. RIZIPISCICULTURE. . 3.1. Choix des rizières 3.2. Etendue du cycle rizipiscicole 3.3. Espéces de poisson à élever 3.4. Choix de la variété de riz à cultiver 3.5. Aménagement et préparation 3.6. Fertilisation 3.7. Empoissonnement 3.8. Alimentation complémentaire des poissons 3.9. Utilisation des produits phytosanitaires 3.10. Lutte contre les prédateurs 3.11. Récolte des poissons 3.12. Elevage de contre-saison en rizière aménagée 3.13. Gestion piscicole 3.14. Rendement rizicole 3.15. Rendement piscicole 3.16. Bilan financier d'une rizière empoissonnée. Bibliographie. . Unités de mesure. . +1. PISCICULTURE GENERALE (suite.). 1.5. SYSTEME DE PRODUCTION. 1.5.1. COMPOSANTES D'UN SYSTEME DE PRODUCTION (1). La pisciculture est un système de production qui est plus efficace par unité de surface que la pêche. Comme tout système de production, il comporte 3 phases : importation, transformation et exportation. 1.5.1. COMPOSANTES D'UN SYSTEME DE PRODUCTION (2). Par le contrôle des phases d'importation, de transformation et d'exportation du système de production, l'homme est parvenu à augmenter la production par unité de surface du système de production. 1.5.1. COMPOSANTES D'UN SYSTEME DE PRODUCTION (3). Les composantes d'un système de production sont très variables, mais on utilise les caractéristiques des phases d'importation, de transformation et d'exportation pour les classifier. 1.5.2. CARACTERISTIQUES DE L'ELEVAGE DE POISSONS (1). En pisciculture, la phase de transformation a pour objectif la transformation de nourriture en chair de poisson. 1.5.2. CARACTERISTIQUES DE L'ELEVAGE DE POISSONS (2). Le poisson utilise, en priorité, la nourriture ingérée pour assurer le fonctionnement de son métabolisme ou “entretien”, et ensuite le surplus, si il y en a, pour sa croissance. 1.5.2. CARACTERISTIQUES DE L'ELEVAGE DE POISSONS (3). La capacité de chaque poisson à utiliser la nourriture consommée peut être exprimée sous forme de capacité d'assimilation. Cette capacité d'assimilation est une caractéristique propre à chaque poisson. 1.5.2. CARACTERISTIQUES DE L'ELEVAGE DE POISSONS (4). Les qualités intrinsèques de la nourriture ingérée vont conditionner son utilisation par le transformateur qui est le poisson. 1.5.2. CARACTERISTIQUES DE L'ELEVAGE DE POISSONS (5). Le cœfficient nutritif caractérise, pour chaque poisson, sa capacité à transformer un aliment donné en gain de poids. Il dépend donc de deux facteurs : capacité d'assimilation et qualité de l'aliment. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION NATURELLE SIMPLE - (1). Le système de production en étang comportant la phase d'importation la plus élémentaire est dite avec alimentation naturelle simple. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION NATURELLE PLUS FERTILISATION - (2). Par la fertilisation, on augmente la production d'aliment naturel et favorise les exportations. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION NATURELLE PLUS FERTILISATION - (3). Pour augmenter la productivité d'aliment naturel, on peut apporter directement des matières organiques et des engrais minéraux dans l'étang. Les engrais minéraux ont une action rapide et ponctuelle tandis que les engrais organiques ont une action plus lente mais prolongée. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION NATURELLE PLUS FERTILISATION - (4). Beaucoup de déchets animaux et végétaux peuvent être décomposés et minéralisés dans une compostière : ils fournissent à moindre frais des matières minérales nécessaires au développement des organismes vivants dans l'étang. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION NATURELLE PLUS FERTILISATION - (5). On peut davantage fertiliser l'étang piscicole par des épandages d'engrais organiques et minéraux. Les épandages peuvent être optimisés en fonction du type d'engrais utilisé et de la fréquence des applications. 1.5.3. IMPORTATION - CONTROLE DE LA FERTILISATION - (6). Il est possible d'apprécier la quantité de nourriture naturelle disponible pour les poissons dans un étang, en mesurant la turbidité de l'eau occasionnée par le placton (couleur verte). 1.5.3. IMPORTATION - CONTROLE DE LA FERTILISATION - (7). Quand on descend progressivement le disque de Secchi dans l'eau, il arrive un moment où on ne distingue plus de la surface les facettes noires et blanches du disque. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION DE COMPLEMENT - (8). L'apport d'un aliment de complément joint à la fertilisation, permet d'augmenter les exportations du système de production piscicole avec ou sans augmentation du nombre de poissons mis en charge. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION DE COMPLEMENT - (9). En complément de la nourriture naturelle induite par la fertilisation des étangs (compost et épandage d'engrais), les poissons doivent recevoir des aliments artificiels supplémentaires adaptés à leurs besoins et dont les prix sont acceptables. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION DE COMPLEMENT - (10). La quantité d'aliment à distribuer dans un étang dépend du nombre de poissons à nourrir et de leur poids moyen individuel. 1.5.3. IMPORTATION - ALIMENTATION ARTIFICIELLE COMPLETE - (11). Les systèmes de production avec alimentation artificielle complète sont complexes et difficiles à mettre en place, mais permettent d'obtenir des exportations très performantes, autant en qualité qu'en quantité. 1.5.4. TRANSFORMATION - GENERALITES - (1). La phase de transformation piscicole est caractérisée entre autres par le milieu d'élevage, c'est-à-dire le milieu dans lequel les poissons sont confinés tout au long de la période d'élevage. 1.5.4. TRANSFORMATION - MONOCULTURE - (2). L'élevage en monoculture ou élevage d'une seule espèce, caractérise la phase de transformation d'un système de production. 1.5.4. TRANSFORMATION - POLYCULTURE - (3). Un autre système est la polyculture. Ce système, plus difficile à gérer que la monoculture, essaie d'utiliser au maximum les différentes sources d'aliment naturel d'un étang. En général, on augmente la quantité des exportations. 1.5.4. TRANSFORMATION - AUTRE - (4). On peut également associer la pisciculture à un autre élevage (porc, volaille, …) ou une culture (riz, …). 1.5.5. EXPORTATION. La phase d'exportation est la dernière phase de contrôle du système de production, les moyens d'action sur la phase d'exportation, en vue d'augmenter la production sont assez limités. 1.6. MATERIEL PISCICOLE. 1.6.1. PROSPECTION - GENERALITES - (1). La prospection et le choix du site requièrent du matériel qui est, soit disponible au service vulgarisation, soit à fabriquer soi-même. 1.6.1. PROSPECTION - NIVEAU A EAU - (2). Le niveau à eau en tuyau souple est un instrument très simple qui permet toutes les opérations de nivellement, que ce soit en pisciculture, en irrigation ou en agriculture. 1.6.2. CONSTRUCTION DES ETANGS - PIQUETAGE - (1). Un pisciculteur entreprenant peut aisément se fournir ou construire tout le matériel requis pour la phase de piquetage avant d'entreprendre la construction. 1.6.2. CONSTRUCTION DES ETANGS - DIGUES - (2). Les travaux de terrassement et de construction sont relativement simples. Néanmoins, un moyen pratique de compactage est indispensable. 1.6.3. GESTION D'EAU. Le système d'alimentation en eau de l'étang peut être équipé de diverses manières pour éviter la pénétration d'intrus dans l'étang ou pour améliorer l'oxygénation de l'eau. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - GENERALITES - (1). Pour l'élevage des poissons, c'est-à-dire pour un système de production piscicole, quelque matériel comme une balance ou un peson, brouette, des soubiques et un demi-fût, est indispensable pour suivre la phase d'importation. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - LUTTE CONTRE LES PREDATEURS - (2). Durant l'élevage, l'objectif consiste à produire du poisson et tous les organismes, non seulement les prédateurs, mais ausi tout ceux qui sont dommageables à la production, doivent être combattus. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - SUIVI DE L'ELEVAGE - (3). Le suivi de l'élevage requiert du matériel professionnel comme : un disque de Secchi, un filet à plancton, un thermomètre, un pH mètre ou un oxymètre. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - SUIVI DE L'ELEVAGE - (4). Un pisciculteur confirmé aura souvent recours au disque de Secchi pour mesurer la turbidité, il lui sera donc utile d'en construire un (voir fiche 1.5.3.(6)). 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - SUIVI DE L'ELEVAGE - (5). Le marquage des poissons permet d'identifier des sujets sur plusieurs campagnes et de suivre les performances individuellement comme celles des géniteurs. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - SUIVI DE L'ELEVAGE - (6). L'ichtyomètre est un appareil qui sert à mesurer les poissons et cela de manière uniforme et pratique. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - RECOLTE - (7). Les exportations, ou même plus simplement les récoltes partielles ou totales pour les manipulations requièrent un équipement de pêche performant pour que les méthodes de captures soient les moins préjudiciables aux poissons. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - RECOLTE - (8). Un filet senne est un équipement de pêche performant, indispensable pour pêcher des géniteurs ou des alevins de façon rapide sans les blesser. Chaque producteur d'alevins performant devrait avoir une senne, malgré son prix élevé. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - RECOLTE - (9). Pour manipuler des alevins, une petite épuisette ronde est indispensable. A défaut, de petites épuisettes en plastique sont disponibles dans le commerce. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - RECOLTE - (10). Il existe divers modèles d'épuisette qui sont plus ou moins adaptés à des utilisations spécifiques. Il est important de choisir le mieux adapté à chaque type d'opération. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - VIDANGE - (11). Une caisse de capture mobile à placer derrière le tuyau de vidange permet de récolter facilement les poissons pendant une vidange. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - CONDITIONNEMENT - (12). Pour le conditionnement ou plus simplement pour le stockage temporaire de poissons, l'utilisation d'un hapa est très appréciable. 1.6.4. ELEVAGE DE POISSONS - CONDITIONNEMENT - (13). En attendant l'acquisition d'un hapa, on peut stocker les alevins, pour une courte période, dans une nasse ou dans un fût. Seulement le nombre d'alevins à stocker est beaucoup plus faible. +Rapport de l'état de l’agriculture en Afrique. EN. FR. Commerce. Articles associés. Des défis subsistent pour l’intégration commerciale en Afrique de l’Ouest. Le commerce peut soutenir l'atténuation et l'adaptation au changement climatique dans le secteur agricole africain, selon de nouvelles données. Flambée des prix du cacao : divers impacts et implications pour les principaux producteurs ouest-africains. Sécheresse en Afrique australe : impacts sur la production de maïs. Transformer l’agriculture africaine grâce au développement inclusif des chaînes de valeur agricoles. Le dernier Rapport d’avancement de l’agriculture en Afrique lancé la semaine dernière par l’ Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA) , fait état de progrès significatifs dans le secteur agricole africain après une décennie d’une attention accrue de la part des gouvernements et de la communauté internationale. Les investissements dans l’agriculture de la part des gouvernements et des acteurs du secteur privé ont augmenté dans de nombreux pays de la région ; et on constate une augmentation de la productivité agricole, une meilleure nutrition et une augmentation des opportunités de travail non-agricole dans le système agroalimentaire de la région qui est actuellement en pleine croissance. La transformation agricole est actuellement en marche en Afrique grâce à un certain nombre de facteurs. En effet, le secteur agricole évolue progressivement du statut de secteur de subsistance – axé sur les exploitations agricoles – à un secteur agroalimentaire productif plus commercialisé. Parmi ces facteurs, on peut citer : une volonté politique accrue ; la création d’un environnement favorable (en grande partie grâce au cadre du Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique – PDDAA) ; l’utilisation de la technologie numérique et d’intrants agricoles modernes ; et un meilleur accès aux financements et aux marchés pour les petits exploitants agricoles. Les dépenses publiques au niveau national consacrées à l’agriculture ont évolué en moyenne de 128,55 millions de dollars US en 1995-2003 à $ 219,62 millions en 2008-2014. La part des dépenses agricoles des gouvernements africains dans le PIB agricole total est passée pendant la même période de 5,1 pour cent à 5,8 pour cent. Le rapport a montré que la part de la population africaine vivant de l’agriculture à petite échelle comme principale activité génératrice de revenus s’inscrit aujourd’hui entre 40 et 65 pour cent. Il y a dix ans, ce chiffre se situait entre 60 et 80 pour cent. A mesure que la productivité agricole augmente, on note une tendance de l’emploi vers les secteurs non-agricoles ; il semble que de nombreux pays africains font actuellement l’expérience de cette tendance. La plus grande variété d’opportunités d’emplois non-agricoles peut aider les agriculteurs de subsistance à sortir de la pauvreté ; le rapport indique que ce mouvement a largement contribué à la réduction de la pauvreté rurale ces dix dernières années. L’augmentation future des emplois non-agricoles aidera à susciter le développement économique à travers la région. Le chapitre 2 souligne que cet intérêt renouvelé pour le secteur agricole en Afrique peut être en grande partie attribué au PDDAA, lequel fournit un cadre pour l’augmentation des investissements agricoles et de la productivité, réduisant la pauvreté et assurant la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Malgré la variation des degrés d’adoption et de mise en œuvre des résolutions du PDDAA, l’analyse préliminaire suggère que les gouvernements qui ont mis en œuvre l’agenda du PDDAA le plus tôt ont connu une plus importante croissance de la productivité agricole et une plus importante réduction de la pauvreté que leurs homologues qui ont mis en œuvre l’agenda plus tard ou pas du tout. Une tendance similaire peut être constatée dans la baisse de la malnutrition. Selon le rapport, les pays qui ont adopté l’agenda du PDDAA ont connu des baisses annuelles de la malnutrition de 2,4 et 5,7 pour cent au cours des dix dernières années, alors que les pays qui n’ont pas adopté l’agenda ont enregistré une baisse d’à peine 1,2 pour cent. Le PIB par habitant augmente à travers la région pour la première fois depuis 1990 ; cette croissance s’est étendue à tous les secteurs, y compris l’agriculture. Entre 2000 et 2014, le PIB par habitant a augmenté en moyenne de 2,3 pour cent pour l’Afrique. Pour comparaison, les taux de croissance mondiaux du PIB ont augmenté de 2,5 pour cent. Cette hausse constante du PIB a permis de réduire l’incidence de la pauvreté (15,5 pour cent en 1995-2003 à 12,5 pour cent en 2008-2014). Certes, la décennie passée a été une période de progrès énormes pour l’Afrique, mais de nombreux défis restent à relever pour atteindre les objectifs de développement établis par les Objectifs de Développement Durable et la Déclaration de Malabo de 2014. Le rapport met en avant plusieurs recommandations adressées aux décideurs politiques en Afrique et aux partenaires du développement pour maintenir la dynamique positive constatée au cours des dix dernières années. La première recommandation : le financement continu et croissant du secteur agricole, en particulier pour la recherche agricole et le développement pour assurer la disponibilité de variétés de semences améliorées et de stratégies d’adaptation au changement climatique. Entre autres investissements importants, celui des infrastructures de transport, pour réduire les coûts des transports et mieux connecter les zones rurales aux marchés à forte valeur ajoutée. La seconde recommandation consiste à améliorer et étendre les services de vulgarisation agricoles qui permettront d’aider les agriculteurs à acquérir les compétences nécessaires pour naviguer dans le nouveau système agroalimentaire en Afrique. Ces services devraient couvrir l’utilisation de la technologie numérique, la gestion des exploitations agricoles modernes, l’utilisation des intrants, l’adaptation face au changement climatique, le financement et la commercialisation. Troisième recommandation : les investissements privés dans les chaînes de valeur agricoles, les chaînes d’approvisionnement en intrants et le secteur agricole en général, devraient être encouragés. Cela aidera à améliorer les conditions d’accès au marché. Enfin, les gouvernements doivent veiller à ce que les politiques agricoles soient inclusives. La croissance durable à long terme dans le secteur agricole ne sera possible que si les petits agriculteurs, les femmes, les minorités et les jeunes peuvent y participer de manière équitable. De plus, d’importantes lacunes de connaissance persistent concernant l’impact du PDDAA sur les indicateurs de sécurité alimentaire et de nutrition dans la région. Le Portail de la Sécurité Alimentaire de l’Afrique Sub-saharienne réalise actuellement un sondage en ligne pour aider à identifier ces lacunes et à établir les priorités de la recherche future. Le Rapport d’Avancement de l’Agriculture en Afrique a été lancé lors du sixième Forum sur la Révolution Verte en Afrique (AGRF) à Nairobi, où les leaders, hommes d’affaires africains, et principaux partenaires au développement, ont engagé 30 milliards de dollars pour augmenter la productivité agricole, les revenus et les emplois dans la région au cours des dix prochaines années, dans le cadre de la nouvelle initiative « Seize the Moment ». +Agriculture : succès du maraîchage en Afrique francophone. En dix ans, la production de fruits et légumes a grimpé de 50 % en Afrique francophone. Résultat : des économies au niveau local et d’importantes recettes à l’exportation. À Dakar, l’entreprise Safina récolte et trie les mangues destinées à la France. © SYLVAIN CHERKAOUI pour JA. Offert en accès libre par. Marion Douet. Marion Douet. Publié le 19 avril 2017 Lecture : 6 minutes. Agriculture : l’Afrique tire son épingle du jeu. Que ce soit avec le maraîchage en Afrique de l’Ouest, l’industrie agroalimentaire au Maroc ou encore le secteur du parfum à Madagascar, le continent se révèle plein de ressources lorsqu’il s’agit d’exploiter sa première source de richesse. En Afrique francophone, la production de fruits et légumes a progressé de plus de 50 % en dix ans (entre 2004 et 2014), selon des statistiques de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Soit pas moins de 43 millions de tonnes pour l’Afrique de l’Ouest et 18 millions pour l’Afrique centrale, grâce notamment à une augmentation des surfaces cultivées (+ 4 millions d’hectares sur la période). Cette forte progression concerne aussi bien les cultures produites pour satisfaire les marchés locaux, majoritaires, que celles destinées aux exportations, qui représentent moins de 10 % des volumes dans chaque pays. « Il y a un développement important du maraîchage, comme on l’observe au Sénégal, dont le climat est très favorable et où un système logistique efficace a été mis en place ». Ainsi, la quantité de mangues ivoiriennes expédiées en Europe a augmenté de près de 50 % en 2016 tandis que le Sénégal annonce s’être rapproché de l’autosuffisance dans la culture des oignons et des pommes de terre, avec pour cette dernière une production de près de 90 000 t pour une consommation annuelle de 95 000 t. « Il y a un développement important du maraîchage, comme on l’observe au Sénégal, dont le climat est très favorable et où un système logistique efficace a été mis en place », confirme Hubert de Bon, chercheur spécialiste de ce secteur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Objectif : autosuffisance. Pourquoi un tel engouement ? Avant tout parce que ces cultures portent la promesse d’importantes recettes, mais aussi d’économies. À l’export, elles représentent des entrées de devises, souvent complémentaires à celles des grandes cultures de rente comme le cacao, l’arachide ou le coton. Des revenus qui ne sont pas soumis aux secousses spéculatives des marchés mondiaux, car les prix des fruits et légumes sont globalement stables. Quant aux récoltes vendues localement, elles permettent de limiter d’autant les importations provenant de pays extérieurs à la zone CFA, donc les sorties de devises. Le développement du maraîchage sert « les objectifs d’autosuffisance alimentaire, notamment sur les fruits et légumes de grande consommation comme les pommes de terre », note Macoumba Diouf, chargé du maraîchage au ministère sénégalais de l’Agriculture. Dans notre pays, les fruits et légumes sont avant tout destinés à la consommation locale. Conscients de cet enjeu, les États prennent des mesures pour faciliter la commercialisation des productions nationales, telles que le blocage des importations en période de récolte, comme au Sénégal, pour préserver la production d’oignons, ou encore le développement d’infrastructures permettant d’étendre les périmètres cultivés, comme en Côte d’Ivoire. « Dans notre pays, les fruits et légumes sont avant tout destinés à la consommation locale. Dans le contexte de changement climatique, nous avons donc mis en place un programme d’irrigation totale pour pouvoir produire en toutes saisons », souligne Nouhoun Coulibaly, directeur général de la planification au ministère ivoirien de l’Agriculture. Visibilité. Pour les producteurs, le marché export reste cependant le plus intéressant. « Sur la pastèque, par exemple, on gagne trois fois plus, soit 1 000 F CFA à l’export, contre 300 quand nous vendons aux commerçants locaux, sauf en période de forte demande, comme le ramadan », explique Hamidou Kane, de la coopérative sénégalaise Delta Prim. Pour cette structure, qui produit aussi des melons et des courges butternut dans la région de la vallée du fleuve Sénégal, près de Saint-Louis, l’export offre également une meilleure planification de la production sur l’année. « Ce sont des contrats qui courent sur plusieurs mois, ce qui nous donne de la visibilité et nous permet de mieux rentabiliser les parcelles », ajoute-t-il en marge du Salon de l’agriculture de Paris, où il est venu faire le plein de contacts, après avoir participé à la foire Fruit Logistica de Berlin quelques jours plus tôt. La répartition binaire des productions, avec, d’un côté, celles destinées au marché local et, de l’autre, celles qui seront exportées, est en pleine évolution. Dans les grands centres urbains, les classes moyennes sont à l’origine d’une demande nouvelle en matière de choix, de prix, de qualité et de modes de consommation. Secteur informel. Elles boostent la part des supermarchés dans le secteur de la distribution, jusque-là dominé par le secteur informel. « Il y a une clientèle qui recherche des produits de qualité équivalente à ceux qui sont exportés. Ce marché reste étroit, mais il connaît une progression ces dernières années, par exemple d’environ 30 % par an pour les bananes », observe Jean-Marc Gravellini, vice-président Afrique du groupe français Compagnie fruitière. Pour servir les supermarchés urbains, les filières maraîchères souffrent d’un manque d’organisations coopératives et d’exploitations de taille intermédiaire. Pour le moment, l’essentiel des producteurs n’a pas accès à ces circuits de distribution : la production de fruits et légumes est très majoritairement assurée par des milliers de petits exploitants, uniquement tournés vers le marché informel. « Jusqu’ici, les petites exploitations ne nous garantissaient pas de production suffisamment régulière en qualité et en quantité, tandis que les sociétés d’export, les grandes fermes, n’étaient pas conçues pour nous approvisionner », explique Gérard Blin, directeur alimentaire de Mercure International, qui exploite la franchise Casino en Afrique francophone. « Pour servir les supermarchés urbains, les filières maraîchères souffrent, dit-il, d’un manque d’organisations coopératives et d’exploitations de taille intermédiaire. Néanmoins, des initiatives apparaissent et nous permettent de développer les achats locaux, comme au Congo, avec par exemple l’installation récente des Domaines de Djeno, près de Pointe-Noire [600 t d’aubergines, choux, courgettes, carottes, melons et autres salades prévues cette année]. ». Bataille. À leur tour, les exportateurs s’intéressent peu à peu à cette demande locale. Depuis deux ans, Compagnie fruitière s’est implantée en Côte d’Ivoire, où elle commercialise des produits maraîchers (issus en partie d’exploitations tierces). « Il s’agit pour nous de petits volumes, environ 1 000 t aujourd’hui, mais les niveaux de rémunération sont tout à fait satisfaisants », explique Jean-Marc Gravellini, qui compte parmi ses clients le groupe Carrefour, installé depuis un an à Abidjan et qui projette d’ouvrir prochainement d’autres magasins sur le continent. Les perspectives ouvertes par ce marché local grandissant sont d’autant plus attrayantes que la bataille pour les parts de marché se fait plus rude en Europe. Non seulement les tomates cerises sénégalaises de la Compagnie fruitière voient leur « fenêtre commerciale se réduire » à quelques mois par an (en raison de l’explosion de la production sous serre au nord de la Méditerranée), mais, surtout, ses bananes font face à la concurrence grandissante des pays d’Amérique centrale. « En effet, les “bananes dollar”, beaucoup moins chères grâce à des économies d’échelle, sont de moins en moins taxées à leur entrée en Europe, et c’est très préoccupant », explique-t-il. De quoi menacer le modèle de la Compagnie fruitière, pensé pour l’export grâce à un accès sans barrières douanières au marché européen. Quand La Compagnie fruitière se met au vert. Face à une demande croissante en Europe, le groupe Compagnie fruitière développe son offre bio, voire bio-équitable, pour ses productions destinées à l’export. « C’est une tendance forte, un marché qui se développe. Les consommateurs sont attentifs à la qualité, aux conditions de production et à leur impact environnemental et social », explique Jean-Marc Gravellini, vice-président Afrique du groupe. Au Ghana, le label bio-équitable a été obtenu pour les bananes, tandis qu’au Cameroun la certification fairtrade concerne une grande partie de ses exploitations. Des schémas que la compagnie entend développer de plus en plus, passant de 20 % de bio actuellement – avec environ cinq ans d’expérience – à 50 % dans les années à venir. L'éco du jour. Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique. +Les femmes rurales heureuses de faire du maraîchage pour la première fois. Grâce aux activités du projet AVRDC/PAM, les femmes du village de Soya cultivent pour la première fois les légumes qu’elles peuvent également consommer. Une nouvelle pratique de culture qui leur paraissait impossible autrefois. « Par le passé, nous ne mangions presque pas les légumes et nos enfants étaient très souvent malades », explique Djelika Diarra, membre de la coopérative Benkadi du village de Soya, commune de Boidié, dans la région de Koulikoro au Mali. Soya est une zone principalement céréalière. Les populations de ce petit village sont pour la plupart des agriculteurs et vivent des cultures qu’elles produisent. « Nous avons toujours cultivé le sorgho, le mil et le maïs que nous utilisons pour nourrir nos familles », reconnaît Bafing Diarra, lui aussi membre de la coopérative Benkadi. Depuis maintenant un an, les membres de la coopérative Benkadi cultivent pour la première fois les produits maraîchers comme la tomate, le gombo, l’aubergine africaine, le piment, etc. « Personne ne mettait des légumes dans sa marmite à Soya avant l’arrivée du projet AVRDC/PAM », témoigne Djelika Diarra. Un avis largement partagé par les membres de la coopérative, notamment les femmes. En effet, au Mali, la production de légumes reste très saisonnière et bien inférieure à son potentiel en raison de contraintes techniques, institutionnelles et organisationnelles. Le climat du pays étant varié, avec une saison des pluies et une saison sèche, la production de légumes est souvent plus abondante pendant la saison des pluies, lorsque l'eau est davantage disponible. Les agriculteurs en milieu rural cultivent une variété de légumes, notamment des légumes-feuilles (comme les épinards et le chou), et des légumes-fruits (comme les tomates et les piments). Cependant, la maîtrise des techniques de production reste faible dans beaucoup de régions du pays comme Ségou et Koulikoro. « WorldVeg Center, à travers cette une initiative du PAM, a développé des variétés de légumes adaptées aux conditions météorologiques extrêmes et plus tolérantes aux ravageurs et aux maladies. Ces variétés sont ensuite proposées aux populations des localités d’intervention », explique Fatoumata Dougoune, coach en business de WorldVeg. Marché rentable. Au Mali, la culture maraîchère représente une véritable source de revenus pour les femmes rurales. En plus de pouvoir consommer elles-mêmes les légumes produits, elles vendent également une partie au marché. « Lorsque je vends au marché, j’utilise l’argent pour les besoins des enfants. Je n’attends plus mon mari pour les petites dépenses, je les fais moi-même », témoigne Fanta Traoré, membre de la coopérative. Comme elle, les femmes du village de Soya se disent chanceuses que leur village a été choisi par le projet AVRDC/PAM comme zone d’intervention. Dans l’objectif de diversifier la consommation de légumes pour tirer le meilleur parti de leurs bienfaits nutritionnels, le projet a également renforcé les capacités des femmes bénéficiaires dans la transformation des légumes comme la tomate et le piment. « Nous avons appris à faire de la purée de tomate et du piment que nous pouvons vendre sur les marchés », explique la présidente de la coopérative. En effet, les membres de la coopérative ont bénéficié de diverses formations à la fois sur le repiquage, la préparation des pépinières, l’installation des jardins hors-sol et la technologie de Zero Energy Cooling Chamber. Toutes ces activités visent à améliorer la résilience des populations bénéficiaires en mettant en œuvre de nouvelles technologies de production maraîchère dans les périmètres maraîchers dans les localités rurales. Réseaux d’affaires. Le projet a également aidé les coopératives paysannes à s’organiser en réseaux d’affaires dans le secteur du maraîchage. World Vegetable Center utilise l’approche dite de Réseau d’entreprises Maraîchères (REM). Cette approche consiste donc à mobiliser des coachs en business pour l’identification et la mise en place REM. « Nous évaluons les capacités des bénéficiaires après la phase d’identification », explique Boubacar Goro, coach en business de WorldVeg. Au Mali, de nombreux projets comme celui du PAM participent activement à la formation des paysans afin de les aider à faire face aux aléas climatiques. Les femmes rurales, quant à elles, sont pour la majorité intéressées par la culture maraîchère et l’élevage des petits ruminants comme la chèvre et le mouton. Toutes ces initiatives d’organisation internationale ont pour but de lutter contre l’insécurité alimentaire au Mali et de favoriser l’autonomisation des femmes rurales. Nos publications. +Les femmes rurales heureuses de faire du maraîchage pour la première fois. Grâce aux activités du projet AVRDC/PAM, les femmes du village de Soya cultivent pour la première fois les légumes qu’elles peuvent également consommer. Une nouvelle pratique de culture qui leur paraissait impossible autrefois. « Par le passé, nous ne mangions presque pas les légumes et nos enfants étaient très souvent malades », explique Djelika Diarra, membre de la coopérative Benkadi du village de Soya, commune de Boidié, dans la région de Koulikoro au Mali. Soya est une zone principalement céréalière. Les populations de ce petit village sont pour la plupart des agriculteurs et vivent des cultures qu’elles produisent. « Nous avons toujours cultivé le sorgho, le mil et le maïs que nous utilisons pour nourrir nos familles », reconnaît Bafing Diarra, lui aussi membre de la coopérative Benkadi. Depuis maintenant un an, les membres de la coopérative Benkadi cultivent pour la première fois les produits maraîchers comme la tomate, le gombo, l’aubergine africaine, le piment, etc. « Personne ne mettait des légumes dans sa marmite à Soya avant l’arrivée du projet AVRDC/PAM », témoigne Djelika Diarra. Un avis largement partagé par les membres de la coopérative, notamment les femmes. En effet, au Mali, la production de légumes reste très saisonnière et bien inférieure à son potentiel en raison de contraintes techniques, institutionnelles et organisationnelles. Le climat du pays étant varié, avec une saison des pluies et une saison sèche, la production de légumes est souvent plus abondante pendant la saison des pluies, lorsque l'eau est davantage disponible. Les agriculteurs en milieu rural cultivent une variété de légumes, notamment des légumes-feuilles (comme les épinards et le chou), et des légumes-fruits (comme les tomates et les piments). Cependant, la maîtrise des techniques de production reste faible dans beaucoup de régions du pays comme Ségou et Koulikoro. « WorldVeg Center, à travers cette une initiative du PAM, a développé des variétés de légumes adaptées aux conditions météorologiques extrêmes et plus tolérantes aux ravageurs et aux maladies. Ces variétés sont ensuite proposées aux populations des localités d’intervention », explique Fatoumata Dougoune, coach en business de WorldVeg. Marché rentable. Au Mali, la culture maraîchère représente une véritable source de revenus pour les femmes rurales. En plus de pouvoir consommer elles-mêmes les légumes produits, elles vendent également une partie au marché. « Lorsque je vends au marché, j’utilise l’argent pour les besoins des enfants. Je n’attends plus mon mari pour les petites dépenses, je les fais moi-même », témoigne Fanta Traoré, membre de la coopérative. Comme elle, les femmes du village de Soya se disent chanceuses que leur village a été choisi par le projet AVRDC/PAM comme zone d’intervention. Dans l’objectif de diversifier la consommation de légumes pour tirer le meilleur parti de leurs bienfaits nutritionnels, le projet a également renforcé les capacités des femmes bénéficiaires dans la transformation des légumes comme la tomate et le piment. « Nous avons appris à faire de la purée de tomate et du piment que nous pouvons vendre sur les marchés », explique la présidente de la coopérative. En effet, les membres de la coopérative ont bénéficié de diverses formations à la fois sur le repiquage, la préparation des pépinières, l’installation des jardins hors-sol et la technologie de Zero Energy Cooling Chamber. Toutes ces activités visent à améliorer la résilience des populations bénéficiaires en mettant en œuvre de nouvelles technologies de production maraîchère dans les périmètres maraîchers dans les localités rurales. Réseaux d’affaires. Le projet a également aidé les coopératives paysannes à s’organiser en réseaux d’affaires dans le secteur du maraîchage. World Vegetable Center utilise l’approche dite de Réseau d’entreprises Maraîchères (REM). Cette approche consiste donc à mobiliser des coachs en business pour l’identification et la mise en place REM. « Nous évaluons les capacités des bénéficiaires après la phase d’identification », explique Boubacar Goro, coach en business de WorldVeg. Au Mali, de nombreux projets comme celui du PAM participent activement à la formation des paysans afin de les aider à faire face aux aléas climatiques. Les femmes rurales, quant à elles, sont pour la majorité intéressées par la culture maraîchère et l’élevage des petits ruminants comme la chèvre et le mouton. Toutes ces initiatives d’organisation internationale ont pour but de lutter contre l’insécurité alimentaire au Mali et de favoriser l’autonomisation des femmes rurales. +Prolonger la durée de vie post-récolte des produits frais. Manutention après récolte. Par: Robert Walle. Publié: 13/07/2023. De: Notes de développement de ECHO (EDN) | EDN Numéro 160. De: Notes de développement de ECHO (EDN) | EDN Numéro 160. La production alimentaire est importante, mais les agriculteurs doivent également se protéger contre les pertes de récolte avant la consommation ou la vente. Les fruits et légumes frais ont une valeur élevée mais sont susceptibles de se détériorer. L’amélioration des pratiques post-récolte aide les agriculteurs à réaliser des ventes rentables. Cela peut faire la différence entre une entreprise agricole prospère et la simple culture de cultures. Tenez compte de toutes les manipulations nécessaires du produit afin qu’il soit d’une maturité et d’une qualité acceptables pour l’utilisateur final. Selon la chaîne de valeur, l’utilisateur final peut être un intermédiaire ou le consommateur final de produits frais. De nombreuses pratiques post-récolte nécessitent des investissements à grande échelle dans des infrastructures et/ou l’énergie. Les transporteurs et les moissonneurs donnent la priorité à leurs propres économies, ce qui rend difficile pour les petits agriculteurs de gagner des revenus. Les intermédiaires et les détaillants génèrent la plupart des bénéfices en dehors de la ferme, avec des processus inaccessibles au petit agriculteur. Cet article se concentre sur les pratiques post-récolte simples que les petits agriculteurs peuvent mettre en œuvre pour augmenter leurs revenus à partir des produits récoltés. Récolte. Une bonne récolte des fruits et légumes est la première étape d’un long processus aboutissant à la vente et à la consommation. La réduction des dégâts (ecchymoses, coupures, abrasions de surface ou écrasement) pendant la récolte améliore la qualité à ce stade de la chaîne de valeur. Wagner et al. (2000) ont identifié les ecchymoses comme la première blessure post-récolte des tomates. Motis (2022) fournit des exemples de pratiques simples telles que les sacs de récolte et la manipulation en douceur que les petits producteurs peuvent appliquer. Laisser certaines cultures dans le champ jusqu’à la vente ou le transport est possible. Les agriculteurs laissent des cultures telles que les carottes (Daucus carota), les patates douces (Ipomoea batatas), le manioc (Manihot esculenta ; racines) et les pommes de terre (Solanum tuberosum ; tubercules) dans les champs jusqu’à ce qu’elles soient vendues ou transportées. Surveillez l’exposition des cultures aux ravageurs et aux maladies jusqu’à la vente. Figure 7. Maille en mousse protégeant la papaye et permettant la ventilation. Appliqué par les travailleurs sur le terrain pendant la récolte. Source: Robert Walle. Couches protectrices. De nombreux agriculteurs utilisent les feuilles des cultures pour protéger les cultures récoltées pendant le transport. Ceci est le plus courant pour les cultures crucifères (brocoli, chou-fleur, chou). Ces feuilles transportent de la saleté et des maladies que les processus post-récolte ultérieurs doivent éliminer. Les exportateurs peuvent fournir aux agriculteurs des manchons en mousse pour protéger leurs produits avant le transport (Figure 7). Les petits producteurs ont certains avantages dans la récolte tels que la flexibilité et la fréquence de la récolte. Ils peuvent récolter plus tôt lorsque les fruits et légumes sont plus fermes et plus faciles à transporter. Ils peuvent récolter plus tard, lorsque les récoltes sont les plus savoureuses pour le consommateur. Les agriculteurs peuvent également récolter plus fréquemment pour répondre à la demande du marché (Kitinoja et Kader, 2015). Le tri. La demande des consommateurs, souvent façonnée par les préférences culturelles, détermine les caractéristiques des fruits et légumes qui obtiennent les meilleurs prix. Le tri permet aux agriculteurs de présenter un produit de taille, de maturité et de qualité uniformes. Les agriculteurs peuvent gagner plus en utilisant des critères de tri basés sur les caractéristiques souhaitées par le marché. Le tri élimine également les produits présentant des défauts. Retirez les produits endommagés (invendables) et malades (propagation de la pourriture et des maladies au reste de la culture) avant d’autres pratiques post-récolte. Cela réduit la propagation des maladies plus tard dans la chaîne de valeur et améliore l’économie de l’espace de stockage. La taille. Les anneaux qui correspondent à la taille ou aux grades (diamètres spécifiques) sont un outil courant pour les travailleurs qui trient les produits. On peut réaliser des anneaux de tailles standards en utilisant du fil pour mesurer la taille des fruits et légumes (Post Harvest Innovation Series n°2, 2012). Les travailleurs montent les anneaux au-dessus des contenants pour faciliter les opérations de tri et réduire les efforts (FAO, 2004). Minimisez les manipulations brutales et utilisez des contenants qui protègent les produits contre les meurtrissures et les dégâts. La couleur. La couleur du fruit indique l’étape du produit dans le processus de maturation. Les tomates deviennent rouges lorsqu’elles sont mûres et prêtes à être consommées. Mais les tomates récoltées au stade « casse », lorsque la couleur passe pour la première fois du vert au rouge, sont les plus précieuses en tant que fruits les plus susceptibles de survivre au transport. Post Harvest Innovation Series (n° 4, 2012) a montré que le tri par couleur augmentait la valeur des tomates, des concombres et des piments. Les spécialistes du marketing peuvent utiliser la photographie numérique pour créer des nuanciers simples qui reflètent les préférences du marché local. Pour plus de cohérence, prenez des photos le même jour, à la même heure et avec le même arrière-plan. Après le tri, les agriculteurs commercialisent le produit. La plupart des intermédiaires auront une norme générale pour l’acceptation d’un produit au bord du champ. Ils seront plus susceptibles d’accepter des produits qui ont déjà été triés pour répondre à la norme de qualité. Les acheteurs sur le terrain auront une sorte de système de pénalité pour motiver les agriculteurs à leur donner un produit de qualité avant d’autres processus tels que le refroidissement. La température. La température est le moteur de la perte d’eau dans les produits fraîchement récoltés. Le tableau 4 illustre le lien entre la température, la durée de conservation et la perte d’eau des produits. Les produits récoltés exposés au soleil perdent une grande quantité d’humidité à cause de la chaleur, ce qui affecte leur durée de conservation et leur qualité. En une heure, les tomates seront au moins 15°C plus chaudes au soleil qu’à l’ombre (Kitinoja et Kader, 2015). L’ombre. L’ombre est le moyen le plus simple et le plus facile de refroidir les produits frais. Gardez les fruits et légumes frais et humides pour aider à maintenir la fraîcheur, dans la mesure du possible. La réduction de la température réduit la respiration et ralentit les processus métaboliques associés à la maturation. Les marchés en plein air sont soumis aux changements de température et aux vents violents, entraînant l’assèchement et le flétrissement. Ces marchés peuvent souvent bénéficier de l’utilisation accrue de l’ombrage et de la protection contre les vents dominants (Kitinoja et Kader, 2015). Servez-vous d’arbres qui se trouvent dans des endroits pratiques ou créez des structures d’ombrage simples, comme indiqué dans (Post Harvest Innovation Plan Series no. 1, 2012). Le refroidissement par l’air nocturne. Lorsque le jour laisse place à la nuit, les températures chutent naturellement. Le refroidissement par l’air nocturne se sert de l’air nocturne plus frais pour remplacer l’air plus chaud dans les structures (Kitinoja et Kader, 2015). Les ventilateurs pour le flux d’air augmentent le coût de cette approche. Rappelons l’importance de l’isolation et de la ventilation pour maximiser les bénéfices. Le refroidissement par évaporation. Les agriculteurs peuvent utiliser le processus d’évaporation pour refroidir les produits sans électricité, permettant aux petits producteurs de stocker les produits à une température légèrement réduite avant la consommation ou le transport vers le marché. Les refroidisseurs par évaporation utilisent le processus endothermique d’évaporation. Lorsque l’eau passe d’un état liquide à un état gazeux, elle puise de la chaleur sous forme d’énergie dans le milieu environnant. Une chambre isolée garde les fruits et légumes plus frais et avec plus d’humidité que l’air ambiant environnant. Le refroidissement par évaporation fonctionne mieux dans les climats secs. 6 Defraeye et al. (2023) ont fourni une analyse excellente et approfondie des refroidisseurs par évaporation et les zones où ils fonctionnent le mieux. Les chercheurs ont mentionné que les refroidisseurs par évaporation réduisent généralement la température de 3 à 10 °C. Ils ont découvert que, pendant les mois secs dans une partie du nord-ouest de l’Inde, le refroidissement par évaporation réduisait la température jusqu’à 14°C, prolongeant la durée de vie post-récolte des bananes jusqu’à 7 jours. Ils ont souligné que le refroidissement par évaporation aura le plus d’impact et les meilleures chances d’être accepté par les agriculteurs, dans les lieux et les périodes de l’année où des réductions de température > 5°C sont atteintes. Les zones horticoles des pays tropicaux se trouvent souvent à des altitudes plus élevées avec des climats plus frais et des conditions plus humides. Les refroidisseurs par évaporation peuvent ne pas fonctionner dans ces zones. Un exemple d’approche de refroidissement par évaporation est la CFA (Chambre frigorifique autonome). Postharvest Innovations Plan Series (n ° 6 et 7, 2012) propose des conceptions pour les tailles de 100 kg et 1 MT. Un guide d’action pratique intitulé «Evaporative Cooling » (http://edn.link/ywj3t3), par Noble (n.d), contient des conceptions supplémentaires. Réduire la perte d’eau. La plupart des fruits et légumes, comme le corps humain, sont principalement constitués d’eau. La perte d’eau par transpiration est l’une des plus importantes pertes de poids des produits après la récolte. Cette perte de poids est particulièrement importante sur le plan économique pour le petit agriculteur, car elle provoque le flétrissement et réduit la qualité marchande. La perte d’eau est une relation complexe entre la température, l’humidité relative et la tendance d’un fruit ou d’un légume à transpirer. Un petit coefficient de transpiration (oignon ou pomme de terre) signifie qu’il ne perd pas beaucoup d’eau dans l’air, tandis qu’un grand coefficient (laitue) signifie qu’il se fane ou perd de l’eau rapidement. Le tableau 5 montre que la laitue a besoin de plus de soins après récolte en raison de sa teneur en eau plus élevée, de sa faible perte de poids autorisée et de son taux de transpiration élevé. Une culture comme la pomme de terre, avec une faible teneur en eau, une perte de poids autorisée plus élevée et un faible coefficient de transpiration, est plus simple à gérer après la récolte pour les petits agriculteurs. Les agriculteurs ou les intermédiaires ajoutent souvent de l’eau à une culture récoltée pour maintenir l’humidité relative. Cette eau crée d’autres problèmes, comme la propagation de maladies (Wagner et al., 2000). La température de stockage idéale pour de nombreux légumes nécessite une réfrigération, qui dépasse les moyens de la plupart des petits agriculteurs et est principalement disponible pour les agro-exportateurs/détaillants pour ces cultures. Néanmoins, certaines conditions et pratiques de stockage peuvent être réalisées sans réfrigération, comme le montre le tableau 6 pour certaines cultures. Pour rentabiliser l’agriculture et bénéficier des processus post-récolte améliorés à votre disposition, récoltez fréquemment et vendez au consommateur pour une utilisation à l’état frais. Cela nécessite une connaissance du moment de la récolte, comme les fruits présentés dans Motis et Swartz (2022) et d’autres. Maladies et santé au travail. Figure 8. Des travailleurs lavent des carottes dans un égout pluvial. Toute l’eau utilisée dans les pratiques post-récolte doit être potable pour éviter la transmission de maladies. Source: Robert Walle. La sécurité de notre approvisionnement alimentaire est un sujet de préoccupation environnementale justifiée. Il existe un risque de maladie d’origine alimentaire en raison de la contamination microbienne des produits frais. La contamination des produits frais peut se produire pendant la production et la manipulation ultérieure après la récolte. Une mauvaise manipulation du compost augmente également le risque de contamination (Wagner et al., 2000). Les agents pathogènes humains dans les produits frais se répartissent en quatre catégories : sol, matières fécales, parasites et virus. Ce sont des agents pathogènes du sol tels que Clostridium botulinum et Listeria monocytogenes ; des pathogènes fécaux tels que Salmonella spp., Shigella spp., E. coli O157 : H7 ; des parasites tels que Cryptosporidium et Cyclospora ; et des virus tels que l’hépatite et l’entérovirus. La plupart de ces agents pathogènes se sont propagés par les humains (ou le bétail) aux aliments (Figure 8). La contamination des produits peut se produire à cause de travailleurs, de l’eau ou du sol infectés (Kitinoja et Kader, 2015). Contenants en plastique modulaires. Figure 9. Caisses empilables et emboîtables. Remarquez les coins surélevés et la ventilation. Source: Robert Walle. Des caisses standardisées et empilables facilitent la manutention post-récolte lorsqu’elles sont à la disposition des agriculteurs (Figure 9). Les caisses en plastique éliminent les problèmes associés aux attaches (agrafes, clous, vis, boulons), aux morceaux de verre ou aux éclats de bois qui endommagent les produits. Solides et aérées, elles protègent les récoltes qu’elles contiennent. Les travailleurs éliminent facilement certains produits chimiques des caisses, tels que les pesticides, les fongicides, les herbicides et autres. Les caisses sont lavables et réutilisables, ce qui contribue à maintenir l’hygiène dans la chaîne de valeur. Les exportateurs/détaillants paient souvent les agriculteurs pour les boîtes ou caisses standardisées de récoltes qu’ils produisent. Certains exportateurs/détaillants fournissent ou facilitent l’acquisition des caisses par les agriculteurs pour améliorer les pratiques post-récolte. Ces contenants sont faciles à empiler pour le transport et stabilisent et ventilent efficacement les charges. Coordination avec les transporteurs. Pour la plupart des petits agriculteurs, le transport est la dernière étape de la récolte. Demandez-vous si le transport est destiné à la vente au détail ou à la vente en gros, car vendre le produit le plus rapidement possible nécessite généralement un acheteur prédéterminé. Organiser le transport et coordonner avec les intermédiaires et les acheteurs. Il n’est pas bon pour un agriculteur de laisser ses produits à l’ombre, et courir à la recherche d’un acheteur. Le transport et le stockage réfrigérés sont les meilleurs pour les fruits et légumes. Coordonner avec les transporteurs pour augmenter les profits et mieux atteindre le consommateur dans une chaîne de valeur plus juste. De nombreux petits producteurs vendent à des intermédiaires avec transport réfrigéré. Les chambres froides et les techniques dépendantes de l’électricit�� peuvent être trop chères dans les pays du Sud pour les petits agriculteurs. Des étapes simples, comme le refroidissement, le tri et la vente directe, peuvent aider les petits agriculteurs à participer au marché. Dernières réflexions. Vous trouverez ci-dessous une liste de pratiques que les petits agriculteurs peuvent mettre en œuvre sans avoir à acheter des équipements coûteux. La manipulation soigneuse des produits pendant la récolte. Le refroidissement simple, à l’ombre ou en utilisant la température plus basse de l’air nocturne pour aider à maintenir la fraîcheur du produit. Trier les produits par taille et par degré de maturité (ou d’autres critères du marché) pour fournir un produit plus commercialisable et économiser de l’espace là où il y en a peu. Protéger tous les produits de la perte d’humidité. Tenir compte de l’assainissement et utiliser toujours de l’eau potable à toutes les étapes de la chaîne de valeur. Les méthodes décrites ici aideront à atteindre l’Objectif de développement du Millénaire 12.3 des Nations Unies et permettront aux agriculteurs de demander un prix juste au marché ou au bord du champ. « D’ici 2030, réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial par habitant au niveau des détaillants et des consommateurs et réduire les pertes alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récolte. » (FAO, 2022). Références. Basediya, A.L., D.V.K. Samuel, et V. Beera. 2013. Evaporative cooling system for storage of fruits and vegetables – a review [Système de refroidissement par évaporation pour le stockage des fruits et légumes - Revue]. Journal of Food Science and Technology 50(3):429-442. Defraeye, T., K. Shoji, S. Schudel, D. Onwude, et C. Shrivastava. 2023. Passive evaporative coolers for postharvest storage of fruit and vegetables: where to best deploy them and how well do they perform [Refroidisseurs évaporatifs passifs pour le stockage post-récolte des fruits et légumes : où les déployer au mieux et quelle est leur performance]. Frontiers 3. https://doi.org/10.3389/frfst.2023.1100181. FAO. 2004. Manual for the preparation and sale of fruits and vegetables From field to market [Manuel de préparation et de vente de fruits et légumes Du champ au marché]. FAO AGRICULTURAL SERVICES BULLETIN 151. Rome. FAO. 2022. Indicator 12.3.1 - Global Food Loss and Waste [Indicateur 12.3.1 - Pertes et gaspillage alimentaires mondiaux]. https://www.fao.org/sustainable-development-goals/indicators/1231/en/. Holcroft, D. 2015. Water Relations in Harvested Fresh Produce [Relations avec l’eau dans les produits frais récoltés]. White Paper No. 15-01. The Postharvest Education Foundation (PEF). Kitinoja, L. et Kader, A.A. 2015. Small-Scale Postharvest Handling Practices: A Manual for Horticultural Crops (5th Edition). Postharvest Technology Research and Information Center [Pratiques de manutention post-récolte à petite échelle : un manuel pour les cultures horticoles (5e édition). Centre de recherche et d’information sur les technologies post-récolte]. University of California, Davis. Motis, T. 2022. Prolonger la durée de vie des fruits frais après récolte: récolter pour la qualité. Notes de développement de ECHO no. 156. Motis, T. et S. Swartz. 2022. Prolonger la durée de vie des fruits frais après récolte: Récolter au bon moment. Notes de développement de ECHO no.154. Noble, N. non-dated (n.d.). Evaporative cooling [Le refroidissement par évaporation]. Technical Brief. [Fiche technique]. Postharvest Innovations Plan Series. 2012. Shade Structure [Structure de l’ombre]. Post harvest innovation plan series. Numéro 1. University of California, Davis. Postharvest Innovations Plan Series. 2012. Sizing Rings [Anneaux de dimensionnement]. Post harvest innovation plan series. Numéro 2. University of California, Davis. Post Harvest Innovations LLC. 2012. Color charts [Nuanciers de couleurs]. Post harvest innovation plan series. Numéro 4. University of California, Davis. Postharvest Innovations Plan Series. 2012. Zero Energy Cool Chamber (100 kg model) [Chambre frigorifique autonome (modèle de 100kg)]. Post harvest innovation plan series. Numéro 6. University of California, Davis. Postharvest Innovations Plan Series. 2012. Zero Energy Cool Chamber (1 MT model) [Chambre frigorifique autonome (modèle de MT)]. Post harvest innovation plan series. Numéro 7. University of California, Davis. Wagner, A.B., Dainello, F.J., et Parsons, J.M. 2000. Texas Vegetable Growers Handbook [Manuel des producteurs de légumes du Texas], 4th edition. Texas A&M. College Station, Texas. Liens permanents. Liens permanents. Etiquettes. Liens permanents. Liens permanents. Etiquettes. Autres ressources recommandées. ECHOcommunity.org est une communauté de collaboration de membres en ligne de ECHO, une organisation internationale à but non lucratif. ECHO existe pour réduire la faim et améliorer des vies à travers la formation et des ressources agricoles. ECHO travaille à travers des Centres d’Impact Régionaux partout dans le monde pour connecter les petits agriculteurs et ceux qui travaillent à éliminer la faim, avec des ressources essentielles, ainsi que les uns avec les autres. Ces ressources comprennent une vaste base de connaissances d’informations pratiques, un soutien technique expérimenté, et une grande banque de semences axée sur des plantes très bénéfiques sous-utilisées. +Ce qu'il faut savoir avant d'aller cueillir des fruits ou des plantes sauvages. Partager. Partager. Whatsapp. LinkedIn. Mail. messenger. Photo d'illustration. - Pixabay. Fruits, plantes, fleurs... La cueillette en pleine nature peut être assez tentante, puisqu'en plus de son caractère ludique, elle est gratuite. Mais cette pratique est scrupuleusement réglementée. Récolter des fruits ou des plantes dans des espaces privés vous expose même à une peine de prison. RMC Conso vous explique ce qu'il faut savoir. Une cueillette interdite sur les domaines privés. Au regard de la loi et comme le prévoit l’article 547 du Code civil, les fruits et légumes appartiennent aux propriétaires des lieux. Autrement dit, si la forêt ou la parcelle de terrain sont privées, toute cueillette doit faire l'objet d'un accord préalable avec ces derniers. L'article 673 le complète en précisant que même les fruits qui tombent "naturellement" de leurs branches, appartiennent aux propriétaires du domaine. Cette interdiction est également valable pour les végétaux. Dans le cas où vous ne respecteriez pas les règles, sachez que votre récolte pourrait être considérée comme un vol. Vous vous exposez alors à une sanction de 750 euros pour une récolte inférieure à dix litres. La contravention peut aller jusqu'à 45.000 euros pour une récolte supérieure à dix litres, en plus de trois ans d'emprisonnement. Pour rappel, 75% des forêts françaises sont privées, selon l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière. Renseignez-vous auprès de votre mairie, votre préfecture ou dans l'agence de l’ONF la plus proche de chez vous. Cinq litres de récoltes autorisés dans les forêts publiques. En théorie, dans les forêts publiques, aussi appelées "domaniales", dont la gestion est assurée par l’Office national des forêts (ONF), la cueillette est limitée, mais autorisée, à condition qu'elle n'ait pas un caractère commercial. Les cueillettes à caractère familial sont par conséquent légales à partir du moment où aucun arrêté préfectoral ou préfectoral n'indique le contraire. En cas de cueillette supérieure au seuil autorisé, vous risquez une amende. Cette dernière est de 135 euros entre cinq et dix litres, comme le prévoit l'article R163-5 du Code forestier. Au-delà de dix litres, cela est considéré comme du vol. Vous encourez jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. Cueillir de façon responsable. Cueillir ne veut pas dire arracher. Il est donc essentiel de prélever les fruits ou les végétaux de manière responsable. Ne pas piétiner les plantes, ne pas perturber leur habitat naturel et ne pas laisser de déchets derrière soi sont des réflexes fondamentaux, comme le rappelle le Centre national de la propriété forestière. Par ailleurs, l'utilisation de certains outils, comme des couteaux notamment, peut être réglementée. Attention aux espèces protégées. La cueillette de fleurs et végétaux s'appuie sur le même principe que celles des fruits. Mais elle prend également en compte les espèces protégées qui bénéficient d’un statut particulier interdisant de les récolter. Près de 400 variétés sont concernées. Il est par conséquent important de se renseigner sur la liste des végétaux protégés. Vous pouvez vous tourner vers votre mairie, l'office du tourisme, l'ONF ou des associations de protection de la nature situées dans votre région. En cas d’infraction constatée par les agents de l’Office national des forêts ou ceux de l’Office français de la biodiversité (OFB), une contravention allant jusqu’à 750 euros peut vous être infligée. Prendre quelques précautions. Comme le recommande la Fédération française de la randonnée pédestre, il est préférable d'éviter de cueillir les fruits qui se trouvent en bord de route en raison du taux de pollution. Des fruits et légumes moins chers qu'en grande surface: comment marche la cueillette à la ferme. Une association alerte sur les pièges des fruits et légumes tout prêts vendus en barquette. Melon, maïs, pastèque... Les fruits et légumes de saison au mois d'août. Veillez également à privilégier les espèces que vous êtes certain d'identifier pour éviter les variétés toxiques. Aussi, soyez vigilant et inspectez chaque fruit pour être certain qu'il ne présente aucune moisissure et aucun champignon. Enfin, une fois chez vous, pensez à bien laver votre récolte. A la Une. Chèque énergie: pourquoi son attribution ne sera pas automatique en 2025? . +Tomate : culture, plantation, entretien, récolte. T. Hermans | Unsplash. La tomate est originaire d’Amérique du sud et tient son nom du terme aztèque Tomalti. Elle fut découverte au XVIe siècle par les explorateurs des navires de Cortez. Elle aurait d’abord gagné l’Italie via les monastères avant d’être introduite en France. Au début, elle était perçue comme vénéneuse. Olivier de Serres préconisait sa culture pour l’ornement d’une tonnelle. Après l’Italie et l’Espagne, elle commença à être consommée en Provence au milieu du XVIIIe siècle et gagna les tables parisiennes quelques années plus tard, grâce à la révolution française. Cette plante herbacée ramifiée cultivée en annuelle, dispose de feuilles et de tiges poilues. Les feuilles sont composées de folioles dentées et leurs fleurs jaunes en bouquets. Les fruits ont des couleurs variées : rouge, noir, jaune, vert, orange, rose… Les tomates prennent des formes tantôt petites et rondes, tantôt côtelées et charnues et sont plus ou moins juteuses ou riches en chair. Variétés de Lycopersicon esculentum. La tomate fait partie de la famille des solanacées et compte d’innombrables cultivars. Pour l’apéro, pour les salades, pour les coulis, à farcir, variétés précoces ou hâtives… optez pour plusieurs variétés, et testez au fur et à mesure celles qui conviennent à votre potager et à vos besoins ! Voici une sélection très resserrée. Variétés hâtives (mi-juin à juillet). ‘Marmande hâtive’ : variété ancienne traditionnelle, goûteuse, bonne résistance aux maladies. ‘Noire de Crimée’ : peu productive et peu vigoureuse, donc à planter serrée à 60×50 cm ; résistante à la sécheresse ; un des meilleurs fruits, ayant tendance à se fendre, aplati, côtelé, rouge foncé maculé de vert sombre. ‘Prune noire’ : tomate-cerise rouge foncé ; résistante à la sécheresse ; productive. Variétés de mi-saison (fin juillet – août). ‘Green Zebra’ : une variété verte connue pour sa peau zébrée, bonne qualité gustative, excellente en salade ; très vigoureuse ; résistante à la sécheresse. Variétés tardives (fin août – septembre/octobre). ‘Cornue Des Andes’ : ressemblant à un piment, cette variété produit des fruits allongés, rouges et allant jusqu’à 18 cm de long. Le jus et les graines sont peu présents et la chair savoureuse. Tomate ‘Russe’ : plébiscitée pour sa saveur lors d’un essai réalisé par les lecteurs de notre magazine les 4 Saisons, c’est une très grosse tomate à la chair dense et juteuse, avec peu de graines, mais à la peau fine (donc sensible à l’éclatement). Productive, elle est excellente en salade ou farcie. ‘Rose de Berne’ : c’est l’une des meilleures tomates avec ses excellents fruits roses ; vigoureuse et productive. ‘Cœur de Bœuf rose’ : dans la famille des grosse tomates Cœur de bœuf, côtelées et sucrées, idéales pour les salades, la ‘rose’ est productive et offre des fruits goûteux et juteux. ‘Roma’ : la grande classique pour coulis et conserves ; elle ne nécessite ni taille, ni tuteurage. Semis et plantation de la tomate. Où et quand planter ? Au soleil ! La tomate demande du soleil et de la chaleur. On la place donc à l’abri du vent, dans un sol riche, meuble et frais. En pot, du terreau mélangé à du compost fera très bien l’affaire. On sème la tomate en mars sous abri et on la plante (ou repique) en pleine terre entre six et huit semaines après le semis. Le risque de gel doit être écarté et la terre déjà réchauffée : on attend en général que les saints de glace, à la mi-mai, soient passés. Comment semer la tomate ? Choisissez bien votre terreau : si vous utilisez un terreau bas de gamme, ajoutez au moins 1/3 de compost. Vous pouvez aussi prendre de la terre de jardin et du compost (moitié-moitié), ou n’utiliser que du compost (mais il en faudra beaucoup !). Mettez votre substrat dans une caissette ou dans des godets. Certains mettent une couche de drainage au fond (billes d’argile ou gravier), mais c’est optionnel. Si vous semez en caissette, espacez les graines de 3 cm. Au bout de deux semaines, vous devrez les repiquer dans des godets de 8 cm. Si vous les semez directement en godet de 8 cm, mettez 1 à 2 graines, au cas où l’une ne lève pas. L’avantage du godet est qu’il évite le repiquage. Par contre, il prend plus de place. Arrosez en pluie fine et maintenez humide jusqu’à la levée, qui interviendra au bout de 6 à 8 jours. Après la levée, placez vos semis en serre froide ou pièce plus fraîche mais lumineuse. Une fenêtre de la maison peut fonctionner mais elle doit être très bien éclairée sinon les plantules risquent de filer. Lorsque vos plants sont suffisamment trapus et que le risque de gelée est passé, repiquez-les en pleine terre. Auparavant, endurcissez-les pendant deux à trois semaines : sortez-les quand il fait beau et réduisez les arrosages. Comment planter la tomate ? Vous pouvez aussi acheter des plants et les mettre directement en terre. Creusez un trou plus large et plus profond que votre motte, en laissant 60-70 cm entre chaque plant. Installez la motte profondément. Vous devez l’enfoncer jusqu’à la première feuille ; de nouvelles racines vont alors se former le long de la tige, ce qui renforcera le plant. Plantez également un tuteur d’1,20 m le long de la tige. Rebouchez et tassez. Arrosez copieusement. Mettez une petite pelletée de compost en surface et paillez abondamment avec ce que vous avez sous la main – broyat, paille, feuilles mortes, etc. Associations de culture. On préconise souvent d’associer aux tomates des œillets d’Inde, ou tagètes, ainsi que des soucis : les deux sécrètent dans leurs racines des substances antagonistes aux nématodes. Selon Jean-Paul Thorez, auteur du best-seller Le guide du jardin bio, on peut aussi planter des capucines sur les lignes, ou de la moutarde. Vous pouvez faire voisiner rangs de tomate et rangs de chou, haricot ou céleri. Entretien et soins. La tomate fait partie de ces légumes qui demandent de l’attention. Maintenez un sol frais grâce à des arrosages, mais sans mouiller le feuillage. Il est important que les arrosages soient réguliers, sinon le cul noir risque de s’installer. Le paillage doit être épais. Les sols auront été enrichis préalablement, car la tomate est gourmande en compost. Si vous cultivez vos tomates en pot, apportez de l’engrais deux fois par mois (compost, urine, engrais liquide). Comment tailler la tomate ? Il y a plusieurs écoles, certains enlèvent les gourmands pour avancer la maturité des fruits. D’autres les laissent car ils rendraient les plants plus résistants au mildiou et produiraient plus de photosynthèse. N’hésitez pas à essayer les deux techniques pour voir celle qui vous convient le mieux. Si vous choisissez de tailler, procédez durant tout l’été. Dès qu’une pousse apparaît à l’aisselle d’une tige latérale (gourmand), retirez-la. Maladies et nuisibles. Prévention : ne pas mouiller le feuillage, cultiver sous abri aéré, opter pour des variétés résistantes et décoction de prêle en pulvérisation. En cas d’attaque, éliminer les parties malades et désinfecter les outils. Ne recourir à la bouillie bordelaise ou oxychlorure de cuivre, dont l’accumulation est toxique pour les sols, qu’en dernier recours. Préconisations similaires au mildiou. Arroser régulièrement avec de l’eau pas trop froide en période chaude ; certaines variétés sont plus sensibles. Outre ces trois maladies principales, les tomates peuvent être victimes d’attaques de noctuelles (chenilles polyphages), pucerons, oïdium ou autres. Une surveillance régulière permet de détecter au plus tôt les foyers et d’intervenir avant les dégâts. Récolte et conservation de la tomate. La coloration de la peau et la souplesse du fruit au toucher indiquent s’il est temps de récolter. La tomate est un fruit dit “climactérique”, qui continue à mûrir et à s’enrichir en vitamines et autres antioxydants une fois cueilli. Mieux vaut donc la conserver à température ambiante, ce qui préservera également sa saveur. La tomate ne se congèle pas, sauf si elle a été cuisinée, en sauce ou coulis par exemple. Multiplication par semis. Pour récupérer les graines de la tomate, c’est très simple ! Il suffit de couper le fruit en deux et récupérer les graines au cœur. La première étape consiste à bien retirer toute la pulpe qui englobe la graine. Pour cela, faites-les tremper dans un récipient rempli d’eau pendant deux à trois jours. Retirez l’eau et rincez les graines à nouveau dans une passoire. Placez-les sur un papier essuie-tout et laissez-les sécher pendant trois semaines dans une pièce sombre, fraîche et aérée. Il ne vous reste plus qu’à les mettre dans un sachet et étiqueter ce dernier en indiquant variété et date. Les graines de tomate ont une durée germinative d’environ quatre ans. Conservez-les de préférence au frais, voire au réfrigérateur : à 10° C, leur durée germinative est double d’à 20° C. Audrey Chéritel et Marie Arnould. Elles sont bonnes mes tomates ! Kit de jardinage : Les légumes extraordinaires – Dr. Jonquille et Mr. Ail. Expérimentation : tomates, les jardiniers dégustent. D’autres articles sur. Aller plus loin. Tomates, courges, salades, haricots : vos variétés préférées. Bricks à la tomate et au chèvre frais. En vidéo : faire ses graines de tomates et les semer. Des taches noires sur les tomates. Notre sélection. Graines Tomate cerise Black Cherry bio – Essembio. +Tout savoir sur la culture des légumes-fruits au potager. Les légumes-fruits sont aussi couramment appelés "légumes du soleil". Le fruit a besoin de chaleur, pour atteindre sa pleine maturité. Les tomates, les courgettes, les aubergines et les haricots verts que l'on pense couramment être des légumes sont en fait des fruits. Techniques de semis et plantation, entretien et arrosage, récolte et conservation, maladies et parasites. Que faut-il savoir pour réussir la culture des légumes-fruits au potager ? Qu'est-ce qu'un légume-fruit ? Définition. Quand et comment semer les légumes-fruits dans son potager ? Réussir la plantation des légumes-fruits au potager. Comment bien cultiver et entretenir les légumes-fruits ? Récolte et conservation des légumes-fruits. Maladies et parasites des légumes-fruits au potager. Quels sont les différents légumes-fruits ? Qu'est-ce qu'un légume-fruit ? Définition. Quand et comment semer les légumes-fruits dans son potager ? semis sur couche chaude : les premiers semis peuvent être réalisés à partir de février, à condition qu'une température de 18 °C à 20 °C soit maintenue ;. semis sous abri : à partir de mi-avril et jusqu'à la mi-mai, les légumes-fruits peuvent être semés en godet sous serre ;. semis en pleine terre : il est possible de semer directement en place après les dernières gelées (soit à partir de la mi-mai et jusqu'à la mi-juin). Réussir la plantation des légumes-fruits au potager. la structure du sol : pour bien se développer un légume-fruit a besoin d'une terre meuble, riche en humus et aérée ;. le drainage du terrain : le sol doit être bien drainé, car un excès d'eau favorise l'apparition des maladies fongiques ;. l'orientation de la parcelle : idéalement une exposition ensoleillée est conseillée, car les légumes-fruits ont besoin de chaleur et de lumière. Comment bien cultiver et entretenir les légumes-fruits ? la taille : tailler les jeunes plantules permet de limiter le nombre de fruits, afin d'accélérer la fructification ;. le tuteurage : certains légumes-fruits (comme la tomate ou le concombre) ont besoin d'être tuteurés, afin d'éviter les maladies et favoriser leur développement ;. le sarclage : cette opération consiste à supprimer les mauvaises herbes, afin d'éviter la présence des maladies et parasites au potager ;. le paillage : cette technique permet de conserver l'humidité du sol en période de fortes chaleurs. Récolte et conservation des légumes-fruits. Maladies et parasites des légumes-fruits au potager. l'oïdium : le développement de cette maladie fongique est favorisée par l'alternance de périodes humides avec des périodes ensoleillées ;. le mildiou : cette maladie cryptogamique se propage rapidement et peut causer de gros dégâts lors des étés chauds et humides ;. l'alternariose : cette maladie fongique est particulièrement récurrente sur les tomates et les concombres ;. le botrytis : aussi appelé "pourriture grise", cette maladie fongique affecte couramment les plantes cultivées pour leurs fruits ;. la chlorose : cette maladie est due à une carence en sels minéraux, tels que le magnésium ou le fer ;. les tétranyques : ces acariens tissent leur toile sur les plantes et se nourrissent de la sève, pouvant ainsi causer des dommages importants ;. les pucerons : ces petits insectes se nourrissent de la sève des plantes et sont friands des légumes-fruits cultivés sous serre ou en pleine terre ;. la limace : si elles ne sont pas tenues éloignées du potager, les limaces peuvent rapidement devenir le cauchemar du jardinier ;. la noctuelle : aussi appelée "ver gris", la noctuelle est un papillon nocturne dont les larves sont des ravageurs redoutés au potager. Quels sont les différents légumes-fruits ? la tomate ;. l'aubergine ;. la courgette ;. le poivron ;. la courge (elle fait partie de la famille des cucurbitacées, mais elle est en réalité un fruit) ;. l'avocat ;. les haricots verts (si on a tendance à le cataloguer dans la famille des légumes verts, le haricot vert est bel et bien un fruit) ;. la chayotte ;. le piment. Sur le même thème. Comment repiquer les semis de tomates ? Endurcir et stresser les tomates pour des récoltes précoces réussies. Réussir la culture des légumes fruits anciens. Comment réussir la culture des légumes-fruits ? Distinguer noyau et pépin : l'exemple de l'avocat. Nos experts jardinage. Sandrine Laporal. Rédaction. Sandrine est rédactrice web SEO depuis juin 2020. Elle a collaboré avec Rustica, pour la rédaction de fiches de culture des principaux légumes au potager. Elle apprécie de rédiger des contenus sur... Commentaires. Contenus sponsorisés. Bloqueur de publicité détecté ! 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Avant la plantation, labourez profondément de manière à bien ameublir, tout en incorporant un engrais de fond qui va servir de « garde-manger » pour les plantes. C’est aussi le bon moment pour enrichir la terre en humus, en incorporant un amendement organique. Il s’agit de matières principalement d’origine végétale (compost, algues), pouvant contenir également des déjections animales (fumier décomposé), qui renforcent la richesse en micro-organismes du sol et agissent sur la qualité structurelle. Comptez une à deux pelletées par mètre carré. Notre conseil : lors de la plantation, jetez au fond de chaque trou l’équivalent d’un gros bol de terreau car les légumes-fruits apprécient beaucoup la présence de matière organique (humus). Planter ou semer ? Semez les courges, les melons et les potirons c’est facile et pas cher. En avril, enfouissez à 2 cm de profondeur, deux graines dans un godet rempli d’un terreau de semis, que vous placez derrière une fenêtre bien exposée dans la maison (15/20°C). Maintenez le substrat légèrement humide. Plantez début mai en espaçant les plants de 1 m en tous sens. Semez aussi les haricots verts, directement en place, à partir du 15 avril. Les haricots nains se cultivent en ligne espacées de 40 cm. Disposez un poquet (avec un o) de 5 graines tous les 40 cm. Pour les haricots à rames ou d’Espagne, distancez les rangs de 70 cm et les poquets de graines de 50 cm. Aubergine, piment, poivron, concombre et tomate gagnent à être achetés en jeunes plants début mai car leur semis est plus délicat. Espacez les trois premiers de 50 cm en tous sens, les deux derniers de 80 cm à 1 m. Un tuteur est nécessaire. On n’apporte pas d’engrais lors du semis, ni lors du repiquage et il faut attendre un mois après la mise en place définitive avant de fertiliser. Légumes-fruits : Planter, Semer. Quand planter ? La quasi totalité des légumes-fruits sont d’origine tropicale, principalement sud-américaine. Il s’agit donc de plantes frileuses qu’il ne faut pas installer trop tôt dans le jardin car elles sont avides de chaleur. Un indice : attendez que le lilas soit en pleine floraison avant de semer les haricots et ne plantez pas en plein air avant début mai : aubergine, tomate, melon, poivron, concombre. Offrez-leur un maximum de soleil, c’est le secret de la qualité gustative. N’hésitez pas à supprimer quelques feuilles pour exposer les fruits à la lumière afin que leur teneur en sucre augmente. Dans les régions très ventées, abritez votre potager par une haie d’arbustes persistants, pour éviter l’effet rafraîchissant et desséchant des vents dominants. Conseil « lunaire ». Si vous croyez à l’influence de la lune sur les cultures, semez les légumes-fruits deux ou trois jours avant la pleine lune (lune montante). Fertiligène performance organics terreau potager. Fertiligène engrais pommes de terre et potager. Naturen® Sachets de prêle contre maladies des fruitiers et du potager. KB activateur de compost. Les plantes, nos meilleures amies du maintien de la santé. Les plantes nous veulent du bien. Elles embellissent nos maisons et nos jardins, nous font nous rendre utiles (et... La taille des arbres fruitiers. Pourquoi faut-il tailler les fruitiers ? A la fin, on se le demande car il faut bien l’avouer, la taille, c’est toujours... Organiser son jardin. La réussite d’un jardin vient autant de ses lignes que de son volume, auxquels il faut ajouter les textures et les... Les oiseaux alliés du jardin. Avoir des oiseaux de passage dans son jardin c’est assez banal et cela paraît une évidence. C’est vrai ! Mais certains... Trouvez un magasin proche de chez vous. Vous êtes à la recherche d’un produit spécifique ? Ou vous avez besoin de conseild d’utilisation ou spécialisés sur le jardinage ? Trouvez le magasin le plus proche de chez vous et obtenez l’aide d’un conseiller jardin. + +Introduction +Il existe un intérêt grandissant sur l’utilisation de la volaille comme moyen de lutte contre la +pauvreté dans les villages du monde entier. Cependant, la littérature existante ne donne que +d’une part de conseils sur les systèmes de production industriels ou semi-industriels, utilisant +des races exotiques (importés) sous de hautes conditions contrôlées ou d’autre part de simples +lignes de conduite donnant peu des conseils nécessaires sur comment élever la volaille au +niveau villageois. Ce manuel essaie donc de faire une synthèse des connaissances existantes +sur comment améliorer les systèmes de production villageois avec relativement peu de +moyens. Ce manuel traite des systèmes traditionnels améliorés de petits troupeaux de 5 à 50 +races locales ou races croisées. L’élevage de volaille confiné à petite échelle, parfois appelé +production de volaille industrielle à petite échelle, ne sera pris en compte dans ce manuel. La +raison principale de ce choix est que ce guide est destiné à l’agent technique d’élevage du +village de Ouoro qui doit faire le suivi du système d’aviculture traditionnelle solidaire mis en +place dans le village par l’ONG Mil’ecole et le cabinet DEZLY. Ces agents techniques et les +villageois en sont le principal groupe cible. +Il traite du logement, de l’alimentation, de l’hygiène et de la gestion des maladies et de la +gestion de la production. +4 +SESSION I : LE LOGEMENT/L’HABITAT +Objectif : augmenter le rendement de l'élevage tout en gardant l’authenticité du goût +1. Les mérites d'un poulailler amélioré +- Protéger les animaux contre les intempéries (vents, pluies, soleil) +- Evite l'entrée des agents pathogènes et des prédateurs +- Diminue les pertes de jeunes entre 0 et 3 mois +- Permet de contrôler les effectifs +- Facilite le travail humain et rend notamment possible le ramassage et le stockage du +fumier +2. Choix de l'emplacement +- Endroit calme et sec de préférence sous les arbres afin de limiter les effets de la +chaleur. +- Orienté contre les vents +3. Les bâtiments et matériaux de construction +- Séparer le logement des adultes de celui des jeunes (0-3 mois) dans la mesure du +possible +- Construire une poussinière à côté du poulailler principal +- Optimiser l'utilisation de matériaux locaux +- Murs en terre battue et crépis à l'intérieur et à l'extérieur +- Toiture en paille, ou autres matières végétales disponibles sur place +- Aménager une clôture en grillage ou matériaux locaux +4. Aménagement du local +Le sol +Il doit être dur, damé et recouvert d'une litière (balle de riz, écorces d'arachides, copeaux de +bois) +Les nids +Ils doivent être décalés par rapport à la porte d'entrée et contre le jour afin de procurer une +bonne ambiance aux couveuses. Il faut : +- Prévoir 1 nid par poules adultes +- La forme et la disposition des nids sont variables +- Dimension à respecter : largeur 30 cm, longueur 30 cm, profondeur 40 cm, ouverture +25 cm. +- Tapisser les nids d'une litière. +Bac de poudrage +De même dimension que le nid, il doit contenir de la cendre et du produit antiparasitaire, +disposé à l'extérieur en saison sèche et à l'intérieur en saison de pluie. +Les mangeoires +5 +Ils sont fabriqués en matériaux locaux (bois ou matériaux de récupération). +Les abreuvoirs +De type siphoïde, ou de fabrication locale, ils doivent être placés de préférence à l'extérieur du +poulailler à l'ombre. Il faut changer l'eau tous les jours ou 2 fois par jour +Les perchoirs +De forme obligatoirement rectangulaire et en bois, ils sont placés à l'intérieur du poulailler. Ils +ont une longueur de 1 m pour 10 animaux et sont situés à 90 cm du sol +5. Les normes de poulaillers améliorées en aviculture villageoise +surface (pour 100 sujets) : +Adultes : 10 m² entre 5 et 8 semaines ; +15 à 20 m² dès 9 semaines +Poussins : 5 m² entre 0 et 4 semaines +Mangeoire (pour 100 sujets) : +Adultes : 6 mangeoires de 15 cm de long +Poussins : possibilité d'utiliser des panneaux les 2 premières semaines +Abreuvoirs (pour 100 sujets) : +Adultes : 6 abreuvoirs de 5 litres +Poussins : entre 0 et 4 semaines +Nids : +Adultes : 1 nid pour 3 pondeuses +Perchoirs : +Adultes : longueur de 1 m pour 10 animaux. Section rectangulaire 2 cm x 4 cm +6 +Un poulailler bien construit est placé à l’ombre, il a +un toit haut et des fenêtres clôturées qui permettent la +ventilation. La porte est située direction +nord pour éviter le soleil direct. La porte est +suffisamment grande pour qu’un +adulte rentre régulièrement pour y faire le nettoyage. +Eviter d’utiliser de trop grands ou trop petits bâtons +comme perchoirs. Les bâtons doivent correspondre à +la taille des pattes de l’oiseau +7 +SESSION II : LE NETTOYAGE, LA DESINFECTION DU POULAILLER ET +SOIN DES ANIMAUX +Objectif : Diminuer la pression microbienne surtout virale en cas de suspicion de passage +virale +1. La désinfection +Elle a pour objectif de diminuer la pression microbienne et parasitaire. Pour le faire, il faut : +- Retirer la litière, faire sortir les abreuvoirs et mangeoires de même que les animaux. +- Fermer le poulailler 20 à 30 minutes en pulvérisation. +- Produits utilisées : VIRKON, VIRUNET, VIROCID à la dilution 1/200 de travail. +- Produits utilisés : le crésyl dilué à 4%, il est utilisé pour nettoyer les murs, le sol, les +nids, les perchoirs, les abreuvoirs, les mangeoires. +2.- La désinsectisation +L’objectif de diminuer la pression des insectes (poux, puces) et des tiques, pour le confort et +la santé des animaux. Pour ce faire il faut utiliser le bac de poudrage, insecticide, acaricide, +KARBALAP. +3- soin des animaux +Comment reconnaitre une poule malade ? +Oiseau sain Oiseau malade/en mauvaise santé +Alerte et à l’affût ; -; +OEil et crête vifs; -; +Marche, court, se tient sur ses pattes et +se gratte continuellement ; +Boit et mange normalement ; +Pond normalement ; -; +Plumes lisses et propres ; -; +Fientes molles et compactes ; - +Respire calmement. - +Fatigué et sans vie +OEil et crête alourdis +Est assis ou couché +Boit et mange moins ; +Arrête de pondre +Perte et plumes ébouriffées +Fientes humides avec du sang ou des +vers, diarrhée ; +Toux, éternuements et respiration +Bruyants +8 +Types de maladies et possible traitement +Type de maladies Possibilités de contrôle ou de traitement +Virus Les maladies virales ne peuvent pas être +traitées, mais peuvent +être empêchées ou contrôlées si les animaux +sont vaccinés +avant que la maladie n’apparaisse dans le +troupeau. Si la +maladie est présente dans le troupeau, les +vaccinations +peuvent augmenter la sévérité de la maladie +et tuer les oiseaux en dernier lieu. +Bactéries De nombreuses maladies bactériennes +peuvent être traitées +avec l’aide des antibiotiques. Il est important +de donner un +diagnostic de la maladie afin de choisir les +bons antibiotiques +Parasites La plupart des parasites peuvent être traités +avec des +médicaments traditionnels ou +conventionnels +(anthelminthiques). +Fongus Les maladies fungiques peuvent être traitées +avec des +antibiotiques +Maladies/désordres +nutritionnels +Les maladies ou les désordres nutritionnels +sont causés par +une mauvaise composition d’alimentation. +Selon la maladie, +elle peut être empêchée par un mélange +correct de nourriture +ou en donnant accès à diverses matières +alimentaires de +l’environnement, comme herbe verte et +bouse de vache +fraîche. +Les maladies les plus fréquentes et leur mode de gestion + La maladie de Newcastle (Noo Koum) +Chaque année, elle tue des volailles villageoises. Elle attaque beaucoup d’espèces mais +surtout les poules pendant la saison des pluies, de froid et de vent. +Comment reconnait-on la maladie ? +Beaucoup de poules tombent malades et meurent presque toutes en 1 et 4 jours. Quand elles +ont la maladie : +Les yeux sont humides, les gouttes aux narines et secouent la tête. +Elles ne mangent pas, sont fatiguées et ont du mal à se tenir debout. +Le cou est tordu, elles ont la diarrhée verte ou noire, le bec est ouvert et la respiration difficile +et bruyante, les ailes tombantes. +9 +Les modes de propagation +Par le vent qui transporte les microbes avec la poussière +Par des commerçants qui transportent des volailles malades au marché. +Par achat ou don de volailles malades, les oiseaux sauvages qui ne font pas la maladie mais +qui sont des porteurs sains. +Comment lutter contre la maladie ? +Il n y a pas de traitement pour guérir ; il faut prévenir. Pour cela : +Vacciner les volailles en bonne santés avant les vents. +Isoler une volaille reçue en cadeau ou achetée pendant au moins une semaine (07 jours). +Détruire les volailles mortes en les enterrant profondément ou mieux en les brûlant de même +que les plumes, le sang et tous les autres déchets de poules abattues. + La grippe aviaire +Comment reconnaitre la maladie +Elle se reconnait par une forte maladie brutale, une diminution de l’appétit, une réduction de +la ponte. +Elle se manifeste aussi par l’anorexie, la prostration, un oedème, une congestion de la crête et +des barbillons, une respiration difficile, une diarrhée blanchâtre éventuellement hémorragique, +une incoordination motrice, une paralysie des ailes, un torticolis. +Le mode transmission +Pareil à la maladie de Newcastle sauf qu’ici, les oiseaux sauvages sont les réservoirs ainsi que +leurs déjections. +Egalement par l’intermédiaire des matières, d’objet contaminés comme la nourriture, l’eau, le +matériel et les vêtements. +NB : la maladie peut contaminer l’homme. Aucun traitement animal ou humain pour guérir. + Les salmonelles +Elles attrapent tous les oiseaux de la basse-cour. +Chez les poussins, elle se manifeste par une mortalité en coquille, une prostration, une +diarrhée jaune très collante, une mortalité importante. +Chez les adultes par une prostration, une diarrhée grisâtre, une crête cyanosée, une +inappétence, une soif intense. +On la traite en utilisant un complexe vitaminique, de l’antibiotique et des sels minéraux. On +peut aussi le prévenir par la vaccination et l’application des mesures sanitaires. + La variole aviaire +Elle se manifeste au niveau du bec, de la crête, des barbillons et des yeux. Pour le traiter +utiliser de la pommade (beurre de karité ou autre) en ramollissant les croûtes et administrer un +antibiotique. On peut aussi le prévenir par la vaccination. + La maladie de gumboro +Elle se manifeste par le plumage boursoufflé, la prostration, une diarrhée plus ou moins +blanchâtre, une croissance retardée. Pour le traitement, utiliser de l’antibiotique et diurétique +pour limiter les complications. Il existe une vaccination contre le gumboro. + Les parasitoses +Les parasites internes : Ce sont en général tous les vers que l’on trouve dans les intestins et +qui font maigrir les volailles. Les volailles maigrissent et perdent leurs plumes ; cela dure +longtemps et parfois elles meurent. On peut guérir les volailles trop maigres avec les +comprimés. Le mieux est de prévenir en donnant le médicament systématiquement en même +temps que l’on fait la vaccination de Newcastle. +Les parasites externes : Ce sont les argas, les poux, les puces, les gales, les tiques qui vivent +sous les plumes et sur la peau des oiseaux et dans les poulaillers. +Que remarque-t-on ? +10 +Les volailles se grattent et ont les plumes ébouriffées, maigrissent et s’affaiblissent lentement, +parfois les jeunes meurent. +Que faut-il faire ? +Mélanger un médicament insecticide avec de la cendre, du sable ou de l’eau pour traiter les +volailles si possible les poulaillers. +11 +SESSION III : L’ALIMENTATION +Objectif : Assurer une bonne croissance des animaux +Cela répond au principe de valoriser de façon optimale les ressources disponibles et compléter +éventuellement à moindre coût. +Il s’agit de : +- Chez les poussins : d’équilibrer dans la mesure du possible les rations +- Rendre disponible les aliments par broyage grossier +- Si les céréales sont insuffisantes, utiliser en compléments les tubercules (manioc, +patate douce) ; +- Veiller à l'apport de protéines telles que les poudres de poisson ou termites ou vers de +terre +- Respecter le rythme de distribution : Tôt le matin à l'ouverture des poulaillers, début +d'après-midi et en fin d'après-midi à la fermeture des poulaillers. +Quantité de nourriture donnée et mangée par la volaille locale à divers âge +Calcul simple pour connaitre la quantité nécessaire par jour. + +Perspectives et enjeux +de la décennie à venir +Le présent chapitre porte sur l’agriculture en Afrique subsaharienne en s’attachant +plus particulièrement aux perspectives et enjeux pour la décennie à venir. Il examine +la performance du secteur, décrit le contexte dans lequel opèrent actuellement les +marchés, présente des projections quantitatives détaillées à moyen terme pour la +décennie 2016-25, et évalue les principaux risques et incertitudes. Les perspectives +de l’agriculture en Afrique subsaharienne s’inscrivent dans un contexte dominé par +plusieurs mégatendances qui façonnent le développement du secteur. Parmi elles, on +peut citer la croissance démographique rapide, l’urbanisation et la diversification +rurale, qui vont de pair avec une transformation structurelle propice à l’emploi non +agricole au détriment de l’emploi agricole, la montée en puissance de la classe +moyenne et l’intérêt croissant (au niveau local et mondial) pour les terres agricoles +du continent. Les perspectives de l’agriculture sont globalement positives, mais +pourraient être encore améliorées grâce à une action systématique des pouvoirs +publics et des investissements stratégiques, en particulier dans les infrastructures +rurales. +Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités +israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des +hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux +termes du droit international. +La position de l’ONU sur la question de Jérusalem figure dans la Résolution 181 (II) du 29 novembre +1947 et dans des résolutions postérieures à cette date de l'Assemblée générale et du Conseil de +sécurité relatives à cette question. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +64 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Introduction +La région de l’Afrique subsaharienne1 (ASS) compte plus de 950 millions d’habitants, +soit environ 13 % de la population mondiale. D’ici à 2050, cette part devrait passer à près +de 22 %, soit 2.1 milliards de personnes. La sous-alimentation est un problème de longue +date et les progrès accomplis à cet égard sont irréguliers au sein de la région. Bien qu’il +ait diminué, passant de 33 % en 1990-92 à 23 % en 2014-16, le pourcentage de personnes +sous-alimentées reste le plus élevé du monde en développement (FAO, FIDA et PAM, +2015). L’ASS ayant enregistré une croissance rapide (2.7 % par an) de sa population au +cours de la même période, le nombre absolu de personnes sous-alimentées a augmenté +de 44 millions pour atteindre 218 millions. La lenteur des progrès à l’égard de la sécurité +alimentaire est attribuée à la faible productivité des ressources agricoles, à la forte +croissance de la population, à l’instabilité politique et aux troubles civils. Toutefois, les +disparités régionales restent fortes et les performances obtenues dans les pays +connaissant des conditions politiques stables, une croissance économique et un secteur +agricole en développement laissent penser qu’il est possible d’améliorer la sécurité +alimentaire de façon durable et pérenne grâce à des systèmes de gouvernance, des +capacités institutionnelles et des mesures macroéconomiques structurelles et +sectorielles adaptées. +L’importance du secteur agricole pour la sécurité alimentaire transparaît dans la +priorité qui lui est accordée dans le programme de développement. Le Programme détaillé +pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) fait partie intégrante du +Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la contribution du +secteur au PIB total, généralement élevée dans le contexte mondial, est révélatrice de la +place prééminente qu’il occupe dans la région. La place importante qu’occupe le secteur +agricole dans le PIB témoigne aussi de la faible diversification de la plupart des économies +africaines. En moyenne, la part de l’agriculture dans le PIB total est de 15 %, mais elle va de +moins de 3 % au Botswana et en Afrique du Sud à plus de 50 % au Tchad (graphique 2.1), ce +qui révèle des structures économiques variées. Le secteur agricole emploie plus de la +moitié de la population active totale (FMI, 2012) et fournit un moyen de subsistance à une +multitude de petits producteurs dans les zones rurales. Les petites exploitations +représentent environ 80 % de l’ensemble des exploitations agricoles de l’ASS et emploient +directement environ 175 millions de personnes (Alliance for a Green Revolution in Africa, +2014). Dans de nombreux pays, les femmes représentent au moins la moitié de la +population active (FAO, 2015). +Compte tenu du rôle que joue l’agriculture dans l’éradication de la faim et +l’amélioration de la sécurité alimentaire, le présent chapitre examine les performances +passées et l’état actuel de l’agriculture en ASS, en considérant les conditions politiques et +économiques, l’état des ressources naturelles et la structure démographique de la région. +Il tient compte du rôle des politiques publiques et des mégatendances2 dans la dynamique +de développement du secteur agricole. Parmi ces mégatendances, citons les évolutions +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 65 +démographiques, la montée en puissance de la classe moyenne africaine, l’accès croissant +aux nouvelles technologies de l’information et des communications, l’urbanisation rapide +et l’évolution consécutive de la demande alimentaire. Ces tendances s’accompagnent +d’une modernisation des systèmes alimentaires en aval, d’une réorientation massive de la +main-d’œuvre du secteur agricole vers des emplois non agricoles, et d’un intérêt croissant +au niveau mondial pour les terres agricoles disponibles en Afrique, intérêt encore renforcé +par l’envolée des prix des produits agricoles au cours de la décennie écoulée. +Ces mégatendances ne sont pas inévitables et présentent toujours un certain degré +d’incertitude, tout comme les futures politiques. L’étude de l’ASS dans son ensemble risque +de perpétuer l’idée que l’Afrique est une entité unique, mais ce chapitre vise à offrir des +perspectives agricoles, avec une réflexion plus large sur les liens entre la croissance et la +sécurité alimentaire, qui reflète la complexité de cette région. +L’environnement agricole de l’Afrique subsaharienne +Après plusieurs décennies de stagnation, une grande partie de l’Afrique voit +aujourd’hui son économie se transformer rapidement. Durant la période d’ajustement +post-structurel, l’environnement dans lequel opèrent les entreprises est devenu plus stable +et bien qu’elle soit partie d’un niveau bas, la croissance économique de la région est rapide +depuis le milieu des années 1990. Ces facteurs internes, conjugués à la flambée des prix +des matières premières, ont permis aux pays, exportateurs en particulier, de porter leurs +taux de croissance à près de 6 % voire plus. Toutefois, la baisse récente des prix agricoles, +le fléchissement de la demande de la Chine et la dépréciation monétaire ont émoussé les +taux de croissance des économies africaines. Les investissements étrangers et les flux +financiers vers l’Afrique ont quadruplé depuis 2000. Ces flux devraient encore augmenter +dans les années à venir (Banque africaine de développement, OCDE et PNUD, 2014)3, tandis +que les fonds générés en interne sous forme de recettes fiscales continuent de croître sur +l’ensemble du continent. +Graphique 2.1. Part de l’agriculture dans le PIB total en 2014 +Note : L’abréviation RDC désigne la République démocratique du Congo. +Source : Banque mondiale (2016). +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385914 +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +Canada +États-Unis +Union européenne +Australie +Chili +Mexique +Russie +Brésil +Argentine +Chine +Inde +Botswana +Afrique du sud +Angola +Zimbabwe +Zambie +Nigeria +RDC +Ghana +Mozambique +Ouganda +Soudan +Kenya +Tanzanie +Malawi +Mali +Ethiopie +Tchad +Reste du monde Afrique subsaharienne +% +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +66 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Les moteurs de la croissance agricole +Compte tenu de l’importance du secteur agricole dans le PIB (graphique 2.1), les +perspectives d’évolution de ce secteur pèsent très lourd dans le développement économique +de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Entre 1990 et 2013, la valeur totale de la +production agricole, mesurée en dollars constants des États-Unis, a augmenté de 130 % +(graphique 2.2). La filière des cultures représente la majorité de la valeur totale de la +production agricole, avec une moyenne de 85 % sur cette période de 24 ans. Cette part varie +au sein de la région, allant de 53 % en Afrique australe à plus de 90 % en Afrique occidentale. +Les différences régionales concernant la contribution relative des sous-secteurs des +cultures et de l’élevage reflètent la diversité agroécologique et culturelle. Il est évident que +l’ASS a connu une croissance notable au cours des 24 dernières années, mais l’Afrique +occidentale continue de représenter plus de 60 % de la valeur totale de la production agricole +en ASS, tandis que l’Afrique australe n’y contribue qu’à hauteur de 22 %. L’Afrique occidentale +est aussi la principale responsable de la fluctuation de la valeur totale de la production +depuis 2007 (graphique 2.2), principalement en raison de l’irrégularité de la production +d’ignames au Nigeria. Malgré la diversité des gammes de cultures dans la région, la part de la +filière des cultures dans la valeur totale de la production est nettement supérieure dans toutes +les sous-régions, sauf en Afrique australe, où la part de la filière de l’élevage est similaire. +Dans chacune des quatre sous-régions, les cinq principales cultures représentent plus +de 45 % de la valeur totale de la production végétale, le maïs étant la culture de base +prédominante. Le riz constitue un aliment de base en Afrique orientale et occidentale ; +parmi les autres grands produits de consommation, on peut citer la pomme de terre +(Afrique orientale et centrale), la patate douce (Afrique orientale), le manioc (Afrique +occidentale et orientale) et la banane-plantain (Afrique orientale et centrale). En Afrique +australe, la place importante qu’occupent les fruits et légumes dans la valeur de la +production totale s’explique par la production horticole de l’Afrique du Sud principalement +destinée à l’exportation. +Graphique 2.2. Valeur brute de la production agricole en Afrique subsaharienne +Mesurée en dollars constants de 2004-06 des États-Unis +Source : FAOSTAT (2016), FAO, http://faostat3.fao.org/. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385927 +-6 +-4 +-2 +0 +2 +4 +6 +8 +10 +12 +0 +20 +40 +60 +80 +100 +120 +140 +1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 +Indice (2005=100) % +Croissance de l'agriculture Indice des cultures Indice du bétail Indice de l'agriculture +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 67 +On observe la même diversité s’agissant des différentes productions animales, au +niveau non seulement de la part qu’elles représentent dans la valeur totale de la production +agricole, mais aussi de l’importance relative des différents sous-secteurs de l’élevage. La +volaille représente une part non négligeable de la valeur de la production animale au sein de +la région, qui varie entre 12 % en Afrique orientale et 45 % en Afrique centrale et en Afrique +australe (graphique 2.4). À noter qu’en Afrique centrale, où la valeur de la production +animale est inférieure à celle des trois autres régions, le gibier représente 35 % de la valeur +de la filière de l’élevage. Les systèmes de production animale restent majoritairement +extensifs : la production de ruminants au pâturage est souvent la seule option permettant de +créer de la valeur ajoutée dans les zones semi-arides. De même, le déplacement des +animaux d’élevage en fonction des conditions saisonnières et de la disponibilité du fourrage +reste la seule façon d’avoir la garantie de pouvoir nourrir les grands troupeaux (NEPAD, 2014). +En parallèle, des exploitations d’élevage intensif de volailles, intégrées verticalement, qui +lient les producteurs de céréales fourragères commerciales aux fabricants d’aliments pour +animaux, aux abattoirs et aux grossistes, sont présentes depuis de nombreuses années dans +certains pays (comme l’Afrique du Sud) et commencent à se développer dans d’autres +(comme la Zambie et la Tanzanie). Ces exploitations ciblent les centres de consommation +urbains caractérisés par une croissance rapide de la demande alimentaire. +Le secteur de la pêche et de l’aquaculture contribue également de différentes façons aux +économies nationales de l’ASS. La région, qui dispose d’importantes ressources halieutiques +dans ses eaux marines et continentales, se distingue par la diversité de ses communautés de +pêcheurs. Les petites entreprises de pêche, comme les entreprises industrielles, ciblent un +vaste éventail d’espèces destinées aux marchés locaux et internationaux. Les avantages +générés par ce secteur sont nombreux : nutrition et sécurité alimentaire, moyens de +subsistance, emplois, revenus extérieurs. A l’instar des autres sous-secteurs agricoles, le +secteur de la pêche et de l’aquaculture est considéré comme sous-utilisé, en dépit de ses +atouts naturels. Dans la région, la production halieutique totale ne représente qu’environ 4 % +de la production mondiale et les perspectives de croissance sont limitées pour la décennie à +Graphique 2.3. Différentes cultures pratiquées dans la région de l’Afrique subsaharienne +D’après la valeur moyenne de la production 2011-13 +Source : FAOSTAT (2016). FAO, http://faostat3.fao.org/. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385938 +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +70 +80 +90 +100 +Afrique orientale Afrique centrale Afrique australe Afrique occidentale +% +Céréales Autres cultures de rente Oléagineux Racines et tubercules Légumineuses Fruits et légumes +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +68 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +venir. En ASS, le secteur de la pêche et de l’aquaculture fait face à des défis immenses et +présente de graves lacunes qui limitent la capacité de la plupart des gouvernements à +assurer sa durabilité et sa rentabilité. Parmi ces défis, mentionnons une gestion inadaptée +des stocks de poisson ; le manque de connaissances et de données pour lancer des réformes ; +le potentiel inexploité des entreprises de pêche artisanale ; la faiblesse et le manque de +coordination des institutions ; les limites ou l’inefficacité des cadres juridiques et +institutionnels ; l’insuffisance de la recherche scientifique ; l’inadéquation des ressources +humaines et financières ; le manque d’informations fiables, pertinentes et opportunes ; le +manque d’infrastructures et de services adaptés ; et le changement climatique, qui devrait +modifier les modèles de production du secteur halieutique du fait de la migration des +espèces vers de nouveaux habitats. +La croissance du secteur agricole est soutenue par l’expansion des surfaces cultivées +En Afrique, le modèle de croissance agricole diffère sensiblement de celui de l’Asie ou de +l’Amérique du Sud. En Asie, la croissance résulte pour l’essentiel de l’intensification, tandis +qu’en Amérique du Sud, elle découle de l’amélioration notable de la productivité de la maind’œuvre du fait de la mécanisation. En revanche, la forte croissance de la production agricole +en ASS s’explique principalement par l’expansion des surfaces cultivées et par +l’intensification des systèmes de culture, et non par une amélioration à grande échelle de la +productivité (NEPAD, 2014 ; Brink et Eva, 2009). Si le nombre de travailleurs agricoles a +progressé, le NEPAD (2014) note que la productivité par travailleur n’a augmenté que de 1.6 % +en Afrique au cours des 30 dernières années, contre 2.5 % en Asie. +L’ASS étant généralement considérée comme une région riche en terres, la poursuite +de l’expansion des surfaces cultivées au cours de la décennie à venir peut ne pas sembler +poser problème. Toutefois, les zones rurales de l’ASS sont très hétérogènes et bien qu’une +grande partie des terres y demeure inutilisée ou sous-utilisée, une part considérable de la +population rurale vit dans des zones d’agriculture familiale qui sont densément peuplées +et où les terres manquent (Jayne et al., 2014). Dans le cadre d’une évaluation plus générale +Graphique 2.4. Différentes productions animales de la région de l’Afrique subsaharienne +D’après la valeur moyenne de la production 2011-13 +Source : FAOSTAT (2016), FAO, http://faostat3.fao.org/. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385940 +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +70 +80 +90 +100 +Afrique orientale Afrique centrale Afrique australe Afrique occidentale +% +Autres Viande de volaille Viande porcine Viande ovine et caprine Viande bovine Produits laitiers +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 69 +utilisant une combinaison de facteurs biophysiques et économiques comme critères de +viabilité, Chamberlin et al. (2014) indiquent que les terres potentiellement cultivables +dépendent fortement d’hypothèses liées à la productivité des terres et à l’accès aux marchés. +Une bonne partie des terres sous-utilisées est concentrée dans relativement peu de pays et, à +ce jour, entre la moitié et les deux tiers des terres excédentaires sont des forêts. La conversion +de ces terrains boisés en terres agricoles aurait un coût environnemental considérable. +Dans les pays où les ressources foncières sont limitées, la croissance par l’expansion +des surfaces cultivées risque de se faire aux dépens des terres en jachère. L’augmentation +de la population rurale et la pression foncière qui en découle ont amené de nombreux +pays africains à cultiver les terres en permanence, si bien que les terres en jachère +disparaissent massivement dans les zones densément peuplées4. L’exploitation +ininterrompue des parcelles existantes ne poserait pas forcément problème pour +l’intensification durable de l’utilisation des terres si les engrais, les pratiques +d’amendement des sols et les autres investissements dans l’expansion des surfaces +cultivées étaient raisonnablement employés et s’accompagnaient d’une formation +continue aux méthodes de maintien et d’amélioration de la qualité des sols. Néanmoins, +de nombreuses publications sur l’ASS mettent en avant la dégradation des sols due à des +pratiques culturales non durables dans les régions densément peuplées, par exemple +dans certaines parties du Kenya et du Malawi (Stoorvogel et Smaling, 1990 ; Drechsel +et al., 2001 ; Tittonell et Giller, 2012). L’exploitation ininterrompue des terres et l’absence +de rotation des cultures épuisent les ressources en carbone organique du sol, qui devient +alors moins réactif aux applications d’engrais. Dans ces conditions, les petits exploitants +ont aussi plus de mal à profiter des gains de rendement rendus possibles par +l’amélioration génétique des végétaux. +Contribution du secteur agricole à l’emploi +Le secteur agricole joue un rôle central dans l’emploi en ASS, car il emploie plus de la +moitié de la main-d’œuvre totale. Si son importance pour la population rurale est bien +établie, de récentes études laissent penser que l’agriculture est également la principale +source de revenus de 10 % à 25 % des ménages urbains. Les données des recensements +nationaux indiquent que le nombre de personnes employées principalement dans le +secteur agricole augmente au fil des ans (Yeboah et Jayne, 2015) +Du fait de sa croissance rapide, la population de l’ASS est jeune et 17 millions de +personnes environ entreront dans la population active chaque année au cours de la décennie +à venir (Losch, 2012 ; FMI, 2015). Si l’on considère les taux actuels de croissance de l’emploi, les +emplois salariés rémunérateurs hors secteur agricole absorberont moins de la moitié de la +population active, et même avec des scénarios de croissance et d’action publique plus +favorables, cette part s’élèvera à deux tiers au maximum (Fine et al., 2012). La Banque mondiale +indique que les exploitations familiales resteront la principale source d’emploi durant la +prochaine décennie (Filmer et Fox, 2014), ce qui concorde avec les tendances en matière +d’emploi établies par le Centre de la croissance et du développement de Groningue (Groningen +Growth and Development Centre, 2013). Par conséquent, la participation des jeunes au secteur +agricole dépendra dans une large mesure de la viabilité de l’agriculture familiale. +Avec des solutions innovantes pour faciliter la participation des jeunes aux activités +agricoles, il serait possible de réduire largement la pauvreté chez les jeunes comme chez les +adultes. Une stratégie cohérente et intégrée qui s’attaque aux difficultés liées à l’éducation, +à l’accès aux terres, aux régimes fonciers, à l’accès aux services financiers, aux marchés et +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +70 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +aux emplois verts, et à la participation au dialogue sur la ligne d’action pourrait rendre le +secteur agricole plus attractif aux yeux des jeunes, ce qui créerait l’impulsion dont ils +pourraient avoir besoin pour se lancer (FAO, CTA et FIDA, 2014). +La capacité de l’urbanisation et de la croissance des revenus à faire augmenter le +nombre d’emplois dans les secteurs en aval du système alimentaire dépend également +de l’origine des principaux produits agricoles. Une accélération de la croissance de la +production intérieure due à une commercialisation pourrait accroître le nombre +d’emplois créés dans les filières de la préparation des aliments, de la vente en gros, de la +transformation et de la vente au détail. L’encadré 2.1 fournit de plus amples détails sur +l’émergence de l’économie de l’alimentation en Afrique occidentale et sur le rôle de +l’apport d’une valeur ajoutée dans la création d’emplois. +Encadré 2.1. Émergence d’une économie de l’alimentation en Afrique occidentale +Les agglomérations de l’Afrique occidentale abritent aujourd’hui 133 millions de personnes, 25 fois plus +qu’en 1950. Sur la seule période 2000-10, la population urbaine a gagné plus de 48 millions de personnes. +Par conséquent, la taille de l’économie de l’alimentation a enregistré une croissance spectaculaire. +Soutenues par l’urbanisation et la croissance des revenus, les habitudes de consommation alimentaire des +ménages évoluent et l’économie de l’alimentation se développe. +Un nombre croissant de ménages se tourne vers les marchés pour se procurer de la nourriture. Dans les +zones urbaines, presque toute la nourriture est achetée sur le marché : les divers circuits de distribution +fournissent en moyenne 93 % des aliments consommés par les ménages. En parallèle, avec la +diversification croissante des économies rurales et la généralisation des produits et des modes de vie +urbains, la part des produits alimentaires ruraux achetés sur les marchés progresse également. +Globalement, les marchés fournissent au moins les deux tiers des aliments consommés par les ménages au +niveau régional (OCDE, 2013). +En outre, l’urbanisation et l’adoption des modes de vie urbains s’accompagnent d’une modification des +habitudes alimentaires, dont la portée dépasse les frontières des villes et des agglomérations. On observe +une baisse de la consommation des céréales et des légumineuses au profit des fruits, des légumes et des +aliments transformés. Les consommateurs urbains se tournent clairement vers des produits alimentaires +à plus haute valeur. Les fruits, les légumes, la viande et le poisson représentent maintenant la moitié des +dépenses alimentaires totales des ménages urbains. La demande de produits prêts à consommer est une +tendance observée dans l’ensemble des catégories de revenus et des zones. Cette tendance se traduit par +une forte demande de produits transformés et préparés et par le développement des repas achetés dans la +rue. Dans les zones urbaines, les aliments transformés représentent 41 % du budget alimentaire. Si la part +du budget consacrée à ces aliments est plus modeste chez les ménages ruraux qu’en ville, elle s’élève tout +de même à 36 % (graphique 2.5). +Les effets combinés de l’urbanisation rapide, de la croissance de la population et de la transformation +subséquente de la demande alimentaire ont des répercussions majeures sur la taille et la structure de +l’économie de l’alimentation en Afrique occidentale. En utilisant des données récentes sur les dépenses et +la consommation issues d’études compilées par la Banque mondiale, on estime la valeur de l’économie de +l’alimentation de l’Afrique occidentale à 178 milliards USD en 20101. Ce montant représente 36 % du PIB +régional, ce qui fait de la filière alimentaire le principal secteur de l’économie de l’Afrique occidentale. +Dans de nombreux pays, le marché intérieur des produits alimentaires devient plus attractif pour les +agriculteurs que les cultures de rapport traditionnellement exportées. Les activités post-récolte non +agricoles de l’économie de l’alimentation telles que la transformation, la logistique et la vente au détail, se +développent rapidement. Elles représentent 40 % de la valeur ajoutée du secteur et continueront à prendre +de l’ampleur (Allen et Heinrigs, 2016). +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 71 +Encadré 2.1. Émergence d’une économie de l’alimentation en Afrique occidentale (suite) +L’apparition de filières alimentaires et d’usines de transformation locales crée de plus en plus d’emplois +dans les secteurs de la transformation, de l’emballage, de la distribution et de la vente au détail dans les +zones urbaines et rurales. Dans de nombreuses zones rurales, l’économie rurale hors secteur agricole +progresse rapidement et entraîne des transformations économiques. +Il est nécessaire de faire évoluer la politique agricole vers une politique alimentaire intégrée pour tirer +pleinement parti des opportunités qu’offrent l’urbanisation et le développement de l’économie de +l’alimentation. En plus d’aider les agriculteurs à répondre à la demande de fruits, de légumes, de viande et +de poisson des villes, les États doivent améliorer l’environnement commercial des entreprises +agroalimentaires des secteurs de la transformation, de la distribution et de la vente au détail, et renforcer +les liens entre les zones urbaines et l’arrière-pays rural. +Graphique 2.5. Panier de produits alimentaires en Afrique occidentale, par groupe +d’aliments et par zone en 2010 +1. Correspond à la somme de l’ensemble des aliments consommés, ajustée en fonction des chiffres du PIB. +Source : Base de données sur la consommation mondiale, Banque mondiale ; Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/OCDE. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385954 +Produits +laitiers +4% +Boissons +5% +Autres +12% +Viande et +poisson +22% +Céréales et +oléagineux +26% +Fruits et +légumes +31% +Urbain +Produits +laitiers +2% +Boissons +4% +Autres +13% +Viande et +poisson +16% +Céréales et +oléagineux +37% +Fruits et +légumes +27% +Rural +Boissons +5% +Céréales +20% +Non +transformés +34% +Transformés +41% +Urbain Boissons +4% +Céréales +34% +Unprocessed +26% +Transformés +36% +Rural +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +72 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Politiques agricoles en Afrique subsaharienne +Un certain nombre d’initiatives stratégiques, dont la mise en place a été motivée par la +nécessité de créer un secteur agricole dynamique et durable, ont joué un rôle essentiel dans +le développement du secteur au cours de la décennie écoulée. La Déclaration de Maputo sur +l’Agriculture et la sécurité alimentaire de 2003 (Maputo Declaration on Agriculture and Food +Security) a fait du PDDAA une priorité, les États signataires s’engageant à consacrer au moins +10 % de leur budget national à sa mise en œuvre, et avait pour objectif de porter à 6 % la +croissance annuelle du secteur agricole. Moins de 20 % des pays ont respecté leurs +engagements en matière de dépenses agricoles. Plus récemment, ces engagements ont été +réaffirmés dans la Déclaration de Malabo5 sur la croissance accélérée de l’agriculture, dans +laquelle les États se sont engagés à mettre fin à la famine en Afrique d’ici 2025. +Bien que le secteur agricole soit devenu une priorité, le projet de Suivi des politiques +agricoles et alimentaires en Afrique (SPAAA) note que la part des ressources publique +consacrée à l’agriculture tend à diminuer dans les dix pays suivis en 20136. Ces pays ont +utilisé des fonds publics pour financer un large éventail de politiques de soutien des +consommateurs et des producteurs (graphique 2.6). Cependant, ces dépenses pourraient +avoir ciblé des objectifs à court terme qui n’ont pas toujours pleinement concordé avec les +objectifs de développement à long terme du secteur (Banque africaine de développement, +FAO et Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Pour assurer le +développement stratégique du secteur agricole, les États devraient concentrer leur action sur +les infrastructures, la recherche et le développement. De nombreux chercheurs ont montré +que l’instabilité du cadre politique et stratégique est un facteur qui limite le développement +du secteur. La cohérence des mesures appliquées restera un facteur clé dont dépend la +réussite du secteur dans le cadre du programme de développement. +Les programmes de subvention aux engrais sont utilisés dans un certain nombre de +pays comme moyen de soutien aux producteurs pour améliorer la productivité, et bien +qu’ils aient permis d’accélérer la croissance des rendements dans des pays comme la +Graphique 2.6. Dépenses publiques affectées au secteur agricole dans certains pays +d’Afrique subsaharienne +Source : Angelucci et al. (2013) +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385960 +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +70 +80 +90 +100 +Burkina Faso Mali Ghana Ethiopie Tanzanie Ouganda Kenya Burundi Malawi Mozambique +% +Autres Stockage et commercialisation Infrastructures agricoles Diffusion des connaissances Recherche agricole Subventions aux intrants +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 73 +Zambie ou le Malawi, leur efficacité réelle à long terme reste contestée, les coûts dépassant +souvent les avantages produits (Jayne et Rashid, 2013). Une autre stratégie encouragée est +l’adoption d’une approche globale pour soutenir les petits producteurs. Ce type d’approche +inclut des investissements dans la R-D en agriculture, des programmes de développement +agricole ciblant l’amélioration de la qualité des sols et la multiplication des infrastructures +physiques. +La mise en place de systèmes de réserves alimentaires stratégiques pour contribuer à +la sécurité alimentaire était l’une des résolutions de la Déclaration de Maputo sur +l’agriculture et la sécurité alimentaire. Par conséquent, la majorité des fonds affectés aux +programmes relatifs aux consommateurs dans la région ont servi à maintenir les stocks +publics des principales céréales de base. Les coûts de mise en œuvre, de même que les +distorsions de prix générées par ces mesures sont des considérations dont l’importance ne +doit pas être perdue de vue. Elle a été réduite lorsque les mesures se fondent sur des prix +cibles transparents qui concordent avec les indices de parité à l’exportation et à +l’importation. De plus, les gouvernements ont recouru à des mesures commerciales +temporaires telles que des interdictions d’exportation ou des réductions des droits +d’importation pour soutenir les consommateurs. +La croissance de la production en ASS n’a pas été aussi rapide que celle de la demande +due à l’augmentation de la population et des revenus, de sorte que les importations des +principaux produits alimentaires tels que le blé, le riz et la volaille ont augmenté. Dans de +nombreux cas, les États ont mis en place des droits à l’importation pour soutenir les +producteurs nationaux, notamment face à la concurrence des agriculteurs ne faisant pas +partie de la région. L’encadré 2.2 illustre quelques-uns des avantages qui pourraient +découler du développement du commerce intrarégional en Afrique orientale et australe. +Plusieurs accords commerciaux régionaux conclus en Afrique, notamment le Marché +commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), la Communauté de +l’Afrique de l’Est (EAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest +(CEDEAO) et la Communauté du développement de l’Afrique australe (SADC), ont permis +de réduire les droits de douane, mais se sont aussi accompagnés d’une augmentation à +l’avenant des mesures non tarifaires. La mise en œuvre de la zone de libre-échange +tripartite, établie en 2015 entre la SADC, le COMESA et l’EAC créera le plus grand bloc +économique du continent, qui couvrira plus de 50 % de la population et du PIB de l’Afrique +et pourrait avoir une incidence considérable sur le commerce dans la région. +Encadré 2.2. Rôle du commerce intrarégional dans la réduction de la volatilité des marchés +et l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique orientale et australe +La forte volatilité des prix intérieurs des produits alimentaires est un problème récurrent dans de +nombreux pays africains. Elle représente en particulier un risque pour la sécurité alimentaire des foyers +pauvres qui dépensent une grande part de leurs revenus dans l’alimentation, ainsi que pour les foyers dont +les revenus dépendent de l’agriculture. La prise de conscience de la nécessité de stabiliser l’offre et les prix +a longtemps motivé l’intervention des gouvernements sur les marchés agricoles, malgré la tendance +internationale à la libéralisation (Jayne et Tschirley 2009, Minot 2014). Lorsqu’ils prennent des mesures en +réponse à ces chocs sur les marchés, les gouvernements doivent souvent trouver un juste équilibre entre +les objectifs de sécurité alimentaire à court terme et l’objectif à plus long terme d’améliorer la croissance +de la productivité. En ASS, région du monde où la sécurité alimentaire est la plus faible, l’atteinte de cet +équilibre est très difficile, mais la cohérence des mesures appliquées reste essentielle. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +74 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Encadré 2.2. Rôle du commerce intrarégional dans la réduction de la volatilité des marchés +et l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique orientale et australe (suite) +Le rôle du commerce intrarégional dans la réduction de cette volatilité et l’amélioration de la sécurité +alimentaire a été reconnu par l’Union africaine dans la Déclaration de Malabo sur la croissance et la +transformation accélérées de l’agriculture, où elle s’est engagée à stimuler le commerce intra-africain des +produits et services agricoles. La réduction des barrières au commerce régional constitue un moyen +économique de réduire les prix intérieurs et offre un potentiel énorme en termes d’amélioration de la +sécurité alimentaire dans la région. Cette contribution positive est déjà visible dans les régions où des pays +voisins mettent leur production en commun afin de stabiliser les marchés grâce au commerce +transfrontalier (Mozambique-Malawi, Malawi-Zambie, Ouganda-Kenya) (Chapoto et Sitko, 2014). +Le nouveau statut de producteur excédentaire régulier de la Zambie, notamment pour le maïs, a entraîné +une modification de la structure des échanges régionaux en Afrique orientale et australe. Grâce au +différentiel avantageux en matière de transport et à l’absence de modification génétique, la Zambie est +devenue le fournisseur privilégié du Zimbabwe. En parallèle, les restrictions commerciales discrétionnaires +mises en place par le gouvernement zambien ont influé sur la régularité des exportations vers le +Zimbabwe, ce qui a eu un effet sur la volatilité des prix. La mesure dans laquelle la Zambie continuera +d’asseoir sa position d’exportateur vers le Zimbabwe et d’autres pays déficitaires au cours de la période +étudiée par cette édition des Perspectives dépendra de la cohérence avec laquelle sa stratégie commerciale +sera appliquée. L’Afrique du Sud et l’Ouganda maintiennent une politique d’ouverture commerciale et +devraient continuer à exporter régulièrement des produits dans la région. En supposant que les frontières +restent ouvertes, la Zambie devrait également augmenter ses exportations, devenant le deuxième plus gros +exportateur de maïs de l’ASS, au cours de la décennie à venir (graphique 2.7). +Bien que le commerce intrarégional de maïs soit plus important, il représente à ce jour moins de 10 % des +échanges totaux des produits alimentaires de base. Parmi les obstacles au commerce recensés, +mentionnons le poids des procédures douanières et l’insuffisance des infrastructures de transport. Il +faudrait donner la priorité aux mesures et aux investissements qui réduisent ces obstacles et mettre en +place des systèmes plus prévisibles, encadrés par des règles (Morrison et Sarris, 2016). +Graphique 2.7. Échanges nets de maïs en Afrique orientale et australe +Note : La partie ombrée du graphique représente le total des échanges nets de maïs en ASS ; les bâtons illustrent les échanges nets +des principaux importateurs et exportateurs en ASS. +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385976 +-6 +-4 +-2 +0 +2 +4 +6 +2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 +Mt +Afrique subsaharienne Afrique du sud Kenya Zimbabwe Zambie Ethiopie +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 75 +Principaux facteurs sur lesquels se fondent les perspectives agricoles pour la région +Les perspectives d’évolution de la production, de la demande intérieure et des +échanges de produits agricoles dans la région sont influencées par toute une série de +facteurs agro-écologiques, économiques, démographiques et politiques. Le niveau de +revenu disponible sur le marché intérieur des produits alimentaires fait écho au +développement économique général des pays. Les perspectives de plusieurs pays qui +dépendent largement des exportations de produits agricoles ont été revues à la baisse et la +croissance du PIB par habitant devrait stagner au cours de la décennie à venir, ce qui +provoquera un ralentissement notable en Afrique centrale, australe et occidentale +(graphique 2.8). Néanmoins, l’accélération du rythme de croissance de la production en +Afrique orientale compense en partie ce déclin et le taux de croissance du PIB par habitant +de l’ensemble de l’ASS ces dix prochaines années sera à peine inférieur (2.3 % par an) à +celui de la décennie précédente (2.4 % par an). +Répartition des revenus : vers l’essor d’une classe moyenne africaine ? +La région de l’ASS enregistre l’un des taux d’inégalité les plus élevés du monde et si +l’augmentation des revenus est manifeste, la répartition de plus en plus inéquitable des +richesses dans de nombreux pays freine la montée en puissance des consommateurs de la +classe moyenne et partant, l’augmentation des dépenses alimentaires sur le marché +intérieur. Selon la Banque africaine de développement (BAD), la classe moyenne, qui +englobe les personnes qui dépensent entre 2 et 20 USD par jour (à parité de pouvoir d’achat +de 2005), a vu sa part dans la population passer de 27 % en 1990 à 34 % en 2010. Toutefois, +en 2010, environ 60 % de la classe moyenne se trouvait dans la tranche dépensant entre 2 +et 4 USD par jour et par tête : ces personnes sont donc à peine au-dessus de la catégorie des +pauvres et risquent constamment d’y retomber (BAD, 2011). +Graphique 2.8. Croissance du PIB par habitant en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385984 +-4 +-2 +0 +2 +4 +6 +8 +10 +2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 +% +Afrique subsaharienne Afrique orientale Afrique centrale Afrique australe Afrique occidentale +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +76 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Structure démographique +La croissance de la population de l’ASS dépasse largement celle de toutes les autres +régions du monde. Depuis 1990, la population de l’ASS a augmenté de 96 %, soit plus du +double de la moyenne mondiale de 38 % (45 % en Océanie, 37 % en Asie, 27 % en Amérique +du Nord et moins de 3 % en Europe). On prévoit une nouvelle croissance de la population +de 28 % au cours de la décennie à venir, alors que la moyenne mondiale ne sera que de +11 %. De cette croissance rapide découle une structure démographique unique : plus de +60 % de la population a moins de 25 ans, contre 41 % en Asie et seulement 27 % en Europe. +Le potentiel économique lié au dividende démographique, c’est-à-dire les avantages que +présente la période pendant laquelle la proportion de la population en âge de travailler +dépasse celle d’inactifs, devrait être reconnu. +La proportion de la population vivant en zone urbaine est passée de 27 % en 1999 à +38 % en 2015, un taux similaire à celui de l’Amérique du Sud et de l’Asie du Sud. D’ici 2025, +ce taux devrait passer à 42 %, ce qui aura une incidence sur les niveaux de revenus et les +habitudes alimentaires. Malgré l’urbanisation, la population rurale continue d’augmenter +en valeur absolue et les études indiquent que même dans les zones urbaines, l’agriculture +constitue encore la principale source de revenus pour 25 % de la population. La hausse de +la productivité du secteur agricole semble donc être le moyen le plus efficace d’améliorer +directement les revenus ruraux, tout en stimulant la demande réelle et la création +d’emplois hors secteur agricole grâce aux effets multiplicateurs des gains de productivité. +L’émergence d’exploitations de taille moyenne +L’envolée des prix des produits alimentaires mondiaux après 2007, associée à la mise +en place de subventions agricoles et d’une politique foncière dans de nombreux pays, a +accéléré la demande de terres agricoles en ASS. Les acquisitions de terres par des +investisseurs africains et étrangers ont progressé de manière spectaculaire, ce qui a mené +à l’essor rapide d’exploitations commerciales « émergentes » de taille moyenne et de +grande taille (Jayne et al., 2015). D’après les données de l’enquête sur le développement et +la santé, les ménages urbains contrôlent désormais 10 % à 30 % du total des terres +agricoles. Certains éléments laissent également penser que les politiques foncières +actuelles accroissent les inégalités en matière de propriété foncière, et que dans certains +cas, elles pourraient rendre plus difficile l’expansion des surfaces cultivées dans les zones +d’agriculture familiale densément peuplées. +La productivité relative de ces exploitations moyennes est moins bien connue. Les +entreprises agricoles bénéficient peut-être d’une commercialisation accrue et d’économies +d’échelle, mais les achats de terres réalisés par des ménages urbains riches et influents sur le +plan politique à des fins spéculatives pourraient ne pas avoir d’effet sur la productivité. +L’accroissement de la commercialisation du secteur devrait augmenter la croissance de la +productivité, mais l’écart de rendement reste important. Il serait possible d’atteindre un taux +de croissance de la productivité bien plus élevé en accélérant la transformation de la structure +des exploitations, en mécanisant le secteur et en améliorant les pratiques agricoles. +Perspectives à moyen terme +Dans la région où l’insécurité alimentaire est la plus forte au monde, les questions clés +pour les perspectives à moyen terme sont liées à l’augmentation de l’apport calorique. La +hausse importante de la demande alimentaire est gonflée par l’accroissement de la +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 77 +population, mais l’amélioration de l’apport calorique par habitant reste modeste. +L’importance et la composition de cet apport varient notablement au sein de la région, +mais c’est l’Afrique orientale qui devrait connaître la plus forte croissance, avec une +augmentation de l’apport calorique par habitant de près de 7.5 % (162 kcal/jour/personne) +d’ici 2025. En revanche, dans la région de l’Afrique centrale, fortement influencée par ses +deux pays névralgiques que sont l’Angola et la République démocratique du Congo (RDC), +l’augmentation de l’apport calorique par habitant ne sera que de 1.5 % (32 kcal/jour/ +personne) au cours de la décennie à venir. Ce chiffre s’explique par la croissance rapide de +la population (plus de 3.5 %) en RDC et par un ralentissement prévu de la croissance des +revenus en Angola, qui dépend fortement des exportations de pétrole brut. L’Afrique +australe et l’Afrique occidentale comptant les deux plus grandes économies de la région +(l’Afrique du Sud et le Nigeria), il n’est pas surprenant que l’apport calorique total soit près +de 40 % supérieur à celui de l’Afrique centrale et orientale. Cependant, les différences +demeurent importantes dans ces régions et l’apport calorique reste faible dans plusieurs +pays. L’apport calorique de l’Afrique australe et de l’Afrique occidentale aura progressé de +respectivement 6 % (178 kcal/jour/personne) et 5 % (136 kcal/jour/personne) d’ici 2025, +principalement du fait d’une augmentation de la consommation d’huiles végétales et de +sucre (graphique 2.9). +L’apport en protéines par habitant varie également au sein de la région : il est près de +65 % plus élevé en Afrique australe qu’en Afrique centrale (graphique 2.10). Cet écart +s’explique par une consommation de viande nettement plus importante en Afrique +australe. Avec un taux de 6 % (4 g/jour/personne), c’est l’Afrique orientale qui enregistrera +la plus forte augmentation de la consommation de protéines au cours des dix prochaines +années, suivant la tendance de la consommation de viande et de produits laitiers. En +Afrique centrale, qui reste déchirée par des conflits civils, la croissance par habitant sera +modeste, dépassant à peine 3 % (2 g/jour/personne) au cours de la décennie à venir. +Graphique 2.9. Apport calorique par groupe de produits en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933385990 + 0 + 500 +1 000 +1 500 +2 000 +2 500 +3 000 +3 500 +2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 +Afrique centrale Afrique orientale Afrique australe Afrique occidentale +kcal/jour/personne +Autres Racines et tubercules Blé Riz Maïs Autres céréales second. Huiles végétales Sucre Animal +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +78 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Dans un contexte d’expansion démographique rapide, une augmentation modeste de +la consommation par habitant entraîne une hausse importante de la demande et une +demande croissante des importations de nombreux produits. Le graphique 2.11, qui +présente l’indice de la valeur de la production agricole d’après les prix en dollars constants +de 2004-06 et les prévisions de production, laisse penser que la production suit la +demande. Cette tendance est soutenue par des prix élevés en ASS, qui sont le résultat de +taux de change plus faibles et des majorations de prix dues à l’isolement des marchés +intérieurs, mais des différences notables subsistent en fonction des sous-régions et des +Graphique 2.10. Consommation de protéines par habitant en Afrique subsaharienne, +par groupe de produits +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386007 +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +70 +80 +90 +100 +2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 +Afrique centrale Afrique orientale Afrique australe Afrique occidentale +g/jour/personne +Autres Racines et tubercules Blé Riz Maïs Viande et poisson Produits laitiers +Graphique 2.11. Indice de la production agricole des produits étudiés +en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386017 +0 +20 +40 +60 +80 +100 +120 +140 +160 +180 +200 +2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 +Indice (2004-06=100) +Afrique orientale Afrique centrale Afrique australe Afrique occidentale +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 79 +produits. En supposant que les rendements soient stables, la région est capable de subvenir +à ses besoins en produits agricoles de base comme le maïs et les racines et tubercules, les +importations n’étant nécessaires qu’en période de sécheresse. En revanche, une part +importante de l’augmentation de la consommation de blé, de riz et de volaille sera +satisfaite grâce aux importations. Parallèlement, les filières tournées vers l’export telles +que le sucre, le coton, les fruits et les boissons continuent de progresser, participant à la +constitution de réserves de devises étrangères. +Cultures +Après une expansion rapide au cours de la décennie écoulée, la production de céréales +en Afrique orientale et australe a baissé de plus de 10 % en 2015 en raison de conditions +météorologiques défavorables (encadré 2.3). Pour l’été 2016, les perspectives de production +des cultures restent réservées à l’Afrique australe en particulier, ce qui a entraîné une forte +hausse des prix. Les prix du maïs en Afrique du Sud, en Zambie et au Malawi ont atteint +des niveaux record au début de l’année 2016 et les gouvernements ont réagi en vendant du +maïs aux consommateurs à un prix subventionné et en limitant les permis d’exportation. +L’Agence des réserves alimentaires (Food Reserve Agency – FRA) de la Zambie a cessé +d’exporter son stock actuel. Des volumes importants devront être importés pour assurer la +sécurité alimentaire à court terme. En outre, dans de nombreuses régions côtières, le blé +est importé à des prix plus compétitifs que le maïs blanc. +Encadré 2.3. Impact de la sécheresse 2015-16 sur la production agricole +en Afrique orientale et australe +La région de l’ASS a été particulièrement sujette à des sécheresses récurrentes dans le passé. Entre 1990 +et 2013, près de 43 % des sécheresses enregistrées dans la base de données EM-DAT1 ont eu lieu en ASS. Les +répercussions du manque de précipitations sur la production agricole ont été particulièrement graves, du +fait de la prédominance des cultures en sec et des systèmes d’élevage reposant sur le pâturage. Les +projections climatiques semblent indiquer que les précipitations seront de plus en plus variables en ASS +dans la décennie à venir, ce qui aura un effet sur la sécurité alimentaire. +En 2015, au climat extrêmement sec en Afrique orientale et australe (AOA) s’est ajouté un épisode El Niño +de forte intensité. Cette même année, l’Éthiopie a enregistré sa plus faible pluviométrie en 30 ans, et +l’Afrique du Sud, sa plus faible depuis 1904. La répartition mensuelle des précipitations est tout aussi +importante pour la production agricole. Les précipitations limitées et irrégulières pendant la période de +plantation idéale des cultures d’été (entre octobre et décembre) en Afrique australe ont gravement nui au +développement des cultures précoces, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la sécurité alimentaire. +L’indice de stress agricole du graphique 2.12 montre à quel point les cultures en croissance souffraient du +stress hydrique fin décembre 2015. +Le maïs est le principal aliment de base de la plupart des pays de l’AOA, la sécurité alimentaire de la +région dépend donc essentiellement de sa disponibilité et de son prix. Il représente la plus importante +culture d’été dans la majeure partie de l’AOA et offre un moyen de subsistance à une multitude de petits +producteurs. En Afrique du Sud et en Zambie, les deux plus grands producteurs excédentaires de la région, +les premières estimations de production montrent une baisse de respectivement 27 % et 21 % de la récolte +de maïs début 2016 par rapport à la récolte début 2015, qui était déjà au-dessous de la moyenne. Par +conséquent, les volumes importés en AOA augmenteront notablement en 2016, et contrairement à la +tendance des années antérieures, la plus grande partie ne proviendra pas de la région. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +80 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Le rythme d’augmentation de la surface cultivée totale en ASS devrait ralentir par +rapport à la décennie précédente en raison de la baisse générale des prix et du coût +croissant de la mise en production de nouvelles terres arables (graphique 2.13). La plupart +des nouvelles terres sont dédiées à la production de cultures de base telles que les céréales +secondaires, le riz, et les racines et tubercules, bien que le rythme d’augmentation varie +considérablement selon les régions et les pays. En Afrique australe, par exemple, c’est +principalement du soja qui est cultivé sur ces nouvelles surfaces, tandis qu’en Afrique +orientale, ce sont des céréales secondaires. En Afrique centrale et occidentale, les plus +fortes augmentations concernent le riz et les racines et tubercules. +Encadré 2.3. Impact de la sécheresse 2015-16 sur la production agricole +en Afrique orientale et australe (suite) +Graphique 2.12. Indice de stress agricole – Décembre 2015 +Source : Système mondial d’information et d’alerte rapide sur l’alimentation et l’agriculture de la FAO, 2016. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386029 +Le coût des importations augmente d’autant plus que de nombreuses monnaies de la région se sont +nettement dépréciées face au dollar des États-Unis. De plus, des règlementations strictes concernant la +modification génétique2, ainsi qu’une préférence pour le maïs blanc, limitent les possibilités +d’approvisionnement3 et augmentent sensiblement le prix du maïs blanc par rapport au maïs jaune, plus +courants sur le marché mondial. Le prix du maïs devrait rester élevé jusqu’en mars 2017, où les premières +livraisons en provenance de la région permettront d’atténuer la pression sur le faible niveau des stocks. +1. Base de données internationale sur les catastrophes – Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes (CRED) : +www.emdat.be/database. +2. Les réglementations portant sur la modification génétique varient au sein de la région. La majorité des pays n’accepte pas le +maïs génétiquement modifié, d’autres ne peuvent en importer que dans certaines conditions. +3. Il n’y a que quelques producteurs excédentaires de maïs blanc dans le monde, parmi lesquels le Mexique et les États-Unis +semblent être les seules sources viables pour le marché de l’export pour la saison commerciale actuelle. +0-40 40-70 70+ Hors saison +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 81 +Céréales +Les céréales restent la principale source d’énergie pour plus de 962 millions de +personnes en ASS et sont donc essentielles à la sécurité alimentaire. Néanmoins, la +composition de la consommation de céréales en ASS diffère de la norme mondiale : le maïs +y est un produit de base important pour la consommation humaine. La croissance de la +demande totale de céréales ralentit, s’établissant à 2.7 % par an pour la période de +projection, contre 3.8 % par an au cours de la décennie écoulée. Pourtant, d’ici 2025, la +consommation totale aura augmenté de plus de 52 Mt, soit un peu plus de 6 kg par +habitant. D’ici 2025, la consommation totale de céréales dépassera 134 kg par habitant, +chiffre qui reste inférieur à 40 % de la moyenne mondiale. +La consommation alimentaire reste le principal moteur de la croissance de la +demande pour l’ensemble des produits céréaliers (graphique 2.14). Leur utilisation dans +l’alimentation du bétail joue aussi un rôle important dans la hausse de la demande de +maïs. D’ici 2025, la consommation alimentaire représentera près de 70 % de la demande +totale de maïs et cette part sera encore plus importante pour les autres céréales +secondaires, le blé et le riz. Le maïs continue de dominer le marché des céréales : il +représentera près de 40 % de la consommation totale de céréales d’ici 2025, devant les +autres céréales secondaires (27 %), le riz (18 %) et le blé (15 %). Toutefois, dans la lignée de +préférences passées uniques, l’augmentation de la consommation variera d’un pays à +l’autre. Si le maïs représentera la plus grande part de la demande supplémentaire de +céréales en Afrique australe, orientale et centrale, l’augmentation de la demande de riz +dépassera celles des autres céréales en Afrique occidentale. +La production de céréales devrait croître de 3.2 % par an d’ici 2025, ce qui représente +41 Mt supplémentaires par rapport à la période de référence 2013-15. Les céréales +secondaires représentent la plus grande part de cet accroissement, le maïs et les autres +céréales secondaires contribuant ensemble à plus de 80 % de ce supplément de production +de céréales. Contrairement à la décennie écoulée, où l’augmentation de la production était +Graphique 2.13. Surface cultivée en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386037 +0 +20 +40 +60 +80 +100 +120 +140 +160 +2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 +Mha +Autres céréales second. Maïs Racines et tubercules Oléagineux Riz Coton Blé +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +82 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +due à l’accroissement des surfaces cultivées, l’amélioration de la productivité devrait jouer +un rôle plus important dans ce phénomène. On observe des différences régionales, mais, +au cours de la décennie à venir, la surface totale dédiée aux céréales augmentera d’environ +1 % par an tandis que le rendement progressera d’un peu moins de 2 % par an en moyenne +(graphique 2.15). À quelques exceptions près, l’utilisation des engrais reste bien en deçà de +la norme mondiale : le taux d’application d’engrais à l’hectare s’élève en ASS à moins de +20 % de celui des États-Unis ou de l’Inde, ce qui laisse penser que la région pourrait en +intensifier l’utilisation pour appuyer davantage la croissance des rendements. Le +développement de l’irrigation et l’utilisation de semences améliorées pourraient aussi +contribuer à faire progresser les rendements. Cependant, cette utilisation accrue des +engrais ne pourra réellement se concrétiser que si les ressources sont disponibles et si le +développement des infrastructures améliore leur distribution afin d’en faciliter l’accès et +d’en réduire le coût. +L’augmentation de la production de maïs ne concerne toujours que quelques pays ; +l’Afrique orientale représentera plus de 50 % des 19 Mt supplémentaires de maïs produites +en ASS d’ici 2025 et six pays contribueront ensemble à plus de 60 % du supplément de +production (graphique 2.16). La contribution relative des terres à la croissance de la +production varie fortement au sein de la région, mais l’on prévoit une croissance notable +du rendement de plus de 1.8 % par an dans ces six pays. En Afrique du Sud, la croissance +du rendement est suffisante pour permettre un accroissement de la production malgré une +baisse de la surface cultivée, tandis qu’en Éthiopie, on note clairement une augmentation +de la surface cultivée et du rendement. Bien qu’elle parte d’un niveau plus bas, la +croissance de la production de la Zambie et de l’Ouganda dépasse 40 % sur la période de +projection, soutenue par l’expansion permanente des surfaces cultivées et les +améliorations du rendement. Appuyés par des programmes de subvention aux intrants qui +permettent à de nombreux petits producteurs d’accéder aux moyens de production +modernes, les deux pays produiront un excédent exportable de plus en plus important au +cours de la décennie à venir. +Graphique 2.14. Composition de la demande de céréales en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386041 +0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 +2013-15 +2025 +2013-15 +2025 +2013-15 +2025 +2013-15 +2025 +Maïs +Autres +céréales +second. Blé Riz +Mt +Alimentation humaine Alimentation animale Autre utilisation +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 83 +L’augmentation de la production des autres céréales secondaires est concentrée en +Afrique orientale et occidentale, où le sorgho et le millet sont courants dans le panier de +consommation de céréales. Ensemble, l’Afrique orientale et l’Afrique occidentale +représentent plus de 90 % de l’augmentation de la production. À elle seule, l’Éthiopie sera +à l’origine de près de 40 % de la production supplémentaire d’ici 2025, devant le Nigeria +(14 %) et le Soudan (10 %). Le rendement devrait nettement s’améliorer dans ces trois pays, +mais la forte hausse de la production en Éthiopie et au Soudan sera encore renforcée par +un accroissement des surfaces cultivées de respectivement 18 % et 22 % d’ici 2025. +Graphique 2.15. Évolution de la surface cultivée et du rendement des céréales +en Afrique subsaharienne +Croissance annuelle entre 2016 et 2025 +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386051 +Graphique 2.16. Production de maïs dans certains pays d’Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386063 +0.0 +0.5 +1.0 +1.5 +2.0 +2.5 +Maïs Autres céréales second. Blé Riz +% +Superficie Rendement +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +0 +2 +4 +6 +8 +10 +12 +14 +16 +Nigeria Afrique du sud Ethiopie Tanzanie Zambie Ouganda +Mt % +2013-15 2025 Croissance (droite) +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +84 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Moins de 3 % du riz produit dans le monde provient de l’ASS, mais à 6 % par an, sa +production a progressé plus rapidement que celle de toutes les autres céréales au cours de +la décennie écoulée. Ses caractéristiques de stockage favorables, sa facilité de préparation +et la polyvalence de sa consommation en font un produit prisé des consommateurs et +d’ici 2025, l’ASS en produira plus de 20 Mt. Les cinq principaux producteurs (Nigeria, +Madagascar, Mali, Tanzanie et Guinée) représenteront près de 65 % de la croissance de la +production. Les surfaces consacrées à cette culture augmenteront dans ces cinq pays, bien +que les efforts ciblés du Centre du riz pour l’Afrique et de l’Institut international de +recherche sur le riz, combinés à l’utilisation de variétés améliorées, comme les cultivars +New rice for Africa (nouveau riz pour l’Afrique) créés localement, contribueront aussi à +soutenir la croissance du rendement. +Sur le plan de la production céréalière, le blé est le plus petit marché de l’ASS : il n’a +représenté que 5 % de la production céréalière totale en 2015. Peu de pays disposent des +attributs biophysiques nécessaires pour produire du blé à prix compétitif et sur la période +de référence (2013-15), quatre pays représentaient plus de 90 % de la production de blé de +la région, la part de l’Éthiopie étant supérieure à 70 %. La plus grande partie de +l’augmentation de la production sera également attribuable à ces pays, l’Éthiopie, l’Afrique +du Sud, le Soudan et le Kenya accroissant leur production de respectivement 4 %, 1.3 %, +1.9 % et 2.4 % par an. La croissance de la production est le résultat d’une augmentation des +surfaces cultivées et du rendement, sauf en Afrique du Sud, où la surface consacrée au blé +devrait très légèrement diminuer. Cette projection s’inscrit dans une tendance à long +terme de réduction de la surface en blé en Afrique du Sud (notamment dans la province de +l’État-Libre) à la suite de la déréglementation des marchés agricoles. La réduction marquée +de cette surface a été compensée par des gains de rendement et, sur la période de +projection, la diminution de la surface cultivée et les gains de rendement devraient être +plus faibles. +Malgré la croissance impressionnante de la production, la demande est telle que les +importations de céréales continueront d’augmenter et dépasseront 49 Mt d’ici 2025, soit +une hausse de 2.2 % par an. Comme par le passé, le blé et le riz constituent la plus grande +partie des importations supplémentaires de céréales, les céréales secondaires ne +représentant que 6 % de la croissance totale. Les importations de blé et de riz progressent +en moyenne de respectivement 2.7 % et 3.3 % par an. Les importations sont concentrées +dans quelques pays : le Soudan et le Nigeria représentent plus de 20 % des importations de +blé et de riz respectivement. Pour tous ces produits, tous les pays de la région resteront en +déficit, à quelques exceptions près pour le riz. Dans l’ensemble, les importations nettes de +la région augmenteront dans la décennie à venir (graphique 2.17). +La région de l’ASS produit un excédent de céréales secondaires et, si le volume de cet +excédent devrait diminuer d’ici 2025, la balance commerciale restera positive pour le maïs +et les autres céréales secondaires. À l’inverse des importations de blé et de riz, le commerce +du maïs est intrarégional pour l’essentiel. Les producteurs excédentaires traditionnels +comme l’Afrique du Sud, la Zambie et l’Éthiopie continuent de représenter la plus grosse +part de la croissance des exportations, le Kenya et le Zimbabwe restant les principaux +marchés déficitaires (encadré 2.2). L’Afrique du Sud devrait réduire ses exportations dans +la région de l’ASS à mesure que la demande toujours croissante du marché des aliments +pour animaux favorisera un glissement de la production du maïs blanc vers le maïs jaune, +ce qui se traduira par l’arrivée d’excédents de maïs jaune sur le marché mondial, mais pas +dans le reste de la région de l’ASS. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 85 +Racines et tubercules +Étant accessibles et riches sur le plan nutritionnel, les racines et tubercules sont une +composante importante des régimes alimentaires de l’ASS, en particulier en Afrique +centrale et occidentale, où la consommation par habitant dépasse celle de tous les produits +céréaliers. Les préférences varient au sein de la région, mais la consommation alimentaire +reste la principale composante de la demande totale et les produits sont parfois mélangés +avec d’autres aliments de base importés, comme la farine de blé, afin de réduire le coût +élevé des aliments. Ayant dépassé 65 kg par habitant, soit près du double de la moyenne +mondiale, la consommation par habitant en Afrique centrale et occidentale stagnera sur la +période de projection, mais celle de l’Afrique orientale augmentera (graphique 2.18). +Toutefois, en tenant compte de la croissance de la population, on prévoit toujours un +accroissement sensible de la demande totale dans l’ensemble de la région de l’ASS, qui +devrait frôler 100 Mt (55 kg par habitant) d’ici 2025. Sur les 18 Mt supplémentaires qui +seront consommées d’ici 2025, près de 9 Mt seront attribuées à l’Afrique occidentale, reflet +de son taux de croissance annuel moyen de 2.6 %, contre respectivement 2.4% et 2.8 % en +Afrique centrale et en Afrique orientale. +Grâce à leur adaptation aux environnements à rendement marginal et à leur flexibilité +dans les systèmes d’exploitation mixte, les racines et tubercules contribuent grandement +à la sécurité alimentaire et au niveau de revenus des ménages, en particulier chez les +pauvres en milieu rural. Ces aliments étant périssables, leur commerce représente une très +faible part du marché et la concentration de la production en Afrique occidentale reflète les +préférences de consommation. À lui seul, le Nigeria représentera plus de 37 % de la +croissance de la production sur la période de projection, grâce à l’accélération des gains de +rendement par rapport à la décennie précédente. Différentes stratégies ont été mises au +point pour améliorer les techniques de production des petits producteurs et la croissance +du rendement est appuyée par des partenariats internationaux visant à faire adopter plus +largement de nouvelles variétés. +Graphique 2.17. Importations de céréales en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386072 +0 +1 +2 +3 +4 +5 +6 +7 +8 +9 +Mt +Maïs Autres céréales second. +0 +5 +10 +15 +20 +25 +30 +Mt +Blé Riz +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +86 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Oléagineux et produits oléagineux +Comme dans le reste du monde, la production d’oléagineux en ASS a augmenté +rapidement au cours de la décennie précédente, mais s’est concentrée dans un petit +nombre de pays. La production de soja a bondi d’un peu plus de 1 Mt, mais 90 % de la +surface cultivée supplémentaire a été plantée en Afrique du Sud, ce qui signifie que la +croissance totale dans le reste de l’ASS n’a que légèrement dépassé 0.1 Mt. De même, près +de 75 % de la croissance de la production des autres oléagineux provient du Nigeria, de +l’Afrique du Sud et du Sénégal. La production d’oléagineux en ASS devrait croître en +moyenne de 2.3 % par an pour dépasser 11 Mt d’ici 2025, soit seulement 2 % de la +production mondiale. +S’agissant de la production de soja, la situation de l’Afrique du Sud contraste +nettement avec celle du reste de la région. Soutenue par un triplement de la surface +cultivée et l’amélioration continue du rendement, la production de soja a été multipliée +par cinq, dépassant 1 Mt en 2015, alors qu’elle n’était que de 0.2 Mt entre 2003 et 2005. +Appuyée par la demande croissante du secteur des aliments pour animaux, la capacité +de trituration a augmenté rapidement au cours des dernières années, mais la +production de soja n’a pas crû au même rythme. Par conséquent, l’Afrique du Sud est +passée du statut d’exportateur net à celui d’importateur net à partir de 2014. La +production devrait enregistrer une croissance soutenue de 7 % par an d’ici 2025. À +mesure que la production animale s’intensifiera, la demande de trituration devrait +également croître dans le reste de la région. Par exemple, en Zambie, la production de +soja devrait progresser de plus de 5 % par an en moyenne d’ici 2025, mais elle part d’un +niveau bas. +La production des autres oléagineux se concentre en Afrique occidentale, le Nigeria +étant à lui seul à l’origine de 30 % de l’ensemble de la production de l’ASS. L’Afrique +Graphique 2.18. Consommation de racines et de tubercules +en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386088 +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 +Afrique centrale Afrique orientale Afrique australe Afrique occidentale +Mt +Autre utilisation Alimentation animale Alimentation humaine +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 87 +occidentale représente également plus de la moitié de la croissance de la production +prévue, mais les taux de croissance sont plus homogènes dans la région que pour le +soja. Les performances de certains pays montrent qu’une croissance significative de la +production est possible, mais la productivité reste très faible par rapport aux normes +mondiales, ce qui révèle un fort potentiel d’amélioration. Pour qu’elle soit significative, +cette croissance devra également s’accompagner d’un développement et d’un +agrandissement des usines de transformation. +L’ASS a représenté moins de 2 % de la consommation mondiale de tourteaux +protéiques au cours de la période de référence de 2013-15, ce qui reflète le caractère +extensif de la production animale dans la plus grande partie de la région. L’utilisation des +tourteaux protéiques a cru de plus de 40 % au cours de la décennie écoulée, mais elle reste +concentrée en Afrique du Sud et au Nigeria, qui représentent près de 60 % de leur +utilisation totale. À mesure que la filière de l’élevage s’intensifiera dans les années à venir, +l’utilisation des tourteaux protéiques se développera dans la plus grande partie de l’ASS, la +croissance la plus rapide se produisant en Afrique occidentale (43 %) et en Afrique +orientale (32 %). En Afrique australe, les perspectives de croissance sont plus modestes, +s’établissant à 16 %, mais le point de départ se situe beaucoup plus haut ; ainsi, en +volumes absolus, l’Afrique australe représente la plus grande part de l’utilisation +supplémentaire de tourteaux protéiques. La part des importations dans la +consommation totale baisse très légèrement, principalement en raison de +l’augmentation des volumes de trituration et de la réduction des importations en Afrique +du Sud. +La consommation d’huiles végétales en ASS a enregistré une croissance régulière +au cours de la décennie écoulée, mais à 11 kg par habitant, elle reste bien en deçà de la +moyenne mondiale. Cette augmentation de la consommation de 2.1 % par an et par +habitant en fait l’un des produits qui ont connu la croissance la plus rapide dans la +région au cours de la dernière décennie. La croissance devrait être soutenue, les +progressions les plus rapides d’ici 2025 étant enregistrées en Afrique australe (1.4 % par +an) et en Afrique orientale (1.2 % par an). Le nombre d’usines de transformation des +oléagineux étant limité, les importations représentent une bonne part de la +consommation totale : plus de 50 % en Afrique orientale et australe sur la période de +référence. Les prix élevés du transport augmentent donc le coût des huiles végétales. +Toutefois, les importations totales en ASS devraient progresser en moyenne de 3.7 % +par an, tirées principalement par le Nigeria (4 % par an), le Soudan (5 % par an), +l’Éthiopie (6 % par an) et le Kenya (3 % par an). Par conséquent, la part des importations +dans la consommation totale en Afrique orientale augmentera encore pour frôler 90 % +(graphique 2.19). +Légumineuses +Les légumineuses représentent un formidable potentiel pour réduire la malnutrition +en ASS et leur contribution à l’apport total en protéines est plus élevée que dans toutes les +autres régions du monde (encadré 2.4). La consommation par habitant reste largement +supérieure à la moyenne mondiale de 6.9 kg par habitant en Afrique centrale (10 kg), +orientale (22 kg) et occidentale (17 kg). La croissance de la consommation par habitant de +2.5 % par an (2.6 kg) durant la dernière décennie se maintiendra jusqu’à 2025 et elle +dépassera 2.5 kg par habitant dans toutes les régions, sauf en Afrique australe, où la +consommation est déjà faible sur la période de référence. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +88 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +Graphique 2.19. Consommation d’huiles végétales en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386099 +Encadré 2.4. 2016, année internationale des légumineuses +Les légumineuses1 sont une composante essentielle de l’alimentation humaine depuis des siècles et +continuent d’être une source majeure de protéines et un aliment de base tant dans les pays développés que +dans ceux en développement. Étant des légumes secs, elles peuvent être entreposées longtemps sans +perdre leur valeur nutritionnelle, ce qui offre une certaine flexibilité et améliore la disponibilité de la +nourriture entre les récoltes. Les résidus de récolte peuvent également servir à nourrir les animaux, dont la +santé se trouve améliorée par la teneur élevée en protéines de ces produits. +Les légumineuses sont une culture de plus en plus importante pour les petits exploitants dans un certain +nombre de pays en développement. La récolte peut être soit consommée par la famille soit vendue, ce qui +fournit un revenu complémentaire. Du fait qu’elles nécessitent beaucoup de main-d’œuvre, elles créent des +emplois sur les exploitations pendant leur culture, puis au-dehors dans le cadre de leur transformation. +Leur empreinte carbone est plus faible que celle de la quasi-totalité des autres groupes d’aliments et elles +fixent l’azote dans les sols où l’on pratique la rotation des cultures. Les variétés adaptées aux conditions +locales résistent à la sécheresse et peuvent être cultivées dans des sols très pauvres et des zones semiarides, stabilisant ainsi la sécurité alimentaire dans les environnements secs. +Le Canada devrait rester le premier exportateur mondial, avec quelque 6 Mt de légumineuses +expédiées (principalement des pois secs) et une production de 5.8 Mt en 2015-16, qui devrait atteindre +7.2 Mt en 2016-17, devant l’Australie, le Myanmar, les États-Unis et la Chine. L’Inde est le premier +importateur mondial et les autres grands importateurs sont notamment l’Union européenne, la Chine, le +Bangladesh et le Pakistan. +L’Inde, où les légumineuses constituent une source importante de protéines pour les personnes +démunies ainsi que pour les végétariens, majoritaires au sein de la population, en est le plus gros +consommateur. Le deuxième plus gros consommateur de légumineuses est la Chine qui, avec l’Inde, +représente près de la moitié de la consommation mondiale. L’Inde, qui représente un quart de la production +mondiale (20 Mt), est le principal producteur depuis 30 ans. La production de légumineuses est un marché +influencé par l’action gouvernementale ; ainsi, les politiques intérieures de l’Inde et de la Chine relatives +aux céréales pourraient avoir des répercussions sur le marché mondial. +0 +1 +2 +3 +4 +5 +6 +7 +8 +9 +10 +2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 +Afrique centrale Afrique orientale Afrique australe Afrique occidentale +Mt +Production Importations +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 89 +Entre 2013 et 2015, plus de 50 % des légumineuses ont été produites en Afrique +orientale, laquelle représentera également plus de 65 % des 9.8 Mt supplémentaires qui +seront produites en ASS d’ici 2025. La popularité des légumineuses en ASS s’explique par +le faible coût des intrants, qui découle des bonnes performances des semences de ferme, +et par l’impact positif de ces cultures sur la qualité des sols lorsqu’elles sont plantées aux +côtés d’autres cultures telles que le maïs, ou en alternance avec celles-ci. +Coton +Le coton est devenu une culture de rente importante en ASS, malgré la faible part qu’il +représente dans la production mondiale (5.5 %). Cultivé principalement pour le marché de +l’export, il fournit aux petits producteurs un moyen de surmonter les difficultés d’accès +aux intrants grâce à l’agriculture contractuelle et joue ainsi un rôle essentiel dans la +réduction de la pauvreté dans les zones rurales. Les fibres artificielles, dont le prix a baissé +à la faveur de la chute des cours du pétrole, ont exercé ces dernières années de fortes +pressions concurrentielles sur les marchés mondiaux du coton. Bien qu’il existe des +possibilités de création d’emplois dans les secteurs en aval tels que le filage et la +confection, son utilisation sur les marchés intérieurs a diminué. Malgré une reprise +Encadré 2.4. 2016, année internationale des légumineuses (suite) +Graphique 2.20. Production mondiale de légumineuses en 2014 par région +Source : FAOSTAT (2016). FAO, http://faostat3.fao.org/. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386105. +De manière générale, la consommation tend à diminuer lentement, mais régulièrement. Outre +l’évolution des régimes alimentaires dans de nombreux pays, cette baisse pourrait s’expliquer en partie par +l’incapacité des producteurs à répondre aux besoins de la population croissante. Les méthodes classiques +d’amélioration des cultures, alliées aux outils modernes de biotechnologie et à l’ingénierie génétique, +devraient jouer un rôle important dans l’augmentation des rendements. La disponibilité de ces innovations +dans les pays en développement requiert des investissements massifs et récurrents dans la recherche +agronomique, tant à l’échelle internationale que nationale. +1. Ce terme se limite aux cultures récoltées seulement pour leurs grains secs, et exclut donc les cultures récoltées vertes (pois +frais, haricots verts, etc.) qui sont classées comme des légumes. Cette catégorie inclut les pois bambaras, les féveroles, les pois +chiches, les doliques de Chine, les haricots secs, les pois secs, les lentilles, les lupins et les vesces. Pour plus de détails sur +l’Année internationale des légumineuses, veuillez consulter le site Web des Nations Unies http://iyp2016.org/. +Inde +26% +Reste du monde +Canada 32% +8% +Myanmar +6% +Chine +Union européenne 6% +5% +Brésil +4% +Australie +4% +Ethiopie +3% +États-Unis +3% +Russie +3% +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +90 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +partielle au cours des cinq dernières années, la consommation reste largement inférieure +aux niveaux observés au début des années 1990 et a représenté moins de 15 % de la +production entre 2013 et 2015. Par conséquent, les exportations de fibre de coton gagnent +en importance et la part de l’ASS dans les exportations mondiales est passée à 15 %. +Sachant que la production va principalement à l’exportation, les revenus des producteurs +restent sensibles aux taux de change relatifs et aux productions subventionnées dans +d’autres régions du monde. +La production se concentre en Afrique occidentale, qui représente plus de 60 % du +total de l’ASS, et où le coton se classe au deuxième rang derrière les fèves de cacao en +matière de recettes tirées des exportations agricoles. Malgré une légère baisse des surfaces +cultivées, la production de l’ASS devrait augmenter de 14 %, dépassant 1.5 Mt d’ici 2025. +L’augmentation de la production et des exportations reste concentrée dans les quatre pays +d’Afrique occidentale qui représentent depuis longtemps plus de 55 % de la production de +l’ASS (graphique 2.21). +Malgré une reprise de la croissance de la demande intérieure au cours de la décennie +à venir, 89 % de la production de l’ASS sera exportée d’ici 2025. La hausse des exportations +dépasse 1.7 % par an au Mali et au Bénin (graphique 2.21), bien que le développement du +secteur reste freiné par des contraintes d’infrastructures, notamment dans les pays +enclavés, où les temps de passage des frontières terrestres créent des goulots +d’étranglement qui retardent les expéditions. En surmontant ces obstacles, il serait donc +possible d’augmenter la valeur générée par les exportations de coton. +Sucre +Le sucre incarne généralement une belle réussite du secteur agricole de l’ASS. +Globalement, l’ASS est un importateur net. Pourtant, plusieurs pays d’Afrique orientale et +australe se classent parmi les producteurs les moins chers du monde et exportent +constamment leur production. Les pays les moins développés de l’ASS se sont vus accorder +des quotas qui leur ont offert un accès préférentiel à un marché du sucre lucratif au sein de +Graphique 2.21. Exportations de coton de certains pays d’Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386118 +0.00 +0.50 +1.00 +1.50 +2.00 +2.50 +0.00 +0.05 +0.10 +0.15 +0.20 +0.25 +0.30 +0.35 +Burkina Faso Mali Côte d’Ivoire Bénin +Mt % +2013-15 2025 Taux de croissance annuel (axe de droite) +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 91 +l’Union européenne (UE), ce qui a soutenu la croissance de la production au cours de la +décennie écoulée. Le Swaziland, l’île Maurice, le Mozambique, la Zambie, le Malawi et le +Zimbabwe exportent tous du sucre vers l’Union européenne. Toutefois, des réformes +importantes de la politique de l’Union européenne dans ce domaine rendent l’avenir de ces +exportations incertain. Le coût élevé des transports fait augmenter le coût des exportations +depuis les pays enclavés et la réduction attendue des prix de l’UE à la suite des réformes +envisagées devrait réorienter les exportations destinées à l’UE vers l’ASS. +La consommation de sucre de l’ASS reste faible par rapport au reste du monde ; la +consommation moyenne par habitant entre 2013 et 2015 ne s’élevait qu’à la moitié de la +moyenne mondiale. Néanmoins, la demande d’importations, notamment de l’Afrique +occidentale, reste forte (graphique 2.22) et devrait croître encore de 34 % ces dix prochaines +années par rapport à la période de référence de 2013-15. La croissance de la consommation +en Afrique orientale et australe devrait également dépasser 2 % par an. La demande +d’importations augmentera nettement au Kenya et en Tanzanie d’ici 2025 et la production +de l’Afrique orientale et australe sera suffisante pour couvrir les déficits des pays voisins. +La balance commerciale des deux régions restera donc positive. En Afrique orientale en +particulier, les importations de sucre raffiné viennent compléter les exportations de sucre +brut (graphique 2.22), ce qui laisse penser que l’accès préférentiel au marché de l’UE a +rendu les exportations de sucre brut plus rentables que le raffinage sur le marché intérieur. +La production de canne à sucre en ASS devrait croître d’environ 1.7 % par an au cours +de la décennie à venir, principalement en Afrique orientale, où le Kenya et le Mozambique +enregistreront une croissance importante. Toutefois, la croissance sera bien plus lente en +Afrique australe, où la production ne progressera que de 0.2 % par an au cours de la +décennie à venir. L’Afrique du Sud est le principal producteur de sucre en ASS : la surface +consacrée à la canne à sucre y dépasse 300 kha, soit plus du double de celle de tout autre +pays de la région. Comme dans de nombreux autres pays, le secteur sucrier y reste très +réglementé. Bien qu’elle soit dotée d’un système de commercialisation à débouché unique, +Graphique 2.22. Échanges nets de sucre en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386129 +-5 +-4 +-3 +-2 +-1 +0 +1 +2 +2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 +Afrique centrale Afrique orientale Afrique australe Afrique occidentale +Mt +Sucre brut Sucre blanc +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +92 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +l’industrie sucrière sud-africaine a du mal à accepter la réduction des marges bénéficiaires +due principalement à une stagnation du rendement, voire une baisse dans certaines +régions, une augmentation du coût des intrants et de la main-d’œuvre, et la réforme +agraire. De ce fait, la surface plantée en canne à sucre reste stable et les exportations ont +diminué de moitié au cours des dix dernières années, exacerbées par les ravages de la +sécheresse de 2015. Une part significative des exportations du Swaziland est déjà destinée +au marché sud-africain, mais la réduction des exportations vers l’Union européenne +devrait augmenter les volumes exportés par le reste de la région en Afrique du Sud. +Le secteur sucrier offre un fort potentiel de croissance en ASS, dont la réalisation +dépendra de la mesure dans laquelle la région parviendra à absorber les exportations +traditionnellement destinées à l’Union européenne. Le niveau actuel des importations +tend à montrer qu’il y a un marché, mais la réorientation des flux commerciaux est freinée +par le coût excessif des transports. Les dispositifs améliorant l’accès aux marchés, comme +l’accord de libre-échange tripartite EAC-COMESA-SADC, bénéficieront aux producteurs +excédentaires, mais d’autres utilisations intérieures telles que la production de bioéthanol +et la cogénération d’électricité pourraient aussi faire augmenter encore la demande. +Cependant, ces projets nécessitent un cadre réglementaire cohérent concernant la +production. +Biocarburants +En ASS, le secteur des biocarburants est restreint : il représente moins de 1 % du +marché mondial. Néanmoins, plusieurs gouvernements soutiennent des initiatives liées +aux biocarburants afin de stimuler la croissance économique et le développement rural. +Dans de nombreux pays enclavés qui dépendent des importations de combustibles +fossiles, les biocarburants ont été mis en avant comme moyen d’améliorer la sécurité +énergétique. Par conséquent, bon nombre de pays ont rendu obligatoires les mélanges de +carburant et de biocarburant dans différentes proportions. Des usines de biocarburant +destiné à l’exportation ont par ailleurs été construites. Bien qu’elle soit partie d’un niveau +très bas, la production d’éthanol a augmenté de plus de 90 % au cours de la décennie +écoulée et devrait continuer de progresser de plus de 3 % par an d’ici 2025. La croissance de +la production est concentrée en Afrique australe et occidentale, où elle s’élève à 7 % par an. +Le sucre est la principale matière première utilisée pour la production d’éthanol, +devant le sorgho. L’utilisation de cultures vivrières de base telles que le maïs n’est pas +courante, voire souvent interdite. La production de biodiesel est moins importante que +celle d’éthanol et, au cours de la décennie écoulée, il n’y a eu que trois pays producteurs en +ASS : l’Afrique du Sud, le Mozambique et la Tanzanie. Le jatropha a longtemps été présenté +comme une culture offrant un fort potentiel pour la production de biocarburant, mais il n’a +pas atteint le rendement escompté à cause de conditions de culture défavorables et des +études plus récentes ont remis en question sa viabilité dans les environnements semiarides en raison de ses importants besoins en eau. Le développement du biodiesel durant +la période de projection sera donc principalement attribuable à l’Afrique du Sud dont le +programme pour les biocarburants va dans ce sens. Le biodiesel est produit +essentiellement à partir d’huile végétale, mais les volumes restent faibles et, comme +l’Afrique du Sud reste un importateur net d’huile végétale, un développement à grande +échelle semble peu probable. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 93 +Viande et œufs +En ASS, la consommation de viande par habitant, qui s’élève à seulement 11 kg par an, +équivaut à moins d’un tiers de la moyenne mondiale, mais le niveau et la composition de +la consommation varient notablement au sein de la région (graphique 2.23). La +consommation de viande de l’Afrique australe est quatre fois plus élevée que celle des +autres régions et, si elle est influencée par l’Afrique du Sud, la consommation de pays tels +que la Namibie et le Bostwana est également largement supérieure à la moyenne de l’ASS. +Toutefois, lorsqu’on tient compte de la population, la consommation totale de viande est +plus importante en Afrique orientale et en Afrique occidentale, qui, ensemble, +représentent une part de 54 % en ASS. +Malgré un point de départ relativement bas, la consommation totale de viande devrait +augmenter de 35 % d’ici 2025, plus vite que toute autre région du monde. Soutenue par des +revenus en hausse, l’urbanisation et l’augmentation soutenue de la population, la +consommation devrait enregistrer une forte progression dans la majeure partie de l’ASS et +dépasser 38 % en Afrique centrale, occidentale et orientale. La croissance plus faible de +l’Afrique australe (20 %) traduit un ralentissement en Afrique du Sud, où la consommation +par habitant dépasse déjà 45 kg (graphique 2.23). Les œufs représentent un produit de +remplacement important, comme en témoigne la hausse de la consommation de 36 % sur +la période de dix ans. La croissance de la consommation est également soutenue dans la +région et dépasse 50 % en Afrique orientale. +Les préférences en matière de consommation de viande de la région sont uniques. La +volaille représente 36 % de la consommation totale de viande entre 2013 et 2015, mais la +part de la viande de bœuf (33 %) et de mouton (19 %) est largement supérieure à la +moyenne mondiale. C’est donc la viande de porc qui est la moins consommée, avec une +part nettement inférieure s’élevant à 12 %. Les préférences de consommation reflètent les +préférences culturelles et religieuses, ainsi que la prédominance des systèmes de +production extensifs reposant sur le pâturage, où le bétail paît souvent dans les prés +Graphique 2.23. Consommation de viande en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386138 +0 +10 +20 +30 +40 +50 +60 +2003-05 2013-15 2025 2003-05 2013-15 2025 2003-05 2013-15 2025 2003-05 2013-15 2025 +Afrique centrale Afrique orientale Afrique australe Afrique occidentale +kg/personne/an +Viande de volaille Viande porcine Viande bovine Viande ovine +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +94 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +communaux. La part relative des différentes viandes dans le panier de consommation +restera assez stable jusqu’en 2025. +La consommation de volaille a progressé plus rapidement que celle de toutes les +autres viandes dans le passé et comme l’offre intérieure ne permet pas de répondre à la +demande, près de 40 % de la consommation supplémentaire a été importée. La préférence +pour la viande « brune », moins prisée dans de nombreux pays où la production est +excédentaire, a permis d’importer cette viande à des prix très compétitifs et les volumes +ont augmenté en moyenne de 13 % par an au cours de la décennie écoulée. La croissance +de la consommation dans les principaux pays importateurs comme l’Afrique du Sud et +l’Angola devrait ralentir, ce qui explique la baisse du taux de croissance des importations à +5 % par an d’ici 2025. L’Afrique du Sud est de loin le plus gros producteur de viande de +volaille de la région et sera également à l’origine de la plus grande partie de l’augmentation +de 19 % de la production d’ici 2025. Cette croissance reste bien inférieure à la demande et +plus de la moitié de la viande de volaille consommée en plus en ASS d’ici 2025 sera +importée (graphique 2.24). +Après avoir progressé de près de 4 % par an ces dix dernières années, la production +d’œufs en ASS augmentera encore de 750 kt d’ici 2025, soit un taux de près de 3 % par an. +La croissance devrait être particulièrement soutenue en Afrique orientale (4 % par an) et en +Afrique occidentale (3 % par an), qui représenteront toutes deux plus de 70 % de la +production d’œufs en ASS d’ici 2025. +Du fait des abondantes ressources en pâturages, la production extensive de viande +bovine constitue une perspective intéressante en ASS, et en Afrique australe, cette viande +est également un produit d’exportation important, notamment en raison de l’accès +préférentiel du Botswana et de la Namibie au marché lucratif de l’Union européenne. L’ASS +comptabilise 18 % du cheptel bovin mondial, de sorte qu’une grande partie de la viande +consommée est produite dans la région. L’augmentation du cheptel a entraîné une hausse +Graphique 2.24. Augmentation de la demande de viande en Afrique subsaharienne +Évolution entre 2013-15 et 2025 +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386142 +0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 +Viande de volaille +Viande bovine +Viande ovine +Viande porcine +Mt +Production Importations +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 95 +de la production de viande bovine de près de 2 % par an ces dix dernières années, et ce en +dépit de la prévalence relative des maladies animales. La production de viande par unité de +bétail reste bien au-dessous de la moyenne mondiale, ce qui laisse penser que des gains de +productivité significatifs sont possibles. Les bovins représentent également une +importante source de richesse dans la région et beaucoup sont conservés à d’autres fins +que la production de viande. L’augmentation de la production par unité de bétail devrait +donc être marginale au cours de la décennie à venir. La majeure partie de l’augmentation +de 27 % de la production de viande bovine découlera de l’agrandissement du cheptel. La +consommation de viande bovine augmentera nettement dans la région, enregistrant une +hausse de 2.6 % par an d’ici 2025. Cette croissance sera particulièrement marquée en +Afrique orientale et occidentale, où le taux dépassera 4 % par an. Dans ces régions, la +croissance de la consommation sera principalement tirée par le Kenya, la Tanzanie, +l’Éthiopie, la Zambie et le Nigeria, où la consommation augmentera en moyenne d’au +moins 3 % par an. +La consommation de viande ovine et porcine est bien plus faible en valeur absolue, +mais ces deux secteurs ont enregistré une croissance impressionnante ces dix dernières +années. La consommation de viande ovine continue de croître à un rythme similaire sur la +période des Perspectives, tandis que la consommation de viande porcine ralentit depuis +quelques années. La croissance de la consommation de viande porcine est vigoureuse dans +la région, mais la production n’augmente pas suffisamment pour répondre à la demande +et près de 45 % de la viande porcine supplémentaire consommée sera importée. À l’inverse, +les importations de viande ovine ne représenteront qu’une très petite part de la +consommation supplémentaire. La croissance est nettement plus rapide en Afrique +orientale que dans le reste de l’ASS, où la viande est produite selon un système de pâturage +extensif. En Afrique orientale, la production se concentre au Soudan et en Éthiopie, tandis +qu’en Afrique occidentale, les principales sources de production sont le Nigeria et le Mali. +Poisson +Le poisson et les produits de la pêche jouent un rôle important dans la sécurité +alimentaire en ASS, car ils représentent une source précieuse de nutriments pour un +régime alimentaire sain et diversifié. En ASS, la consommation moyenne de poisson par +habitant est parmi les plus faibles du monde (8-9 kg, contre 19-20 kg à l’échelle mondiale), +mais la contribution du poisson à l’apport en protéines animales est supérieure à la +moyenne mondiale (plus de 20 %, contre 17 % à l’échelle mondiale) et dépasse 50 % dans +des pays comme la Gambie, le Ghana, le Sénégal et la Sierra Leone. D’après les projections, +l’offre de poissons destinés à la consommation devrait croître de 36 % d’ici 2025, par +rapport aux niveaux moyens de 2013-15, mais en tenant compte de la forte croissance +démographique, l’augmentation par habitant n’est que de 3 %. L’offre intérieure est +insuffisante pour satisfaire la demande et les importations devraient représenter une part +importante de l’offre de poissons de consommation, augmentant de 32 % en 2025 par +rapport aux niveaux de 2013-15. +En ASS, la pêche représente environ 7 % de la production mondiale. Environ 40 % de la +production halieutique de la région provient des plans d’eau intérieurs, chiffre +particulièrement intéressant pour certains pays enclavés. La pêche souffre des +conséquences du régime d’accès libre aux ressources halieutiques de l’ASS. De nombreux +pays se sont davantage concentrés sur la production et la maximisation des revenus que +sur la gestion durable de la productivité des ressources. Cette politique s’est soldée par une +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +96 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +surexploitation de certaines espèces précieuses, une modification des espèces de poissons +présentes, et des prises irrégulières dans certains pays ces dernières années. À cause de +ces facteurs et de la faible capacité de surveillance de nombreux pays, la pêche illicite, non +déclarée et non réglementée a augmenté. Le rôle des bâtiments de pêche étrangers, qui +pêchent dans plusieurs eaux côtières de la région, souvent dans le cadre d’un accord +d’accès étranger, est également à prendre en compte, vu qu’il a réduit les bénéfices des +pays dont les ressources sont adjacentes, essentiellement en raison de modalités d’accès +mal négociées. Étant donné que les pays adoptant des mesures de gestion plus +conservatrices sont de plus en plus nombreux, y compris le contrôle plus strict de l’accès +aux ressources (par exemple, enregistrement, systèmes de permis), la production +halieutique totale devrait augmenter de 15 % d’ici dix ans par rapport aux niveaux moyens +de 2013-15. +Des exploitations aquacoles ont été créées dans la plupart des pays de l’ASS, mais la +part de la région dans la production mondiale de poissons d’élevage n’est actuellement +que de 1 %. Au cours des dernières décennies, le rythme de croissance lent de cette filière +a contrarié les tentatives des organismes de développement interne, des gouvernements et +des investisseurs du secteur privé. Pourtant, il reste largement admis qu’à long terme, le +potentiel considérable de l’aquaculture sera important pour surmonter les difficultés de la +région liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Si des problèmes subsistent, les +perspectives semblent s’améliorer dans un certain nombre de pays. La croissance est +encourageante dans de nombreuses zones et s’accompagne de la généralisation +d’installations et de techniques agricoles améliorées. Les mesures adaptées mises en +œuvre par certains gouvernements ont permis au secteur privé de jouer un rôle moteur +dans le développement de l’aquaculture, ce qui a donné lieu à l’apparition d’entreprises de +petite et moyenne tailles et à la multiplication des projets commerciaux à grande échelle +orientés vers le marché. Dans les années à venir, la filière devrait connaître une croissance +plus soutenue en ASS, avec une augmentation de la production globale de 84 % d’ici 2025 +par rapport au niveau moyen de 2013-15. La part de l’aquaculture dans la production +halieutique totale de l’ASS a déjà augmenté, passant de 1 % en 2004 à 8 % en 2014, et +devrait atteindre environ 12 % en 2025. +Produits laitiers +Compte tenu du potentiel considérable que la production laitière représente pour le +développement économique et la sécurité alimentaire des zones rurales, les produits +laitiers constituent une filière importante en ASS. En Afrique australe et orientale +particulièrement, l’industrialisation de la filière montre que les produits laitiers peuvent +être une source régulière de revenus qui réduit la pauvreté et améliore le niveau de vie. +L’Afrique orientale représente actuellement plus de la moitié de la production laitière +totale en ASS et le secteur des petites exploitations, très dynamique, a joué un rôle majeur +dans l’accroissement de la production laitière de 37 % au cours de la décennie écoulée. La +production devrait connaître une croissance soutenue sur la période de projection, +progressant chaque année en moyenne de 2.7 % en Afrique orientale et de 2.5 % en ASS. La +filière des produits laitiers du Kenya constitue une chaîne de valeur particulièrement bien +développée dans la région, avec des exploitations de petite, moyenne et grande tailles, et +représente près de 15 % de la production supplémentaire de lait. Les services de soutien, +plus développés que dans d’autres parties de l’ASS, contribuent à la réussite de cette filière. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 97 +Les produits laitiers représentent une source majeure de protéines pour les +consommateurs de l’ASS et les produits laitiers frais comptent pour plus de 90 % de la +consommation totale de produits laitiers. La demande de produits laitiers a crû de 1.8 % +par an ces dix dernières années et compte tenu de l’urbanisation et de la hausse constante +des revenus, cette croissance devrait s’accélérer pour atteindre 2.6 % par an sur la période +de projection. En Afrique orientale, la consommation est nettement supérieure à celle du +reste de l’ASS (graphique 2.25), soutenue par une consommation par habitant dépassant +100 kg en Somalie, au Soudan et au Kenya. Non seulement ces niveaux sont nettement +supérieurs à ceux du reste de la région, mais ils sont également bien au-dessus de la +moyenne mondiale. Pourtant, si la consommation reste faible dans plusieurs pays, la +croissance prévue pour la décennie à venir est vigoureuse (2.6 % par an). +Les produits frais représentant une proportion importante de la consommation de +produits laitiers, le commerce ne constitue qu’une très petite part du marché intérieur. +Cependant, en Afrique occidentale, le lait écrémé et le lait entier en poudre représentent +près de 10 % de la consommation totale de produits laitiers, dont la majeure partie est +importée. Cette tendance devrait se maintenir, appuyée par une forte demande. Les +importations de lait écrémé et de lait entier en poudre en Afrique occidentale devraient +augmenter de plus de 3 % par an pour dépasser 300 kt d’ici 2025. Bien qu’il n’apparaisse +pas actuellement dans les produits étudiés, le lait en poudre réengraissé est un autre +produit laitier important qui représente une part non négligeable des importations de +produits laitiers, notamment en Afrique centrale et occidentale. +Cultures fruitières et plantes à boissons +Les revenus liés à l’exportation d’un certain nombre de pays en développement de +l’ASS dépendent fortement de produits de base notamment tropicaux comme les plantes à +boissons, les fruits et les matières premières. Ces exportations constituent une source +Graphique 2.25. Consommation de produits laitiers en Afrique subsaharienne +Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/ +10.1787/agr-data-fr. +1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933386151 +0 +5 +10 +15 +20 +25 +0 +0.1 +0.2 +0.3 +0.4 +0.5 +0.6 +2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 2013-15 2025 +Afrique centrale Afrique orientale Afrique australe Afrique occidentale +Mt Mt +Fromage Beurre Lait écrémé en poudre Lait entier en poudre Produits laitiers frais (droite) +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +98 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +importante de revenus pour les petits exploitants et offrent aux ménages ruraux des +possibilités d’emploi sur les exploitations et dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Au +niveau macroéconomique, la production et l’exportation de plantes à boissons, de fruits et +de matières premières tropicaux consolident les ressources publiques grâce aux recettes +fiscales qu’elles génèrent, en plus de contribuer aux réserves de devises étrangères qui +facilitent les importations de nourriture, ainsi que d’autres biens et services. Outre ces +avantages, leur consommation offre des bénéfices nutritionnels importants qui +contribuent à la sécurité alimentaire, et les revenus tirés des ventes donnent accès aux +produits alimentaires de première nécessité, ainsi qu’à d’autres biens et services. +Les produits alimentaires qui génèrent des recettes d’exportation varient selon les +régions : en Afrique australe, ce sont le vin et des fruits comme les agrumes et le raisin de +table qui fournissent l’essentiel des recettes d’exportation de produits agricoles, tandis +qu’en Afrique centrale et occidentale, ce sont les fèves de cacao et les bananes. En Afrique +orientale, le tabac est important, de même que les plantes à boissons telles que le café et le +thé. +L’Afrique du Sud est le premier exportateur de fruits de l’Afrique australe, au premier +rang desquels se trouvent depuis longtemps les agrumes. L’Afrique du Sud est le deuxième +plus gros exportateur d’agrumes du monde, et le premier de l’hémisphère sud. La +production devrait connaître une croissance continue et, étant donné la part importante +qu’elles représentent dans la production totale d’agrumes, les oranges représenteront +l’essentiel de la production supplémentaire. L’évolution des prix relatifs entraîne une +augmentation rapide de la production de mandarines, de citrons et de citrons verts. Les +exportations étant prédominantes, la transformation des agrumes dans la région ne +représente qu’une faible part du marché. La production de jus d’orange ne croît donc que +de 0.5 % par an en moyenne, alors que l’augmentation prévue des exportations d’oranges +s’élève à 3.5 % par an. La demande d’oranges fraîches en Afrique du Sud devrait connaître +une hausse d’un peu moins de 2 % par an d’ici 2025. +Bien qu’il s’agisse généralement de secteurs plus restreints, les fruits tropicaux sont +des cultures importantes dans la majeure partie de l’ASS. En Afrique du Sud, plus de 50 % +de la production intérieure d’avocats est exportée et le taux de croissance annuel moyen +des exportations devrait s’élever à 4 % au cours de la décennie à venir, contre 3.4 % ces dix +dernières années. La Côte d’Ivoire et le Cameroun sont les principaux pays producteurs et +exportateurs de bananes. Les autres fruits tropicaux en ASS contribuent davantage à +l’alimentation qu’aux exportations, mais leur consommation progresse nettement dans la +région. La consommation de papayes devrait croître de plus de 3 % par an dans les régions +en développement de l’Afrique, tandis que la consommation d’ananas et de mangues +devrait augmenter de respectivement 4.5 % et 4.1 % par an. Le Nigeria et le Soudan, en +particulier, consomment de grandes quantités de fruits tropicaux et la majeure partie de la +demande supplémentaire sera satisfaite par la production intérieure. +Les plantes à boissons sont une composante essentielle des recettes liées aux +exportations des produits agricoles, notamment en Afrique orientale. Le Kenya est de loin +le plus gros exportateur de thé et la croissance de sa production de 3.8 % par an dans la +décennie à venir sera suffisante pour appuyer l’augmentation des exportations de 3.2 % +par an, malgré une nette progression de la consommation intérieure. Le Rwanda et +l’Ouganda devraient également voir leurs exportations croître de plus de 5 % par an, mais +elles partent d’un niveau nettement plus bas. +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 99 +Défis et incertitudes +Les perspectives agricoles de l’Afrique subsaharienne sont source d’optimisme pour +de nombreuses raisons, mais la région fait également face à des incertitudes et des défis +majeurs. La croissance de la demande est soutenue par un accroissement rapide de la +population associé à des perspectives d’augmentation soutenue des revenus. Toutefois, les +niveaux de revenus de vastes secteurs de la région restent très faibles et la croissance part +d’un niveau bas. Il sera indispensable de maintenir et d’améliorer les conditions politiques +et économiques à l’appui de la croissance de la production agricole et du renforcement de +la sécurité alimentaire. Pour la grande majorité de la région, la marge de manœuvre +budgétaire qui permettrait de contrer un ralentissement est limitée et la croissance +pourrait dépendre de la capacité des gouvernements à anticiper les chocs affectant le +système. Il est essentiel de mettre en œuvre des politiques qui maintiennent la stabilité +macroéconomique pour que les investissements directs locaux et étrangers se +poursuivent. Pour les pays riches en ressources dont la croissance a été largement +soutenue par l’envolée des cours des produits agricoles, les futures trajectoires de +croissance dépendront de l’importance des investissements dans la diversification +économique et dans l’intégration aux chaînes de valeur mondiales, dans un cycle où les +cours du pétrole et des autres produits agricoles sont plus bas. +Du point de vue de la demande, la répartition de la hausse des revenus dans la +décennie à venir pourrait compter autant que le taux de croissance lui-même. Malgré +l’impressionnante croissance économique enregistrée, les taux de pauvreté demeurent +résolument élevés et touchent les femmes de manière disproportionnée ; elles sont +pourtant une ressource cruciale pour l’agriculture et l’économie rurale. En plus d’être +surreprésentées dans les emplois non rémunérés, saisonniers et à temps partiel, elles se +heurtent à des difficultés pour accéder aux moyens de production, services et marchés +agricoles, ce qui les empêche de sortir de la pauvreté (FAO, 2015). Une plus grande +concentration de la propriété foncière et de la demande des consommateurs risque de +limiter l’ampleur de la croissance économique et de ralentir la réduction de la pauvreté qui +découlerait de toute croissance du secteur agricole. Plus important encore, si la croissance +des revenus se limite à un petit segment de la société, les effets multiplicateurs +susceptibles de favoriser une transformation économique plus rapide et inclusive seront +réduits. À l’inverse, une croissance des revenus touchant un large segment de la population +pourrait réduire significativement la pauvreté, ce qui augmenterait le nombre de +consommateurs ayant des revenus moyens à élevés. L’expansion du nombre de +consommateurs ayant les moyens financiers de varier davantage leur alimentation +entraînera non seulement une hausse marquée de la demande totale de produits +alimentaires, mais aussi une modification de la composition de la demande : la demande +de produits animaux, de fruits et de légumes frais, ainsi que d’aliments transformés plus +pratiques, augmentera au détriment des féculents traditionnels. La consommation de +viande par tête, en particulier, restera très faible dans la région et des évolutions +importantes des préférences alimentaires actuelles pourraient modifier complètement les +perspectives liées à la demande. +Du point de vue de l’offre, l’un des principaux défis auxquels la région sera confrontée +sera la faible progression des gains de productivité. À cet égard, l’importance de la +concentration des terres agricoles, qui sera influencée par les politiques foncières, +représente une incertitude majeure qui aura des répercussions considérables sur les +pratiques de production et la croissance de la productivité. La concentration et +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +100 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +l’industrialisation croissantes des exploitations moyennes pourraient accélérer le rythme +d’adoption des technologies, qui est plutôt faible jusqu’à présent. La hausse de l’efficacité +d’un nombre croissant d’exploitations de petite, moyenne et grande tailles liées en une +chaîne de valeur intégrée verticalement, avec un meilleur accès au crédit, à la technologie, +aux services de développement agricole et aux contrats de rendement, pourrait avoir un +effet notable sur les niveaux de production au cours de la décennie à venir. Un +développement à l’avenant des secteurs alimentaires en amont et en aval pourrait +augmenter les possibilités de revenus non agricoles, ce qui fournirait aux petits exploitants +assez productifs le capital nécessaire pour passer d’une activité de subsistance à une +activité à moyenne échelle plus commercialisée. +La productivité reste également faible dans le secteur de l’élevage et la production +intensive de porc et de volaille ne s’est développée que dans certains pays. La région reste +un importateur net de la plupart des céréales fourragères et de tourteaux protéiques, ce qui +aboutit à des prix élevés qui ne favorisent pas les investissements dans les systèmes de +production intensifs. Cependant, une hausse de la productivité qui entraînerait un +supplément de production de céréales fourragères, associé à des prix plus bas, pourrait +stimuler ces investissements, ce qui ferait augmenter significativement la demande de +fourrage. +Compte tenu de la gravité de l’impact de la sécheresse 2015-16 sur la sécurité +alimentaire dans la région (encadré 2.3), les effets potentiels du changement climatique ne +peuvent être ignorés. Les sécheresses sont déjà plus fréquentes en ASS que dans la plupart +des autres régions du monde et les cultures restent largement pluviales. Les impacts précis +du changement climatique sur les systèmes d’exploitation africains varieront +probablement d’une région à l’autre, selon un schéma difficile à prévoir, mais deux +prévisions générales font consensus : une plus grande variabilité de la production agricole +et une baisse possible de la productivité des cultures (Schlenker et Lobell, 2010). L’évolution +des structures et des pratiques agricoles dans la région aura un effet sur la résilience face +à la variabilité croissante du climat. L’augmentation du taux d’adoption des technologies, +l’amélioration de l’accès aux systèmes d’irrigation et l’adoption de pratiques agricoles +améliorées qui contribuent à cette résilience reste l’un des principaux défis de la région. +La faiblesse des infrastructures, notamment de transport, de distribution d’énergie, +d���irrigation et de stockage, est sans conteste le plus grand défi que le secteur agricole de +l’ASS doit relever. Le manque de réseaux de transport limite l’accès aux marchés, +augmente souvent le taux déjà élevé des pertes après récolte et empêche la bonne +distribution des intrants tels que les semences et les engrais. Cette insuffisance est +également un facteur à l’origine du prix élevé des aliments, car elle augmente le coût des +intrants et des produits alimentaires importés. Les différences importantes de prix qui +existent entre régions excédentaires et déficitaires laissent penser que des +investissements axés sur la réduction des coûts de transport offriraient des avantages +considérables tant aux producteurs qu’aux consommateurs. Cette réduction, outre qu’elle +stimulerait la demande en diminuant le coût des produits alimentaires importés, rendrait +le marché de l’export plus lucratif pour les producteurs excédentaires. +Conclusions +L’importance du secteur agricole en ASS transparaît dans la part importante qu’il +représente dans le PIB de la plupart des pays, dans sa part encore plus importante dans +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 101 +l’emploi et dans son statut prioritaire dans le programme de développement. Si la valeur +totale de la production agricole a nettement augmenté au cours de la décennie écroulée, +l’ASS reste la région du monde où l’insécurité alimentaire est la plus forte et les progrès à +l’égard de l’éradication de la faim ont été irréguliers ces dix dernières années. La +Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture vise +à éliminer la faim en Afrique d’ici 2025. Parmi ses autres objectifs se trouvent le +doublement de la productivité agricole, la division par deux des niveaux actuels de pertes +après la récolte et le triplement des échanges intrarégionaux. Dans le contexte de systèmes +agricoles résilients, elle a aussi pour objectif d’offrir des systèmes de protection sociale et +des possibilités d’emploi décentes aux populations rurales. +Compte tenu du rôle évident que l’agriculture est appelée à jouer dans le défi posé par +l’éradication de la faim et l’amélioration de la sécurité alimentaire, ce chapitre présente les +perspectives agricoles en ASS en considérant la région dans toute sa complexité. Le +développement du secteur dans la décennie à venir continuera d’être influencé par l’action +publique et les mégatendances, pour lesquelles le degré d’incertitude reste élevé. Ces +mégatendances incluent des facteurs qui détermineront la demande alimentaire, tels la +croissance démographique rapide, l’accroissement des revenus, l’essor consécutif d’une +classe moyenne africaine, l’urbanisation rapide, l’accès facilité aux nouvelles technologies +de l’information et des communications, ainsi que l’augmentation continue de la +population rurale et le rôle que l’agriculture devrait jouer en tant que principale source +d’emploi pour les nombreux jeunes qui entrent dans la population active. +À la lumière de ces facteurs, les Perspectives dépeignent une croissance optimiste de la +demande alimentaire de plus de 3 % par an d’ici 2025, mais cette croissance est en grande +partie tirée par l’accroissement de la population et la croissance de l’apport calorique par +habitant reste modeste dans la majeure partie de la région. L’ASS présente une diversité +exceptionnelle en matière de niveau de revenus et de préférences de consommation, qui +est reflétée dans la variété des produits consommés selon les régions, mais la forte +croissance de l’apport calorique liée aux huiles végétales et au sucre s’observe dans la +majorité de l’ASS. La diversification croissante de la production offre aussi la possibilité de +diversifier l’alimentation et d’accroître les revenus. La prévalence de la sous-alimentation +a été ramenée à 5.2 % en Afrique australe en 2014-16, mais elle reste supérieure à 40 % en +Afrique centrale. Compte tenu de la croissance rapide de sa population, l’ASS représentera +une part croissante des personnes sous-alimentées à l’échelle mondiale (encadré 1.3). +Dans la lignée de la hausse des revenus, c’est l’Afrique orientale qui devrait enregistrer la +plus forte croissance de l’apport calorique et protéique par habitant sur la période +considérée dans les Perspectives, tandis que l’Afrique centrale, qui reste minée par +l’instabilité politique et les troubles civils, connaîtra le taux de croissance le plus faible. +L’ASS présente un fort potentiel agricole, mais la croissance de la production +enregistrée jusqu’à présent s’explique principalement par l’expansion permanente de la +surface cultivée. Si la production agricole totale devrait augmenter de 2.6 % par an +d’ici 2025, l’expansion des surfaces devrait ralentir et une part croissante de +l’augmentation de la production découlera de l’amélioration de la productivité. De +multiples facteurs influent sur l’accélération des gains de productivité sur la période de +projection, notamment l’adoption plus rapide des technologies, associée à l’émergence +d’exploitations de taille moyenne et à une meilleure intégration des petits producteurs +dans la chaîne de valeur. Malgré un certain nombre d’améliorations, d’importants écarts +de rendement subsistent et les importations de la majorité des produits alimentaires de +2. L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA DÉCENNIE À VENIR +102 PERSPECTIVES AGRICOLES DE L’OCDE ET DE LA FAO 2016-2025 © OCDE/FAO 2016 +base devraient augmenter. L’une des plus grandes incertitudes reste la mesure dans +laquelle la région parviendra à combler ces écarts, ce qui représente un défi de taille. +Les systèmes agro-alimentaires en Afrique +Une agriculture en transition: ses effets sur la sécurité alimentaire +La production agricole et les systèmes agro-alimentaires d’un pays dépendent de nombreux facteurs, tels que la politique de l’Etat, le potentiel écologique, le niveau technologique, les aptitudes des producteurs agricoles et leurs initiatives. L’autosuffisance alimentaire a constitué un objectif de la politique alimentaire de plusieurs gouvernements africains. Cet objectif peut avoir été souhaitable sur le plan politique, mais il ne s’est pas toujours révélé réalisable sur le plan économique et écologique. Dans certains pays, on entendait par autosuffisance alimentaire une disponibilité de céréales de base produites localement suffisante pour couvrir les besoins énergétiques de la population; le plus souvent, on lui donnait le sens d’une disponibilité suffisante pour couvrir la demande du marché. La notion s’étend quelquefois au-delà des aliments de base, mais elle implique dans tous les cas que les pays n’aient pas besoin d’importer des produits alimentaires ou qu’ils minimisent autant que possible leur dépendance à l’égard des importations alimentaires. Une approche de ce genre peut déboucher sur un certain niveau de sécurité alimentaire, particulièrement dans les régions reculées où les marchés sont risqués, instables ou tout simplement inexistants, mais en règle générale une politique de stricte autosuffisance alimentaire n’est pas désirable. +Par contraste, la notion d’autonomie alimentaire prend en compte la possibilité d’un commerce international. Cette autonomie implique le maintien d’un certain niveau de production domestique à laquelle s’ajoute une capacité d’importer, grâce à l’exportation d’autres produits, le reste des aliments nécessaires pour couvrir les besoins de la population. +Le recours au commerce international pour assurer la sécurité alimentaire de tous les citoyens comporte des avantages et des risques qui sont au cœur du débat sur ces alternatives stratégiques. Toutefois, l’analyse de cette question dépasse le cadre du présent ouvrage. +Le potentiel de production et la sélection des cultures +Le potentiel productif d’une terre est déterminé par les conditions du sol et du climat, et par le niveau d’intrants et de gestion appliqués à cette ressource. Pluviale ou irriguée, la production végétale peut être maximisée en ajustant les choix des cultures aux caractéristiques climatiques et pédologiques du terrain. Les tentatives de cultiver des végétaux auxquels les conditions écologiques existantes conviennent mal déboucheront souvent sur une productivité faible ou nulle et, par voie de conséquence, sur une dégradation de la sécurité alimentaire. La figure 13 présente la carte des six zones climatiques principales de l’Afrique. +Le type d’intrants, leur quantité et le calendrier ont également un effet majeur sur le rendement. Les intrants en petite quantité vont généralement de pair avec une production de subsistance ou à petite échelle, un faible investissement en capital, le travail manuel, des cultivars locaux, peu ou pas d’engrais, aucune lutte contre les insectes et de petites superficies agricoles. Les intrants en grande quantité vont de pair avec une production commerciale, des investissements financiers plus ou moins importants, une mécanisation poussée, des cultivars améliorés, des engrais chimiques minéraux et des moyens de lutte contre les ravageurs, de vastes superficies d’exploitation et des marchés accessibles. En général, le continent africain dans son ensemble est caractérisé par un faible usage d’intrants. + +L’affinité d’une terre pour une culture donnée peut être évaluée et mesurée en pourcentage du rendement le plus élevé qui puisse être obtenu. Les zones susceptibles de produire 80 pour cent au moins du rendement potentiel maximal sont classées comme très propices; les zones qui produisent de 40 à 80 pour cent sont propices; les zones qui produisent de 20 à 40 pour cent sont peu propices; et les zones qui rendent moins de 20 pour cent sont classées comme non propices à la culture en question. Dans les conditions qui prévalent actuellement en Afrique, la plus vaste étendue des terres (455 millions d’hectares) est celle qui convient à la culture du manioc; viennent ensuite les terres propices à la culture du maïs (418 millions d’hectares), de la patate douce (406 millions d’hectares), du soja (371 millions d’hectares) et du sorgho (354 millions d’hectares). En zone soudano-sahélienne, le mil est recommandé comme culture primaire sur les plus vastes étendues de terre, car il demande peu d’eau, tandis que le sorgho l’emporte en Afrique australe subhumide et semi-aride. C’est la culture du maïs qui convient le mieux aux vastes superficies de l’Afrique occidentale humide et subhumide et de l’Afrique orientale montagneuse. En Afrique centrale humide, le manioc est le meilleur choix sur la plus grande partie des terres. Le tableau 13 donne les niveaux du rendement que 11 cultures importantes atteignent en Afrique, selon l’aptitude du terrain. On constate des différences considérables de rendement entre un terrain très propice et un terrain qui ne convient pas. Le tableau montre également que la quantité d’intrants influence fortement les rendements. + +FIGURE 13 +Principales régions climatiques de l’Afrique + + + +Source: FAO, 1986. + +La spécialisation culturale et la sécurité alimentaire + +TABLEAU 13 + +Niveaux de rendement des cultures selon l’aptitude du terrain (tonnes) + +Culture + +Niveau d’intrants + +Terrain très propice + +Terrain propice + +Terrain peu propice + +Terrain ne convenant pas + +Mil chandelle + +Elevé + +3,9-3,1 + +3,1-1,6 + +1,6-0,8 + +0,8-0 + + +Faible + +1,0-0,8 + +0,8-0,4 + +0,4-0,2 + +0,2-0 + +Sorgho + +Elevé + +5,1-4,1 + +4,1-2,0 + +2,0-1,0 + +1,0-0 + +(plaine) + +Faible + +1,3-1,0 + +1,0-0,5 + +0,5-0,3 + +0,3-0 + +Maïs + +Elevé + +7,1-5,7 + +5,7-2,8 + +2,8-1,4 + +1,4-0 + +(plaine) + +Faible + +1,8-1,4 + +1,4-0,7 + +0,7-0,4 + +0,4-0 + +Soja + +Elevé + +3,4-2,7 + +2,7-1,4 + +1,4-0,7 + +0,7-0 + + +Faible + +0,8-0,6 + +0,6-0,3 + +0,3-0,2 + +0,2-0 + +Haricot Phaseolus + +Elevé + +3,4-2,7 + +2,7-1,4 + +1,4-0,7 + +0,7-0 + +(plaine) + +Faible + +0,8-0,6 + +0,6-0,3 + +0,3-0,2 + +0,2-0 + +Coton + +Elevé + +1,1-0,9 + +0,9-0,4 + +0,4-0,2 + +0,2-0 + + +Faible + +- + +0,2-0,1 + +0,1-0,5 + +0,5-0 + +Patate douce + +Elevé + +10,1-8,1 + +8,1-4,0 + +4,0-2,0 + +2,0-0 + + +Faible + +2,5-2,0 + +2,0-1,0 + +1,0-0,5 + +0,5-0 + +Manioca + +Elevé + +13,6-10,9 + +10,9-5,4 + +5,4-2,7 + +2,7-0 + + +Faible + +- + +2,7-1,4 + +1,4-0,7 + +0,7-0 + +Riz + +Elevé + +- + +4,1-2,0 + +2,0-1,0 + +1,0-0 + + +Faible + +- + +1,0-0,5 + +0,5-0,3 + +0,3-0 + +Blé + +Elevé + +5,6-4,5 + +4,5-2,2 + +2,2-1,1 + +1,1-0 + +(de printemps) + +Faible + +1,4-1,1 + +1,1-0,6 + +0,6-0,3 + +0,3-0 + +Pomme de terre blanchea + +Elevé + +9,7-7,8 + +7,8-3,9 + +3,9-1,9 + +1,9-0 + + +Faible + +2,4-1,9 + +1,9-1,0 + +1,0-0,5 + +0,5-0 + +a Poids sec. + +Source: FAO, 1986. + +Une première approche de la sécurité alimentaire pourrait consister en la promotion d’un système régional[3] de sécurité alimentaire basé sur les «avantages comparatifs». Chaque pays donnerait la préférence aux cultures prometteuses de bons rendements dans les conditions nationales courantes et couvrirait ses autres besoins alimentaires par le commerce interrégional. La Communauté du développement de l’Afrique australe (SADC) a pris des initiatives en faveur d’une politique de sécurité alimentaire régionale basée sur la spécialisation culturale, mais de nombreuses questions restent en suspens. + +Dans certains pays, la culture du sorgho serait la plus appropriée du point de vue écologique. Pourtant, de nombreux cultivateurs et maints gouvernements canalisent de préférence leurs ressources vers la culture du maïs pour plusieurs raisons: le rendement potentiel est plus élevé, même si le succès des récoltes est plus aléatoire; le maïs est exportable dans la région; les adjuvants techniques sont disponibles; le maïs est plus facile à traiter que le sorgho, tant à l’échelle domestique qu’en usine. Le risque d’échec est plus grand pour le maïs parce que cette plante est particulièrement sensible au manque de précipitations caractéristique de l’Afrique orientale, où la saison des pluies commence tard, est entrecoupée d’une période sèche et finit très tôt. Néanmoins, le sorgho n’est pas sans problème non plus; il est notamment très vulnérable aux attaques des oiseaux granivores. + +Une stratégie de spécialisation culturale qui tendrait à rétrécir la base alimentaire serait risquée, spécialement dans les zones à l’écologie fragile ou dépourvues d’un système de transport et de commercialisation assez efficace pour assurer rapidement la distribution de produits alimentaires variés à travers tout le pays. De plus, un système de production alimentaire où la principale culture de consommation serait aussi la principale culture de rapport, comme c’est le cas pour le maïs en Afrique orientale et australe, est ouvert aux plus grands risques, notamment pour les petits paysans pratiquant une agriculture de subsistance. L’échec d’une culture se traduit pour eux à la fois par une perte de revenus et de vivres, comme cela s’est vérifié lors de la sécheresse d’Afrique australe en 1992/93. + +En Afrique, une importante fraction de la population dépend encore de l’agriculture à petite échelle pour son alimentation. C’est pourquoi les politiques modifiant l’utilisation des terres et les systèmes de culture propres à l’agriculture de subsistance ont un impact direct sur la disponibilité, l’accessibilité et la consommation des aliments. Les systèmes traditionnels d’affectation des terres, de gestion des exploitations et de pratiques culturales se modifient inévitablement à mesure que les petits exploitants doivent faire face aux pressions du marché et du gouvernement en faveur d’une productivité toujours plus élevée. Les cultivateurs sont amenés simultanément à produire un surplus commercialisable pour les marchés urbains et à nourrir leur propre famille, quand ils ne doivent pas, en plus, augmenter leur production de cultures de rapport pour l’exportation. La diversité des tâches met à rude épreuve les terres, le labeur et le temps des ménages agricoles, dont la sécurité alimentaire peut finalement se trouver affectée par cette économie de transition. + +La commercialisation de l’agriculture: ses effets potentiels sur la sécurité alimentaire des ménages + +Traditionnellement, la production alimentaire en Afrique en était restée au stade de la subsistance et le système d’exploitation se basait sur une agriculture itinérante et sur la jachère. Ces pratiques avaient pour effet de restaurer périodiquement la fertilité de la terre par le transfert des cultures sur des sols frais et reposés et par la mise au repos des terrains récemment cultivés. L’utilisation d’intrants extérieurs, comme les engrais chimiques, était minime, les cultivateurs se contentant d’appliquer parfois du fumier. De même, la production animale était pratiquée sur le mode extensif en libre pâture, puisque les éleveurs accompagnaient leurs troupeaux à la recherche de pâturages revigorés par les pluies saisonnières. +De tels systèmes d’exploitation étaient bien choisis d’un point de vue écologique et tout à fait soutenables dans les zones faiblement peuplées. Mais avec l’accroissement du nombre de personnes et d’animaux, des systèmes d’agriculture fixes sont apparus et la période de jachère s’est raccourcie. Les pratiques culturales sont devenues plus intensives; l’assolement, les récoltes répétées et les cultures intercalaires se sont imposées comme stratégies efficaces de maximisation de la productivité des terres, sans que pour autant la fertilité des sols soit mise en péril. Les systèmes d’exploitation sont devenus complexes, impliquant la production d’une grande variété de cultures alimentaires pour la consommation domestique. Cette stratégie a assuré la diversité des régimes alimentaires et a garanti dans une certaine mesure la stabilité des approvisionnements contre les risques climatiques et les pénuries saisonnières. +La monétarisation graduelle de l’économie et certains changements de l’environnement ont augmenté les besoins d’argent liquide. Par exemple, la demande s’est accrue dans le domaine de l’éducation, du logement, de la santé et des communications. Les petits cultivateurs ont opté de plus en plus pour les cultures de rapport, car ils s’efforçaient de créer des liquidités tant pour leur propre usage que pour procurer des devises à leur pays. Dans la plupart des cas, les gouvernements ont adopté une politique d’équilibre entre cultures d’exportation et cultures vivrières. Les pouvoirs publics de plusieurs pays d’Afrique orientale et australe ont vu dans le maïs la culture vivrière et de rapport la mieux indiquée pour les petits producteurs; ils ont donc encouragé la diffusion des «paquets technologiques» déjà bien connus dans les grandes exploitations commerciales. Néanmoins, des problèmes imprévus ont surgi, et le maïs produit par les petits cultivateurs n’a pas réussi à couvrir la demande des consommateurs. +La transition entre une agriculture de subsistance et l’exploitation des cultures de rapport offre aux cultivateurs l’occasion d’augmenter leurs revenus, mais elle comporte de gros risques. Sur le plan de la sécurité alimentaire, il s’agit du danger de dépendre davantage de cultures vivrières moins diversifiées; sur le plan financier, il s’agit des risques que font subir les fluctuations des prix aux capitaux investis par les producteurs et, si ces capitaux proviennent du crédit, des pressions exercées par les prêteurs. Les cultivateurs pauvres n’ont pas souvent tiré profit de l’innovation technologique et de l’entrée sur le marché, quand ils n’ont pas perdu au change. Dans l’ensemble, le passage aux cultures de rapport exerce un effet positif sur la nutrition, si le revenu que ces cultures procurent fait plus que compenser à la fois les aliments que l’on renonce à produire et les suppléments de prix des denrées alimentaires qui peuvent résulter d’une augmentation de la demande du marché et de la libéralisation des prix. + +La sécurité alimentaire des ménages peut être altérée dans un sens ou dans l’autre par les modifications apportées aux systèmes d’exploitation dans le cadre de la transition vers une agriculture commerciale. En général, les cultivateurs traditionnels ont adapté leurs pratiques culturales pour tenir compte des contraintes écologiques, économiques et technologiques. Ils ont minimisé le risque par la plantation de cultures de base variées et dont la récolte est étalée au cours de l’année. La monoculture peut conduire aux pénuries saisonnières; en revanche, la tradition des cultures intercalaires amortit ce risque lors des périodes maigres (voir le chapitre 5). + +De nombreuses communautés cultivent une variété principale à la fois pour leur consommation et comme source de revenus. S’il existe une bonne organisation du marché, cette culture sera vendue, souvent par le chef de famille (homme ou femme), comme principale source de revenu monétaire du ménage. Le ménage couvrira une partie de ses besoins alimentaires par prélèvement sur ses réserves et une autre partie en rachetant des aliments de base au fur et à mesure des besoins et/ou grâce à la culture de variétés secondaires, comme le mil, le sorgho, le manioc et les patates douces. Ces variétés secondaires servent à divers usages, dont la consommation familiale, le brassage de la bière, la vente dans le secteur informel, l’alimentation de la volaille et du petit bétail, la survie en cas de sécheresse (c’est notamment le cas du manioc), l’échange contre des semences, des petits animaux, de la volaille ou d’autres biens. + +Dans la zone communale de Wedza, au Zimbabwe, les habitudes agricoles et de consommation sont déterminées surtout par la nécessité qu’ont les ménages de gagner de l’argent et de subsister (encadré 12). Les ménages sont donc engagés dans des activités variées, y compris la production de vivres en quantité suffisante pour couvrir les besoins au jour le jour et pour constituer une petite réserve d’aliments de base qui devra durer jusqu’à la saison suivante. L’approvisionnement alimentaire pour la consommation familiale peut être placé sous la responsabilité conjointe du mari et de l’épouse, ou bien, selon le contexte culturel, sous la responsabilité principale de l’épouse, qui cultive parfois ses propres champs spécifiquement pour nourrir sa famille (encadré 13). + +Dans le contexte africain, la promotion et la commercialisation des cultures de rapport revêtent une grande importance pour les femmes. La commercialisation s’est souvent amorcée grâce à l’extension des zones de culture, plutôt qu’en remplaçant les cultures traditionnelles par des variétés modernes ou des cultures de rapport. En définitive, l’adoption des cultures de rapport n’a souvent débouché que sur une augmentation de la demande de main-d’œuvre, surtout de la main-d’œuvre féminine. Les effets des nouvelles technologies agricoles sur la charge de travail des femmes et sur leur contrôle des ressources ont été bien étudiés (Kumar, 1994). + +Lorsqu’on cultive des variétés hybrides, l’obtention des meilleurs rendements dépend souvent du moment où les facteurs de production sont mobilisés, main-d’œuvre comprise. Ce n’est donc pas seulement la quantité de main-d’œuvre qui compte, mais aussi sa distribution saisonnière. Dans de nombreux cas, ce temps de travail est pris sur d’autres activités, comme l’entretien du ménage, le jardinage, la garde des enfants et la préparation habituelle de repas équilibrés. Quand les besoins énergétiques des adultes augmentent, la consommation alimentaire augmente aussi dans le ménage, vraisemblablement aux dépens des enfants. Par ailleurs, l’état nutritionnel des femmes surchargées de travail risque d’être compromis, si les aliments ne sont pas disponibles en quantité suffisante pour satisfaire leurs besoins énergétiques accrus. + +ENCADRÉ 12 +STRATÉGIES DES MÉNAGES POUR SE PROCURER DES REVENUS MONÉTAIRES ET +DES ALIMENTS, DANS LA ZONE COMMUNALE +DE WEDZA, AU ZIMBABWE + +Dans la région de Wedza, au Zimbabwe, la plupart des ménages essaient de combiner plusieurs méthodes pour améliorer leur niveau de vie. Leurs stratégies sont les suivantes: + +augmenter les rendements de une ou deux cultures importantes, par exemple le maïs plus le coton, ou le tournesol, en vue de les vendre chaque année et de constituer des réserves de denrées (dans le cas du maïs); + +améliorer les rendements de diverses cultures potagères, en particulier les légumes à feuilles vertes et les tomates, pour les consommer ou les vendre de façon régulière; + +conserver un minimum (en quantité et en variété) d’autres denrées pour la consommation familiale et/ou comme surplus pour la vente informelle, selon les besoins (par exemple mil, arachides, pois bambara, doliques, citrouilles); + +obtenir des dons en espèces ou en nature de membres de la famille pour compléter les revenus de l’agriculture; + +s’engager, chaque fois que possible, dans des activités du secteur informel sous forme de travail occasionnel (construction, confection de toits de chaume, location de ses outils ou animaux de trait) pour les hommes; vente de légumes, volailles et céramiques, ou travaux de couture, pour les femmes. + +Les ménages peuvent ainsi espérer: + +réunir chaque année une certaine somme d’argent grâce à la vente des récoltes pour payer les grosses dépenses (frais de scolarité, achat d’engrais et de vêtements); + +avoir un revenu monétaire régulier pour payer des denrées alimentaires, ou certains services comme l’utilisation du moulin à grain ou les trajets en bus; + +répondre aux besoins alimentaires quotidiens des membres de la famille et constituer une réserve minimale de nourriture pour subsister jusqu’à la prochaine saison. + +Source: Truscott, 1986. + + +ENCADRÉ 13 +RÔLES DES HOMMES ET DES FEMMES DANS LA PRODUCTION AGRICOLE, DANS LA +ZONE COMMUNALE DE WEDZA, AU ZIMBABWE + +Traditionnellement, et aujourd’hui encore, on estime que c’est aux femmes qu’il incombe de subvenir aux besoins alimentaires quotidiens de la famille, «depuis les champs jusqu’à l’assiette». L’origine de cette assertion remonte à la division traditionnelle des tâches entre hommes et femmes, l’homme étant chasseur, propriétaire du bétail et chargé des travaux pénibles, tels que le défrichage et les labours. Etant propriétaire des terres (grâce à l’usufruit) et du bétail, l’homme avait le contrôle des biens les plus précieux. Aujourd’hui, cette division des tâches n’est plus aussi stricte qu’autrefois car beaucoup de femmes assument davantage de responsabilités dans l’élevage, le labour et d’autres tâches. + +La plupart des ménages ayant fait l’objet de l’enquête estimaient que c’étaient les femmes qui avaient le plus de responsabilités dans la production de la majorité des cultures. Dans la moitié des ménages interrogés, le revenu provenant de la vente du maïs était perçu conjointement par le mari et son épouse, et dans deux cinquièmes par la femme seule. Presque toutes les autres cultures (sauf le tournesol et le coton, qui sont des cultures de rapport) sont appelées «cultures de femmes». + +Une étude antérieure menée dans la région de Wedza avait montré que les hommes avaient encore un rôle clé dans la prise des décisions pour le choix des cultures à pratiquer, l’accès à des prêts et le contrôle des revenus provenant de la vente des céréales. Parmi les ménages interrogés, quelques divergences sont apparues. Certaines femmes de Wedza estimaient qu’elles devraient avoir accès à la terre de plein droit ou conjointement avec leur mari pour venir à bout de l’inégalité. En adhérant massivement à des groupements d’agriculteurs, les femmes ont trouvé un moyen pour surmonter quelques-uns des obstacles auxquels elles sont confrontées. + +Source: Truscott, 1986. + +La production de cultures de rapport nécessite souvent l’utilisation de divers intrants supplémentaires. Les cultivateurs qui veulent obtenir de meilleurs rendements sont amenés à acheter des semences hybrides et autres graines améliorées pour remplacer leurs propres variétés locales mises de côté lors de la récolte précédente. Ils doivent souvent recourir au crédit pour acheter non seulement des semences, mais aussi des engrais et des pesticides. Ainsi, les cultivateurs engagés dans les cultures de rapport courent le risque de s’endetter, spécialement si le produit de la récolte précédente leur est payé tardivement. Dans ces circonstances, les familles risquent de manquer d’argent liquide et de voir leur sécurité alimentaire compromise. + +En dépit des risques éventuels, l’agriculture commerciale peut offrir de bonnes perspectives à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages, surtout quand elle est organisée de manière à mobiliser également les paysans pauvres. Il est parfois nécessaire de stimuler la productivité des petits cultivateurs grâce à des mesures bien ciblées, comme les incitations à la production, le développement des infrastructures de commercialisation et la poursuite de la recherche concernant les terres non irriguées et autres zones marginales. Ces mesures auront un impact d’autant plus grand qu’elles seront prolongées par des programmes de vulgarisation agricole et d’éducation nutritionnelle. Les programmes qui visent à augmenter la production et les profits des entreprises contrôlées par des femmes peuvent également contribuer à améliorer la sécurité alimentaire des ménages. Les études ont souvent montré que l’argent gagné par les femmes a beaucoup de chances de servir à accroître la consommation alimentaire de la famille. Toutefois, il faut bien mesurer le pour et le contre des projets ciblés sur les femmes visant à augmenter leurs revenus, mais qui absorberaient une part excessive de leur temps, notamment celui qu’elles consacrent à leurs enfants. + +Une politique d’autosuffisance de la production alimentaire, ou l’adoption d’une politique de «l’aliment d’abord», qui privilégie les cultures vivrières jusqu’au point d’exclure les cultures de rapport, n’est pas nécessairement souhaitable ni même vraiment intéressante pour soulager la malnutrition, dès lors que l’infrastructure commerciale et de transport est assez bonne pour ne pas entraver le commerce international. Si l’infrastructure commerciale n’est pas bien développée, il faut la renforcer dans l’intérêt, à long terme, d’une sécurité alimentaire durable. A court et moyen terme, il faut encourager à la fois les cultures vivrières et les cultures de rapport, sans oublier les jardins potagers et l’élevage des animaux de basse-cour, dans une perspective d’amélioration de la sécurité alimentaire. + +Les ménages qui écoulent leurs récoltes sur le marché, au lieu de produire uniquement pour se nourrir, augmentent leurs revenus et réussissent probablement à accroître la consommation alimentaire des membres de la famille, à condition que le passage aux cultures de rapport n’implique aucun changement dans le contrôle des revenus domestiques, qui pourrait se traduire par une réduction des achats de denrées alimentaires. + +Une autre manière de créer de l’emploi et des revenus consiste à installer des petites unités industrielles de nettoyage et de triage, de traitement et de conditionnement, de transport et de commercialisation des récoltes de produits alimentaires et autres. Ce créneau est à la fois porteur de promesses de développement général et d’augmentation des revenus des couches les plus pauvres de la population. + +La commercialisation des produits agricoles, la promotion d’une industrie agro-alimentaire utilisatrice de main-d’œuvre et l’opération d’un système alimentaire dynamique, appuyées par une politique appropriée de l’environnement, constituent la seule voie de sortie de l’agriculture de subsistance et permettent aux communautés et aux gouvernements de créer la richesse nécessaire au financement des améliorations sociales et structurelles souhaitées. Il faut que la croissance de l’agriculture profite aux pauvres et que les populations d’aujourd’hui et de demain puissent satisfaire leurs besoins de consommation. A cet égard, le développement et la popularisation de technologies agricoles favorables à la nutrition, parce qu’elles tiennent compte des caractéristiques de l’environnement et sont adaptées aux possibilités des différentes catégories de cultivateurs, revêtent la plus haute importance. + +Quelques exemples de systèmes agro-alimentaires +Les enclos agricoles et les jardins arborés + +Dans les régions humides et subhumides, les ménages entretiennent souvent des enclos agricoles ou jardins domestiques (figures 14 et 15). Le jardin domestique n’est autre qu’un système agricole pratiqué par l’exploitant ou par le ménage agricole (figure 16), sauf en zones urbaines et suburbaines ou si la terre est rare, auquel cas le jardin est souvent la seule parcelle cultivée. Ce jardin est donc l’un des éléments du système agro-alimentaire dans son ensemble; il dépend de la même gestion ménagère et il est soumis aux mêmes processus de décision (Okigbo, 1994). + +Le jardin domestique comprend souvent une superficie agricole permanente, ou jardin arboré, qui contient un mélange équilibré de cultures pérennes et annuelles. Ce jardin forme une étoile, avec la ferme au centre et des sentiers qui en partent vers les différentes parcelles cultivées et les autres unités de production consacrées aux cultures annuelles de rapport ou de consommation. + +Les jardins domestiques sont souvent très diversifiés. Les mélanges de végétaux que l’on y trouve résultent principalement de la sélection et de la culture délibérées d’une grande variété de plantes et d’arbres qui occupent des espaces complémentaires, se protègent mutuellement et constituent des ensembles de cultures vivrières et de rapport (tableau 14). On y élève aussi, bien qu’à petite échelle, des moutons, des chèvres, de la volaille et peut-être quelques bovins et porcs, qui sont une source d’aliments, de revenus et de fumier. Les systèmes de culture mixte d’arbres et de plantes prolongent considérablement le temps des récoltes, assurant ainsi la disponibilité continue d’un produit alimentaire ou d’un autre. Une fois qu’elles ont pris, les espèces arbustives ne demandent que peu de travail et d’intrants pour leur entretien. Elles assurent une disponibilité alimentaire continue pendant des années, sans qu’il soit nécessaire de replanter chaque année. + +FIGURE 14 +Stratification verticale typique d’un jardin domestique à culture intensive dans les tropiques humides du Ghana + + + +Source: Asare, Oppong et Twum-Ampofo, 1985. + +La diversité biologique et la complexité des jardins domestiques diminuent à mesure que l’on passe des régions humides aux régions semi-arides et arides des pays sahéliens. Selon la définition de l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales (ICRISAT), les régions semi-arides sont caractérisées par une pluviométrie moyenne de 400 à 1 400 mm par an. Sur l’année, les précipitations y excèdent l’évapotranspiration potentielle pendant deux à sept mois. Les pluies sont irrégulières dans le temps et l’espace, et ce problème est d’autant plus marqué que la région est moins bien arrosée. La saison sèche est vraiment une période d’aridité, avec ses jours torrides et ses nuits chaudes. Dans certaines zones, les pluies ne dépassent pas 30 mm par mois pendant cinq à sept mois de l’année. La croissance végétale est donc minimale pendant une grande partie de l’année. + +FIGURE 15 +Jardin domestique de fruits et de légumes près de la ferme + + + +Source: Asare, Oppong et Twum-Ampofo, 1985. + + +FIGURE 16 +Enclos agricoles et terres exploitées, dans les systèmes agro-alimentaires traditionnels de l’Afrique tropicale humide + + + +Source: Okigbo, 1994. + + +TABLEAU 14 + +Les systèmes d’exploitation agricole en Afrique occidentale + +Région + +Cultures dominantes + +Cultures secondaires + +Elevage + +Cultures de subsistance + +Cultures de rapport + +Tropiques humides/forêt pluviale + +Igname +Riz +Manioc +Maïs +Plantain +Taro + +Cacao +Hévéa +Palmier à huile +Banane +Café +Noix de coco + +Légumes +Taro +Cultures arbustives +Banane +Patate douce + +Caprins +Volailles + +Forêt/savane + +Sorgho +Mils (Digitaria sp.) +Manioc +Igname +Riz + +Soja +Sésame +Canne à sucre +Coton +Tabac + +Taro +Manioc +Dolique +Légumes +Arachide +Patate douce + +Caprins +Ovins +Volailles +Quelques bovins et chevaux + +Savane guinéenne boisée + +Sorgho +Mils +Riz +Maïs +Dolique + +Arachide +Sésame +Coton +Tabac +Soja +Canne à sucre + +Patate douce +Légumes +Banane +Manioc +Cultures arbustives + +Bovins +Caprins +Ovins +Chevaux +Volailles +Porcins + +Savane soudanienne et sahélienne + +Mils +Sorgho +Dolique + +Arachide +Coton +Riz (parfois) +Blé + +Légumes +Patate douce +Riz +Sésame +Cultures arbustives + +Bovins +Caprins +Anes +Ovins +Chevaux +Volailles +Chameaux + +Hautes terres tropicales + +Mils +Haricots +Sorgho + +Café arabica +Tabac +Pomme de terre +Thé +Légumes subtropicaux +Coton + +Patate douce +Pomme de terre +(Plectranthus et Solenostemon spp.) +Légumes +Dolique +Cultures arbustives +Ovins + +Bovins +Ovins +Caprins +Volailles +Chevaux +Anes + +Source: Okigbo, 1983. + +Dans ces régions, il est indispensable d’augmenter la productivité de la terre et de réduire le risque d’extension des cultures à des terres encore plus marginales, car cela conduirait à la dégradation complète de ces sols. Comme les zones arides sont caractérisées par une forte alternance saisonnière, la disponibilité des ressources évolue selon le cycle annuel. Le manque d’eau est un des principaux obstacles au succès du jardinage en zone aride; cependant, une gestion efficace des sols et la mise en œuvre de procédés économiques et valables du captage et de la conservation de l’eau permettent de continuer à cultiver certaines variétés pendant une partie de la saison sèche. + +En zone aride, les jardins domestiques peuvent apporter une contribution significative au bien-être nutritionnel et économique des ménages, en réduisant le niveau et la durée des pénuries alimentaires saisonnières et parce qu’ils introduisent, dans la cuisine familiale, une plus grande variété d’aliments riches en nutriments. Les encadrés 14 et 15 énumèrent quelques principes essentiels d’horticulture et quelques noms de plantes qui conviennent aux jardins domestiques des zones tropicales semi-arides. + +Comme les terres marginales de l’Afrique sont beaucoup plus étendues que ses terres fertiles, irriguées ou non, toute augmentation, même modeste, de la production alimentaire des zones semi-arides peut apporter une contribution sensible à la sécurité alimentaire de ce continent. + +D’un point de vue écologique, l’exploitation mixte - jardin domestique ou jardin arboré -, complétée par le petit élevage, forme un des systèmes agricoles traditionnels les plus intéressants. En effet, elle maximise la production biologique, protège le sol contre l’érosion et peut fournir en continu les ingrédients d’un régime alimentaire varié et nutritif, assurant ainsi la sécurité alimentaire du ménage exploitant. Cependant, la croissance démographique a quelquefois poussé les cultivateurs à adopter des pratiques agricoles conduisant à l’arrachage des arbres, ce qui accélère l’érosion du sol, tout en diminuant les rendements des cultures et les profits du travail. La disparition des arbres s’est souvent traduite par une dégradation sévère de l’environnement. La substitution incessante des jardins domestiques et des systèmes agricoles traditionnels par les systèmes de production en ligne s’est également traduite par l’accélération de l’érosion des sols, la dégradation des terres et finalement la détérioration générale de l’environnement. + +ENCADRÉ 14 +LES JARDINS DOMESTIQUES DES ZONES TROPICALES SEMI-ARIDES + +Dans les zones tropicales semi-arides, le potager entoure parfois la maison ou se trouve sur une parcelle du ménage, ou bien dans une zone communale de jardinage. C’est quelquefois le potager d’une seule famille, ou le jardin d’un projet générateur de revenus pour un groupement de femmes du village ou un groupement de jeunes, ou encore le jardin d’un projet scolaire ou celui d’un centre de santé. Les suggestions qui suivent préconisent un mode de jardinage local plutôt qu’un modèle stéréotypé. + +L’organisation du potager est adaptée à l’environnement semi-tropical. Le potager fournit de nombreux produits tout au long d’une longue période de récolte. A l’inverse des cultures annuelles en lignes bien droites, qui caractérisent les pays industrialisés des régions tempérées, le jardin mixte en pleine production est un mélange dense de cultures annuelles et arbustives. + +Il utilise au mieux la surface limitée et en maximise le rendement, même si certaines plantes pourraient produire davantage avec plus d’espace et de soleil. Il comporte plusieurs étages de végétation et utilise pleinement l’espace aérien avec un maximum d’arbres, d’arbustes et de plantes grimpantes. Les racines également exploitent différents niveaux du sous-sol, certaines d’entre elles près de la surface et d’autres, notamment les racines d’arbres, plus en profondeur pour y chercher l’humidité. + +Un bon plan de jardinage mixte tient compte de la façon dont les différentes plantes se partagent la lumière, l’air et l’espace souterrain, tout en laissant peu de place aux mauvaises herbes. Le jardin à étages fournit une couverture d’humus et protège le sol et les plantes du vent, ainsi que des pluies ou d’un soleil excessifs. La fertilité du sol est améliorée grâce au compost, au paillage et à l’incorporation de matériel végétal sec. Les légumineuses fertilisent le sol, et certaines cultures diminuent les attaques de parasites. + +D’un point de vue économique, le jardin mixte est un système de production à faible capital et à fort rendement économique. Si la famille n’est pas en mesure de garder des semences et des plants, ces derniers sont généralement disponibles à bas prix dans le commerce. La plupart des plantes locales ont une bonne résistance aux parasites et aux maladies. En général, elles ont besoin de moins d’engrais et d’eau que les variétés des pays tempérés. + +L’aspect du jardin change énormément selon les saisons. Pendant la saison des pluies, c’est une masse de verdure. En saison sèche, toute verdure disparaît, à l’exception de la masse vert foncé des arbres entourant la maison et d’un petit lopin de terre arrosé. + +Un grand jardin mixte fournit de façon continue des fruits et des légumes, et apporte donc au régime familial de bonnes quantités d’énergie, de fer, de protéines et de vitamines A et C. Un jardin, surtout quand il est planté d’arbres, est un agrément pour le ménage et les alentours. Il peut en outre fournir du bois de feu. + +Source: OMS/UNICEF, 1985. + + +ENCADRÉ 15 +QUELQUES VÉGÉTAUX CONVENANT AU JARDINAGE +DANS LES ZONES TROPICALES SEMI-ARIDES + +Légumes à feuilles vert foncé + +Amarante, baselle (Basella rubra, Basella alba), chaya (Cnidoscolus chayamansa), moutarde (Brassica juncea) et feuilles du baobab, du manioc, du dolique, de la patate douce, du potiron + +Fruits et légumes-fruits + +Fruits: Avocat, fruit du baobab, noix de cajou, agrumes, goyave, mangue, papaye, fruit de la passion, banane, jaque + +Légumes-fruits: aubergine, courge, poivron, gombo, citrouille, potiron, tomate, piment + +Légumineuses + +Pois bambara, dolique, guar, dolique d’Egypte, haricot doré, haricot de Lima, arachide, pois cajan, soja + +Oléagineux + +Plantes: pois bambara, moutarde, graines de gombo, arachide, sésame + +Arbres: avocatier, anacardier, caroubier, karité + +Cultures de base + +Maïs, sorgho, banane, manioc, taro, plantain, patate douce, igname + +L’urbanisation progressive et la déforestation menacent la persistance de certaines plantes comestibles et utiles présentes dans les jardins domestiques, mais presque à l’état sauvage, et d’ailleurs rarement utilisées. La concentration des efforts sur un petit nombre de cultures de base, comme le maïs et le riz, et la modification des habitudes alimentaires en faveur d’une consommation croissante d’aliments préparés ont rétréci la base alimentaire des citadins et même, dans une certaine mesure, des habitants des campagnes. Tous ces facteurs amènent à souhaiter que des mesures soient prises pour que le potentiel des plantes que l’on retrouve dans les jardins domestiques et arborés soit mieux exploité, grâce aux améliorations génétiques, au perfectionnement de la gestion des jardins et aux progrès de la transformation et de l’utilisation. + +L’agriculture irriguée + +Les systèmes agro-alimentaires et les types de production agricole africains ont traditionnellement privilégié les cultures pluviales. L’accroissement des besoins vivriers était principalement couvert par l’extension des superficies cultivées. Mais les bonnes terres deviennent rares et les agriculteurs n’ont plus guère d’autre choix que de dynamiser les systèmes de production pour augmenter les rendements par unité de surface et par heure de travail. Si la production alimentaire doit se maintenir à la hauteur de la croissance démographique et s’il faut éviter de dépendre des importations commerciales et spéciales, une augmentation de production de l’ordre de 4 pour cent par an sera nécessaire. Des essais d’augmentation de la production agricole des zones arides par le développement de l’irrigation sont actuellement menés. La culture irriguée convient particulièrement bien à la production horticole très rentable à la périphérie des villes; elle permet aussi d’étendre la période de production d’autres cultures, comme le blé, le riz ou l’orge, qui poussent mal sur la plus grande partie de l’Afrique. + +L’Afrique dispose d’un vaste potentiel physique pour l’agriculture irriguée: les superficies irrigables sont importantes; d’énormes réserves d’eau peuvent servir à l’irrigation. En moyenne, 27 pour cent de ce potentiel sont exploités en Afrique continentale, avec de larges disparités selon les régions. L’Afrique du Nord exploite déjà 79 pour cent de son potentiel, mais dans les pays d’Afrique centrale qui disposent de ressources hydriques assez abondantes, une grande proportion de ce potentiel reste encore à exploiter. L’Afrique subsaharienne, qui compte à peine 4 pour cent de terre arable irriguée, est encore loin de rejoindre la moyenne mondiale de 18,5 pour cent. + +Diverses considérations d’ordre institutionnel, économique et social figurent parmi les obstacles majeurs au développement d’un programme global de production irriguée, notamment sous la forme d’unités de production à régie centrale, telles que les fermes d’Etat. Les grands programmes d’irrigation tendent à coûter cher, tant à l’installation qu’à l’entretien, de telle sorte qu’il faut évaluer soigneusement leur viabilité et leur prix avant d’en recommander l’installation comme stratégie d’augmentation de la production alimentaire. D’autres approches ont également un bon potentiel d’accroissement durable de la production alimentaire à la mesure des besoins; ce sont les petits systèmes communautaires d’irrigation basés sur les technologies artisanales locales et qui comprennent des procédés de recueil des eaux, des petits systèmes de pompage et l’aménagement des marais des vallées intérieures (connus sous le nom de fadema au Nigéria et de vleis, dambos ou mapani en Afrique australe). + +Il faut également tenir compte des risques écologiques associés aux projets d’irrigation. La saturation hydrique et la salinisation du sol sont des causes majeures de la baisse des rendements sur les terres irriguées. La saturation peut se produire quand les conditions de drainage sont insuffisantes. La salinité du sol augmente parce que les plantes absorbent de l’eau pure et que le sel contenu dans l’eau d’irrigation reste là presque dans sa totalité. La dégradation des ressources hydriques qu’entraîne une exploitation excessive de la nappe phréatique par le creusement de puits artésiens est désormais reconnue comme cause de désertification dans plusieurs pays, notamment l’Inde (encadré 16). La Chine a développé une approche novatrice, «le concept des quatre eaux», et démontré ainsi qu’au prix d’un contrôle global et de la supervision de toutes les eaux, qu’il s’agisse de la nappe phréatique, des eaux de surface, de l’humidité superficielle ou des pluies, il est possible d’empêcher la salinisation et de récupérer les terres salines (FAO, 1995d). + +Les projets d’agriculture irriguée, dont on attend une augmentation de la disponibilité alimentaire et, par suite, une amélioration de l’état nutritionnel de la population, ont souvent eu des effets négatifs sur la santé. Ainsi, on a pu attribuer l’augmentation de la prévalence de la schistosomiase et du paludisme à la mise en œuvre de nombreux projets de développement des ressources hydriques (tableau 15). Il ne fait pas de doute qu’en climat chaud la présence d’un système d’irrigation, avec ses grandes longueurs de berges, de réservoirs et de canaux, peut assurer aux vecteurs de la schistosomiase et du paludisme l’habitat le plus favorable, mais on n’a pas encore déterminé dans quelle mesure les pratiques d’irrigation contribuent par elles-mêmes à l’incidence de ces maladies. + +Des études récentes ont montré que, dans la schistosomiase, l’infection intervient moins au cours de la phase d’irrigation que pendant le contact avec l’eau polluée, surtout si l’eau courante et l’hygiène font défaut. La fourniture d’eau pure, l’hygiène, les soins de santé et l’éducation sanitaire réduisent de manière significative l’incidence de la schistosomiase, comme cela a été démontré en Egypte, affectée par la schistosomiase depuis le temps des pharaons. De même, des études conduites en Inde semblent montrer qu’il n’y aurait pas de corrélation directe entre l’indice annuel des larves d’anophèles et la présence ou l’absence de paludisme. Selon les recherches, des facteurs autres que la seule présence d’eau d’irrigation, par exemple un mauvais drainage, peuvent contribuer à la diffusion des maladies transmises par vecteur. Il faut encore approfondir la recherche pour arriver à mieux comprendre ces relations complexes entre agriculture, environnement et santé (Biswas, 1994). + +ENCADRÉ 16 +CONSÉQUENCES D’UNE EXPLOITATION NON VIABLE DE LA NAPPE PHRÉATIQUE +PAR PUITS ARTÉSIENS + +Le succès de l’expansion de l’irrigation, ces dernières décennies, est dû en grande partie à l’exploitation des nappes phréatiques à l’aide de puits artésiens. Il s’agit de petites réalisations rapides et économiques, sans perte de terrain agricole ni destruction d’habitats, contrairement aux grands projets d’irrigation par gravité et retenues d’eau. Le nombre de ces puits s’est accru très rapidement. En Inde par exemple, il est passé de près de 90 000 en 1950 à plus de 12 millions en 1990. Toutefois, derrière ce succès, on passe sous silence le fait qu’un développement agricole fondé sur les nappes phréatiques n’est pas viable s’il utilise de l’eau «fossile» ou si les taux d’extraction dépassent les taux de renouvellement. + +L’expansion rapide de l’irrigation par puits artésiens a amené des pressions extrêmes sur une ressource d’ordinaire statique car elle se renouvelle lentement. Le problème a été exacerbé par les pressions qui s’exercent généralement loin des sites d’extraction, surtout par la déforestation des bassins versants situés en altitude, le surpâturage ou d’autres formes de dégradation des terres, qui accélèrent le ruissellement des eaux de pluie et réduisent leur infiltration dans le sol. En conséquence, le niveau des nappes phréatiques baisse, ce qui cause de nombreux problèmes sur le plan écologique, économique et social. Dans beaucoup de régions côtières, la salinisation du sol devient problématique. Le surpompage accroît le montant des investissements et les coûts d’opération, car l’abaissement du niveau de l’eau exige des puits plus profonds et donc davantage de combustible pour la pomper. Dans certains cas, les agriculteurs pauvres, qui ne disposaient pas du capital nécessaire pour faire creuser davantage leur puits, ont dû se remettre à l’agriculture en sec. Dans d’autres cas, les ajustements nécessaires ont été trop tardifs et les terres ont été désertifiées. + +Source: FAO, 1995d. + +Le nomadisme et les systèmes agro-alimentaires des zones semi-arides + +Les enclos agricoles et les jardins arborés forment un système agro-alimentaire viable dans les régions régulièrement arrosées par les pluies, mais certaines zones climatiques n’offrent quasiment aucune possibilité à l’agriculture pluviale. Les populations des zones peu arrosées par les pluies, au Sahara, au Sahel et dans les zones soudano-sahéliennes semi-arides, pratiquent des systèmes agro-alimentaires très différents de ceux des cultivateurs des zones humides et doivent affronter de nombreux problèmes très délicats pour leur bien-être nutritionnel (encadré 17). + +Source: Rosenfield et Bower, 1978. +L’extension de l’agriculture aux zones marginales met en péril le système agro-alimentaire des éleveurs nomades. Sur ces sols fragiles, la fertilité des terres s’éteint rapidement après la destruction des pâturages saisonniers. L’érosion et la dégradation définitive de l’environnement s’ensuivent souvent. +Pour renforcer la viabilité des systèmes de production alimentaire tiraillés entre les +éleveurs nomades et les cultivateurs itinérants, il est parfois nécessaire de pratiquer plus systématiquement l’agroforesterie et le paillage des semis. Une végétation permanente peut réduire le risque d’érosion en assurant une couverture végétale, en aidant à conserver l’humidité sous les paillis, en augmentant le contenu organique du sol et en stimulant le recyclage des nutriments. La plantation en ligne des Acacia et des Leucaena, de la famille des Mimosacées, fournira de la paille et du foin et enrichira le sol grâce à leur propriété de fixateurs d’azote. D’ailleurs, un système agro-alimentaire qui intègre ces éléments, des cultures arbustives permanentes, des cultures annuelles et des petits animaux fait déjà partie de la tradition de certaines zones soudano-sahéliennes de l’Afrique occidentale. Un tel système offre plus de perspectives de stabilité écologique et de sécurité alimentaire que des systèmes moins diversifiés. + +ENCADRÉ 17 +LE SYSTÈME ALIMENTAIRE D’UNE FAMILLE D’ÉLEVEURS NOMADES DU MALI +SAHÉLIEN ET SES CONSÉQUENCES +SUR LA NUTRITION + +Cette famille peule «noble» de six personnes vit dans des huttes rondes faites de troncs séchés, qui résistent bien à la pluie quand elles sont nouvellement construites. Elle possède 24 têtes de gros bétail et 10 chèvres, et cultive du mil pendant la saison des pluies. + +Lors de la saison humide, les pasteurs campent autour d’étangs remplis d’eau de pluie. En novembre, lorsque les étangs s’assèchent, les jeunes hommes, associés en coopératives regroupant plusieurs foyers, partent avec le gros du troupeau à la recherche de meilleurs pâturages. Le reste de la famille garde les chèvres, les animaux les plus faibles et quelques vaches laitières, et campe alternativement à la lisière d’un village pendant les mois froids de la saison sèche (de novembre à février), achetant ou troquant de l’eau de citerne, et autour d’un puits pendant les mois chauds de cette même saison. + +Les hommes assument la responsabilité du gros du troupeau et des principales opérations de la culture du mil. Les garçons s’occupent des chèvres et des veaux. Les femmes et les filles vont chercher le bois de feu et l’eau nécessaires aux usages domestiques; elles aident à la moisson, pilent le mil et préparent les repas. + +L’apport énergétique alimentaire du foyer atteint son maximum en octobre, après la moisson, avec 14 700 kcal par jour (65 pour cent provenant du mil et 35 pour cent du lait). Si l’on considère que 9 105 kcal suffisent à couvrir l’ensemble des besoins des enfants et les besoins d’entretien des adultes, cela signifie que ces derniers disposent de 5 595 kcal pour travailler et reprendre du poids. Par contre, de décembre à juin, la consommation du foyer n’est que de 7 840 à 8 820 kcal par jour (9 à 20 pour cent provenant du lait), ce qui signifie que son bilan énergétique est déficitaire. A la saison des pluies, le régime est complété par des produits de cueillette. L’apport énergétique en juin/juillet est de 9 996 à 10 740 kcal par jour (43 à 50 pour cent provenant du mil, 8 à 12 pour cent du lait et 42 à 45 pour cent des produits de cueillette). + +L’homme (1,72 m) et la femme (1,63 m) ont atteint leur poids maximal en novembre/ décembre, pesant respectivement 55,3 kg et de 49,6 kg. La période de nourriture abondante, avec relativement peu de travail, qui a suivi la récolte, leur a permis de prendre respectivement 2,3 et 0,7 kg de poids par rapport à juillet/août. Pendant la saison sèche, la diminution des rations alimentaires et l’allongement des distances à parcourir pour l’eau et la pâture ont entraîné des pertes de poids de 2,2 et 1,5 kg, respectivement, en mai/juin. Malgré de meilleures rations alimentaires pendant la saison des pluies, les efforts exigés par la culture du mil les ont empêchés de reprendre du poids jusqu’à la fin de la moisson. + +L’évolution du poids des quatre enfants (âgés de 5 à 12 ans) entre juillet/août et novembre/ décembre a oscillé de + 0,6 à + 1,5 kg, contre - 0,7 à + 0,5 kg entre novembre/décembre et juillet/août. Malgré le ralentissement de leur croissance pendant la saison sèche, leur poids est rarement inférieur à 80 pour cent du poids normal pour leur taille. Les foyers qui disposent de suffisamment de lait ou de céréales à échanger pendant la saison sèche, peuvent se permettre de réduire leurs ventes de bétail et leur dépendance à l’égard du marché. Cependant, l’épuisement des réserves alimentaires pendant les mois chauds de la saison sèche oblige parfois à vendre à perte de jeunes animaux. + +En 1982/83, les ventes de bétail ont représenté 93 pour cent des revenus en espèces des foyers, dont le revenu global se composait à 68 pour cent de céréales qu’ils troquaient et 5 pour cent de laitages qu’ils troquaient également. La moitié de leurs dépenses en espèces étaient consacrées à l’achat de céréales, et 55 pour cent de leurs échanges en nature à procurer des laitages. + +La situation s’est récemment aggravée en raison de la détérioration des termes de l’échange due à la sécheresse. Un taureau reproducteur qui valait en 1982 l’équivalent de 1300 kg de mil ne valait plus que 520 kg un an plus tard, le prix du mil ayant doublé alors que le prix du bétail chutait. + +De nombreux pasteurs réduits à vendre leurs troupeaux, se sont trouvés en situation de dépendance économique. Si la majorité d’entre eux ont désormais suffisamment reconstitué leur cheptel pour reprendre leur activité, ceux qui n’ont pas eu la même chance se trouvent dans une position difficile par rapport au marché. + +Source: FAO, 1985b. + +Au Botswana et au Swaziland, la loi confère aux savanes et aux herbages naturels le statut de pâturage communautaire pour le bétail, notamment pour les bovins, qui forment une composante essentielle des systèmes agro-alimentaires de ces pays. Ces terres de pâture sont une source de fourrage et de combustible, dont la nécessité devient aiguë pendant la froide saison hivernale. Un système sylvopastoral efficace, couplé avec une procédure contrôlée de rotation des troupeaux dans les pâtures, compléterait la pratique actuelle de manière fort intéressante. + +La figure 17 montre quelles relations lient les uns aux autres certains éléments d’un système agro-alimentaire à dominante animale, typique du Swaziland. Naguère encore efficaces, ces systèmes se dégradent à présent, d’une part à cause des demandes croissantes d’une population en expansion et, d’autre part parce que le bétail est passé des mains d’éleveurs confirmés dans celles d’agriculteurs et d’épargnants sans véritable expérience de la gestion des troupeaux. La recherche et la vulgarisation ne contribuent guère à freiner cette tendance et persistent à sous-estimer l’efficacité des systèmes traditionnels, ainsi que la productivité potentielle des ressources naturelles. Il convient de souligner que l’on trouvera probablement de meilleures solutions dans un appui aux systèmes mixtes de transhumance et d’agriculture par un meilleur usage des engrais, des légumineuses fourragères et des cultures de rapport, bien plus que dans le creusement de puits, la multiplication des services vétérinaires et la protection farouche des herbages. Les circonstances socio-économiques sous-jacentes ne sont pas favorables à de telles solutions, en raison des relations parfois tendues entre éleveurs et cultivateurs. +Il faut aussi tenir compte du besoin croissant de techniques visant à fournir du fourrage économique aux exploitants des systèmes d’élevage sédentaire. Les sources principales de fourrage sont les résidus des récoltes et les herbes sauvages poussant autour des champs cultivés. Ces deux sources pourraient être mieux gérées, mais il faudrait alors ajouter des apports extérieurs pour augmenter la production. Bien que les céréales tirent leur importance du grain qui entre dans la consommation humaine, la paille ne manque pas d’intérêt, par sa contribution à la productivité de l’élevage. Il faut en tenir compte dans le développement de variétés végétales destinées aux systèmes agro-alimentaires couvrant à la fois l’agriculture et l’élevage; le programme de recherche génétique sur l’orge, au Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), en est un bon exemple. +L’élevage et la production animale +En Afrique subsaharienne, l’élevage et ses produits dérivés contribuent pour environ 19 pour cent à la valeur de la production du secteur de l’agriculture, des forêts et des pêches. Cependant, cette mesure sous-estime l’importante contribution que l’élevage apporte souvent à la production végétale sous forme d’énergie de traction et de fumier. Dix pays sont responsables de 70 pour cent de la valeur de la production animale et cinq pays de la moitié de la production: Ethiopie, Kenya, Nigéria, Soudan et République-Unie de Tanzanie. Au tableau 16, figurent les effectifs de plusieurs espèces animales de l’Afrique subsaharienne en 1994. +Les produits animaux, surtout la viande et le lait, sont des produits d’élasticité +venu très élevée, ce qui signifie que leur consommation augmente avec le revenu et l’urbanisation. En moyenne, la viande et ses produits dérivés ne représentent pas plus de 3,2 pour cent de la disponibilité énergétique alimentaire (DEA) en Afrique subsaharienne. Cependant, dans certains pays, la contribution de la viande à la DEA est bien plus élevée. Peu consommé, le lait ne fournit que 2,5 pour cent de la DEA, sauf parmi les populations pastorales où ce produit peut fournir plus de la moitié de l’apport énergétique total de la ration (voir au chapitre 7 la section sur la composition des régimes alimentaires africains). L’intérêt des protéines animales est beaucoup plus grand que ne le suggère leur quantité dans les rations. En effet, la consommation de protéines animales, même en petite quantité, améliore la qualité protéique d’un régime alimentaire basé sur les céréales et l’utilisation de toute la ration protéique par l’organisme. +En Afrique subsaharienne, les animaux contribuent aussi indirectement à la nutrition humaine. Le bétail est la première source du revenu liquide utilisé par les éleveurs pour l’achat de céréales alimentaires. Dans les populations d’agriculteurs sédentaires, le bétail améliore la viabilité économique et la durabilité des systèmes agro-alimentaires. La présence du bétail diversifie les options de production et de gestion, augmente la production et le revenu de l’exploitation, procure de l’emploi toute l’année et sert de garantie dans les périodes incertaines. Le bétail constitue souvent la réserve majeure de capital des ménages d’agriculteurs sédentaires et d’éleveurs nomades. +Les disponibilités de poisson +En Afrique, la terre ferme est la principale source de vivres en ce qui concerne les végétaux et les produits de l’élevage, mais les rivières, les lacs et les eaux littorales jouent également leur rôle dans l’approvisionnement alimentaire du continent en fournissant du poisson. Ce dernier et les autres produits de la pêche fournissent en moyenne 3,8 pour cent des protéines alimentaires totales de l’Afrique subsaharienne. La figure 18 montre la superficie de certaines étendues d’eau de l’Afrique continentale. Le tableau 17 donne le bilan alimentaire du poisson et des autres produits de la pêche des pays africains pour la période triennale 1988-1990. +La pêche joue un rôle important dans la production d’aliments, la création de revenus et l’offre d’emplois. Selon le Centre international d’aménagement des ressources bioaquatiques (ICLARM), le nombre de pêcheurs à plein temps en Afrique subsaharienne s’élève à environ 1,5 million. En outre, on dénombre plusieurs millions de pêcheurs à temps partiel. +L’aquaculture diffère de la pêche exactement comme l’agriculture diffère de la chasse et de la cueillette. L’impact potentiel de l’aquaculture sur la sécurité alimentaire des ménages est résumé au tableau 18. D’autres informations sur le rôle que peut jouer l’aquaculture dans l’amélioration de la situation nutritionnelle des ménages sont données au chapitre 5. +Il serait encore possible d’augmenter de beaucoup les captures de poisson dans les eaux continentales africaines, mais les pêcheurs sont si nombreux en divers endroits que souvent il ne leur est plus possible de gagner décemment leur vie en pêchant. Dans ces communautés, la pauvreté devient une cause majeure de détresse nutritionnelle. Le problème de la pêche s’aggrave encore du fait des chalutiers étrangers qui viennent concurrencer l’industrie halieutique nationale dans certaines eaux territoriales, sans aucun bénéfice pour les communautés locales ni pour l’économie nationale, ou si peu.